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Congo-Brazzaville Malentendus entre les deux Congos |
INGERENCE
La guerre qui se déroule en République démocratique du Congo
risque de
maintenir encore longtemps le climat de suspicion qui règne entre les deux
Congos.
Les médias de Brazzaville et Kinshasa mettent de l’huile sur le
feu
Des contacts au plus haut niveau se multiplient ces derniers temps entre les autorités du Congo Brazzaville et de la République démocratique du Congo. Mais l’espoir de voir les nuages se dissiper entre ces deux voisins s’envole à mesure que la guerre en RDC perdure. Le 6 septembre dernier par exemple, pendant que les deux chefs d’Etat Sassou Nguesso et Laurent Désiré Kabila se trouvaient au sommet du millénaire au siège de l’Onu à New York, la radio de Kinshasa annonçait que l’agitation éclatée la veille au camp militaire Tchatchi était l’œuvre de 1.500 mercenaires venus de Brazzaville.
Ce n’est pas la première fois que les médias de Kinshasa s’acharnent ainsi sur le voisin d’en face. En effet, depuis que les combats opposant les forces de Kabila aux rebelles de Jean-Pierre Bemba font rage dans la région de l’Equateur, au nord-ouest de la RDC, zone frontalière avec le Congo Brazzaville, cela devient courant d’entendre la presse kinoise accuser ouvertement les autorités de Brazza d’être les complices de la rébellion. Elle soupçonne le président Nguesso d’envoyer des mercenaires qui se battraient aux côtés des rebelles de Bemba.
Dans une interview, le ministre congolais (Brazzaville) de la Défense M. Lekoundzou Ithi Ossetoumba a souligné: «Nous n’avons pas de problème avec nos amis d’en face. Ils n’ont aucune preuve d’une quelconque complicité de notre part. On a entendu des bruits. Les gens ont dit que pendant qu’ils combattaient nous leur tirions dans le dos. Tout cela ne sont que des affabulations qui ne tiennent pas debout. On a même dit que les troupes de Jonas Savimbi étaient passées par Brazzaville pour aller combattre aux côtés des rebelles de Bemba. D’ou viendraient-ils? C’est incroyable!».
Psychose
Ces rumeurs sont surtout répandues au sein de la communauté zaïroise vivant à Brazzaville. Des journaux brazzavillois, friands de sensationnel à l’instar de leurs confrères kinois, n’ont pas échappé à la colère du ministre de la Communication M. François Ibovi, pour avoir repris des informations non fondées.
L’un d’eux, l’hebdomadaire L’Observateur, écrivait que «…Brazzaville, directement ou indirectement, joue un rôle important en tant que pays de transit dans la guerre en RDC. Ne serait-ce que par le positionnement géographique qui peut être utilisé par les rebelles de Bemba». Ce dernier, fils d’un ancien cacique du régime Mobutu, aurait à Brazzaville, toujours selon ce journal, des «réseaux qui recrutent des hommes, achètent des armes et les acheminent vers l’Equateur en remontant le fleuve Congo». Tout cela se ferait «en complicité avec certains officiers» du Congo-Brazza. Ces informations, qui ont provoqué une forte psychose au sein de la population brazzavilloise et kinoise, ont maintes fois été démenties par les autorités de Brazzaville.
Cela ne date pas d’aujourd’hui. Dans le passé, déjà, les deux pays se sont agressés par la voie des ondes, avec des accusations plus ou moins fondées. Ainsi, dans les années 60 et 70, des opposants armés au régime marxiste de Brazzaville sont venus de Kinshasa pour tenter de renverser par la force le régime en place. On sait également que, dans le passé, le Congo-Brazza a soutenu des mouvements armés pour mener la vie dure aux régimes capitalistes de leurs pays. Ce fut le cas du Zaïre, du Cameroun, de la Centrafrique…
Au début des années 70, le Zaïre, aujourd’hui la RDC, et le Congo-Brazza (République du Congo) ont failli arriver à la guerre, mais l’Organisation de l’unité africaine est intervenue par l’intermédiaire de son secrétaire général, le Guinéen Diallo Telli, pour faire échouer une éventuelle confrontation armée. Et pendant la guerre de 98-99, au Congo-Brazza, les autorités brazzavilloises ont soupçonné le régime de Kabila d’aider les rebelles Ninjas de Bernard Kolelas, qui combattaient les forces gouvernementales.
Pacte de non-agression
Depuis deux ans, les deux Congos sont conscients de certains risques de dérapages. Ainsi, les présidents Kabila et Nguesso ont-ils conclu, le 29 décembre 1998, un accord de non-agression qui, en son article 3, stipule: «Les parties s’engagent à empêcher que leurs territoires respectifs, leurs eaux territoriales et leur espace aérien servent de base d’agression de l’autre pays ou de déstabilisation de ses institutions. A cet effet, les parties s’obligent à interdire et empêcher la constitution et l’installation sur leurs territoires respectifs de forces irrégulières ou bandes armées ainsi que de mercenaires..., à procéder au démantèlement sur leurs territoires respectifs de dépôts d’armement, postes de repli, d’hébergement ou de transit de toutes forces armées hostiles à l’autre partie». Pour tenter de consolider l’application de ces accords, les chefs d’Etat de la sous-région ont aussi multiplié les contacts ces derniers temps. C’est le cas du minisommet tenu à Kinshasa le 27 octobre dernier entre Kabila, Sassou et Dos Santos. Tous ont promis d’aider Kabila dans la guerre.
Situation humanitaire précaire
En attendant la fin des combats en RDC, la vie économique sur le fleuve Congo et l’Oubangui est en danger. Le trafic des bateaux a été interrompu, ou se fait timidement avec tous les risques. On se souvient encore des bateaux arraisonnés par les militaires de Kabila. Ce fut le cas du bateau privé St François, bloqué par les soldats de la RDC dans la ville d’Imphondo, dans la région de la Likouala, au nord du pays, en mai dernier. Ce bateau avait à bord plusieurs dizaines de passagers. Des témoignages rapportent que le long de l’Oubangui on ne voit que des bateaux militaires transportant des troupes et du matériel de guerre.
Le problème crucial qui se pose maintenant est celui de l’alimentation de la nuée de réfugiés. Car la région de la Likouala, peuplée de quelque 130.000 habitants, compte actuellement plus de 100.000 réfugiés en provenance de la RDC, selon les autorités de la région. Parmi eux, il y a des rebelles et des militaires en débandade. Cette masse de réfugiés a du mal à se nourrir. Selon le HCR, la seule localité de Ndjoundou s’est transformée en un immense camp de réfugiés non organisés. «La situation humanitaire est précaire», souligne le représentant du HCR. «Il y a surpeuplement des villages. On note des cas sévères de malnutrition, de diarrhées et de choléra… occasionnant des décès».
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