ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 405 - 01/02/2001

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Gabon
Le cinéma gabonais retrouve ses marques



CINEMA


Le cinéma gabonais vient de remporter le “Tanit d’or” avec le long-métrage “Dôlé”,
lors des 18e Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie).
Le Gabon brise ainsi son long silence pour retrouver ses marques

“Dôlé” est une fiction du Gabonais Léon Imunga Ivanga, qui traite de la vie d’une bande d’adolescents. Son succès survient depuis que le cinéma gabonais est bien encadré par des hommes de métier et que les jeunes acteurs et metteurs en scène retrouvent un environnement créatif. Ils ont des jours meilleurs devant eux, soucieux de redonner à leur pays la place qu’il occupait autrefois dans l’arène cinématographique.

Le directeur général du Centre national du cinéma (CENACI), Charles Mensah, a déclaré: «La mission du CENACI a pour but de promouvoir l’industrie cinématographique au Gabon. A ce titre, il élabore des textes d’orientation pour organiser la distribution et l’exploitation des œuvres cinématographiques. En ce qui concerne la production, il agit directement sur le terrain en qualité d’opérateur». Etablissement public sous la tutelle du ministère de la Communication, de la Poste et des Technologies de l’information, le CENACI a pour mission de promouvoir l’industrie cinématographique et audiovisuelle du Gabon. Il bénéficie en outre d’une inscription au budget de l’Etat.

«A une certaine période, le CENACI n’existait que sur le plan administratif et rien ne se faisait sur le plan de la production car la stratégie mise en place ne permettait pas de mobiliser les capitaux», reconnaît M. Mensah, qui ajoute: «Depuis quelques temps, même si nous n’avons pas toujours ce que nous demandons, l’Etat nous suit et tous les projets que nous avons pu mener à terme l’ont été avec son aide».

Le cinéma et son histoire

Explorateurs, ethnologues et cinéastes ont longtemps parcouru le Gabon sans voir les richesses naturelles que pouvait receler le pays. L’histoire des films tournés au Gabon pendant la période coloniale n’est pas longue à parcourir.

En 1936, Georges Manuel a tourné un film sur l’exploitation forestière, produit par le ministère de la France d’outre-mer, intitulé: “Gabon, royaume de la forêt”. Plus tard, après la guerre mondiale, trois autres films ont été enregistrés avec des enregistrements sonores de qualité. Et puis vint la période d’indépendance, avec le tournage d’un film en 16mm, en 1962. Une douzaine de films allaient suivre grâce à une nette impulsion du gouvernement.

Mais le coup d’envoi du cinéma gabonais, en 1960, est dû à Philippe Mory, un comédien gabonais formé en France et considéré comme le père du cinéma gabonais. Son premier scénario était “La Cage”, qu’il décida de tourner en créant sa propre société de production. “Les Tam-Tams se sont tus”, tourné en 1971, fut le premier long métrage gabonais écrit par Mory. «J’ai voulu exprimer la fin d’une certaine Afrique, celle des traditions, de la vie étroitement communautaire, de la religiosité (…). Je n’ai pas fait un film pour les intellectuels, mais pour le peuple de chez nous», explique-t-il. «Je pense modestement avoir aidé à la sensibilisation de mes jeunes compatriotes à la chose cinématographique et à la profession de cinéaste. Je ne sais pas si mon action a contribué à faire comprendre à mes frères qu’un Gabonais pouvait faire du cinéma, mais je suis heureux qu’ils en fassent».

La production relancée

Toutefois, pendant longtemps la production cinématographique du Gabon n’a pas eu de politique bien définie. Pour la relancer, on mis d’abord en place un programme de production s’articulant autour du film documentaire et de la fiction légère pour la télévision. Depuis trois ans, le CENACI est passé à la vitesse supérieure avec la production du téléfilm “Orega”, réalisé par Marcel Sandja; puis, du long métrage “Dôlé”, réalisé par Imunga Ivanga, primé en octobre 2000 à Carthage, après avoir obtenu le Grand Prix Spécial du Jury de la section Cannes Junior, édition 2000. «Vingt longs métrages et dix-huit courts métrages de douze pays arabes et africains étaient en compétition au festival de Carthage, où 180 films en provenance de 42 pays ont été projetés dans différentes sections du festival», souligne Adrien Anguilet Ndama, l’un des acteurs du célèbre feuilleton gabonais “l’Auberge du salut”.

