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Libye Une culture raciste |
RACISME
Quand le président Kadhafi parle d’“Unité africaine” qu’a-t-il derrière la tête?
En 1996, j’ai séjourné pendant plus de six mois en Libye, dans différentes parties du pays. La Libye a la mauvaise réputation d’être impliquée dans des activités terroristes hors de ses frontières. En plus, ses citoyens, comme ceux des autres pays arabes du continent africain, acceptent mal les Africains vivant au sud du Sahara.
Des centaines de milliers de ressortissants du Nigeria, du Tchad, du Ghana et du Soudan, pour ne citer que quelques pays, se sont installés en Libye. Beaucoup d’entre eux ont dû s’expatrier à cause des situations politiques ou économiques dans leurs propres pays et ont décidés de vivre en Libye d’une façon permanente ou temporaire. Ils ont accepté des tâches ingrates que le Libyen moyen préfère éviter. Certains se servent de la Libye comme d’une route de transit pour passer illégalement dans d’autres pays. Ils se servent de faux documents, aidés en cela par des syndicats de contrebande, moyennant le payement à l’avance de 2.000 à 5.000 $US. Via Tripoli et Tunis, ils sont introduits clandestinement à Malte et transportés par avion dans différents pays d’Europe.
Xénophobie
Ceux qui restent en Libye pour y travailler, vivent dans des conditions très dures. Les Libyens appellent ces travailleurs: “Miskinis” (pauvres). J’ai même entendu certains Libyens se vanter devant un Soudanais noir qu’eux ne sont Africains que géographiquement, mais que, politiquement, ils appartiennent à la Ligue arabe. Vis-à-vis de leurs frères africains, ils ont un fort complexe de supériorité.
Les immigrants qui travaillent dans les villes telles que Sebha, Quatrone, Brache Benghazi et Tripoli, sont exploités et ne gagnent que 150 dinars par mois, un peu moins de 20 US$. Un Noir qui se promène tout seul, court le risque de se faire lapider par des enfants sous les yeux bienveillants de leurs parents. Il peut être attaqué et dévalisé en plein jour. La Libye est un pays qui traite les immigrants noirs en citoyens de second rang sans se soucier de leur niveau d’éducation ou de leur position dans le pays.
Les Libyens, eux, sont surveillés de très près. Kadhafi conduit le pays comme un domaine personnel. Les gens ne sont pas encouragés à voyager dans d’autres pays pour affaires ou études, sauf en Arabie saoudite pour le pèlerinage annuel. Le pays a un bas niveau d’éducation et un système archaïque de gouvernement. Il n’y a pas de système judiciaire crédible, ni de respect pour les visiteurs. A la moindre peccadille, vous recevez un ticket gratuit pour une des plus fameuses prisons de la Libye, appelée “Zanzoo”, où beaucoup d’immigrants sont emprisonnés sans aucune sorte de procès.
En 1996, quelques immigrants nigérians avaient formé une équipe locale de football pour se récréer. Des Libyens, fanatiques du foot, venaient nombreux chaque jour, regarder les talentueux joueurs faire montre de ce qu’ils pouvaient faire avec le ballon. Puis vint le jour fatidique. Quelques garçons arabes invitèrent l’équipe noire à un match amical, qui devint moins amical quand les immigrants battirent les Arabes. Entre les supporters de chaque côté il se développa alors une mêlée générale. Plusieurs immigrants furent tués dans le stade, d’autres furent arrêtés et emprisonnés. A ce jour, les autorités libyennes n’ont pas encore dit où se trouvent ceux qui ont été arrêtés, ni le nombre des tués.
En cette année 2000, de nouvelles violences ont éclaté en divers endroits entre Libyens et immigrants. Beaucoup parmi ces derniers ont été tués, d’autres rapatriés ou plutôt expulsés de la Libye. Tout montre que ces émeutes étaient dirigées contre les Noirs d’Afrique occidentale. La police libyenne et d’autres forces de sécurité étaient fortement impliquées dans les événements.
Le président Kadhafi peut berner les autres Africains avec son soi-disant projet d’Union des Etats africains, mais ses récentes déclarations prouvent qu’il est plus intéressé à propager la religion musulmane partout en Afrique, sous couvert de l’Unité africaine. Les Nigérians, surtout les chrétiens, sont convaincus que la Libye finance l’installation de la sharia dans beaucoup de régions du Nigeria, un pays aux ethnies et religions multiples. On rapporte aussi que la Libye cherche à créer une université islamique à Kano. Cela a été fortement critiqué par les Nigérians chrétiens, qui y voient un acte de subversion et de déstabilisation du pays.
Peu de réactions
La plupart des gouvernements africains se sont montrés peu concernés par ces violences commises contre leurs concitoyens en Libye. Certains pays ont même refusé de prendre des mesures pour sauver leurs citoyens. Le ministre nigérian de l’Intégration économique en Afrique, Dapo Sarumi, a été lourdement blâmé pour avoir déclaré que les déportés étaient surtout des criminels. Par contre, le président du Ghana, Jerry Rawlings, a été applaudi pour s’être rendu en Libye pour venir au secours de ses citoyens traumatisés. Cette visite personnelle de Rawlings a montré qu’il s’intéresse à ces concitoyens, par contraste avec certains leaders africains qui sont restés indifférents.
Et que dire de Kadhafi? Lors de sa première déclaration sur la crise, il condamna la violence et renouvela son dévouement à la cause de l’Unité africaine. Il rejeta la responsabilité de la crise sur les étrangers et les ennemis de l’Afrique, qui, dit-il, s’efforcent de diviser l’Afrique. Mais d’autres réclament que tout cela soit examiné sérieusement.
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