Lors des Journées du cinéma africain de Ferney-Voltaire, organisées dans l’Ain, en France, par Evelyne Renard, présidente de l’association Malaïka, le long métrage “Dôlé” avait été également à l’affiche. Ces Journées consacrent la reconnaissance du cinéma africain par les professionnels. Cette manifestation se veut «un lieu convivial où les cinéphiles et les cinéastes se côtoient dans une ambiance que les participants affirment ne pas retrouver dans les festivals à gros budgets». Depuis quelques mois, certaines salles de cinéma ouvrent leurs portes aux films africains. «C’est un pari», remarquent de nombreux spécialistes qui considèrent que le cinéma africain a besoin de public.

Au prochain FESPACO , sera également présenté le tout dernier long métrage produit par le CENACI, “Les Couilles de l’Eléphant”, de Henri Joseph Koumba. «Ce long métrage en 35mm, dont le coût a approché les 800 millions de francs cfa, est terminé et il est actuellement en phase de post-production en Europe. Il sera disponible d’ici la fin de l’année et c’est Jean Claude Mpaka qui y tient le rôle principal. Habile acteur, il joue bien son rôle car il a l’habitude de la caméra», souligne Anguilet Ndama.

Les jeunes suivent-ils?

Oui, répond Mensah. «On dénombre des jeunes qui ont un bon “background” et qui sont intéressants, car on peut les orienter vers les carrières cinématographiques en les aidant à obtenir une bourse pour s’inscrire dans des grandes écoles de cinéma», précise le patron du CENACI. «D’autres par contre ont un profil intéressant, mais pour des raisons diverses (limite d’âge, etc.) nous avons du mal à leur obtenir une bourse. Ils se tournent alors vers nous et nous essayons de les intégrer dans nos équipes de tournage pour apprendre le métier sur le tas. Malheureusement, beaucoup de jeunes pensent que le cinéma est un métier facile. Et les trois-quarts n’ont pas les bases minimales scolaires requises. Ils ne peuvent évoluer en professionnels, et les portes du cinéma leurs sont fermées».

Les derniers films produits au Gabon et réalisés par le CENACI ont été l’œuvre de jeunes réalisateurs qui en sont à leurs premiers essais. En ce qui concerne les comédiens, il y a eu également un renouvellement des effectifs dans la mesure où, à chaque film produit par le CENACI, on a pu apprécier la prestation des acteurs de renom; mais à côté d’eux il y avait de nouveaux visages issus des castings organisés à chaque tournage pour lancer de nouveaux talents.

Regroupés en association, les cinéastes gabonais ont compris que l’union fait la force. Comme au Sénégal, au Niger, au Burkina Faso, ils ont perçu tout l’intérêt qu’ils auraient à se rencontrer et à échanger leurs expériences et à s’ouvrir vers l’extérieur.

Parmi les autres films produits ou co-produits par le CENACI on cite souvent: “Le singe fou”, de Henri Joseph Koumba (1986, court métrage, 16 mm); “Raphia”, de Dread Pol Mouketa (1987, court métrage, 16 mm, Tanit d’or du court métrage Carthage 88); “L’auberge du salut” (co-réalisation 1994/1996, vidéo, mention du ministère de la Coopération – FESPACO 1995); “Le grand blanc de Lambaréné” de Bassek Ba Kobhio (1994-1995, long métrage 35mm); “Les tirailleurs d’ailleurs” de Léon Imunga Ivanga (1996 - vidéo, 26 mn).


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