ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 405 - 01/02/2001

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Zambie
Des espoirs pour des élections libres et justes


ELECTIONS


Cette année, auront lieu les élections présidentielles et législatives.
Passeront-elles le test de la légitimité?

C’est en 1996 que la Zambie a tenu ses secondes élections présidentielles et législatives depuis le retour au multipartisme en 1990, mais leur légitimité a été contestée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Deux points surtout étaient mis en question: la clause de la citoyenneté présidentielle, si controversée dans la nouvelle Constitution — qui avait interdit à l’ancien président Kenneth Kaunda de se représenter aux élections parce que ses parents n’étaient pas nés en Zambie; et la liste des électeurs, préparée par Nikuv, une compagnie israélienne. En guise de protestation, le Dr Kaunda et son parti, le Parti national uni de l’indépendance (UNIP), boycottèrent les élections et brûlèrent en public leurs cartes d’électeurs reçues de Nikuv. Pour montrer leur mécontentement de ce qui se passait, certains donateurs étrangers ont retenu une partie de leur aide.

Cependant, plusieurs partis de l’opposition avaient décidé de participer aux élections, pensant que le retrait de l’UNIP serait pour eux une bénédiction inespérée. En vain! Le parti du président Frederick Chiluba, le Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) au pouvoir, obtint une majorité écrasante. L’UNIP perdit même son bastion dans la province occidentale en faveur du MMD, qui jusque là n’avait jamais pu pénétrer dans cette région. Le fait que certains partis de l’opposition avaient participé aux élections, donna à celles-ci un certain cachet de légitimité et les bailleurs de fonds reconnurent finalement le gouvernement de Chiluba comme dûment élu, oubliant la fameuse clause controversée sur la citoyenneté.

Boycotter ou ne pas boycotter?

La Zambie prépare maintenant les élections présidentielles et législatives, prévues en septembre prochain. Mais la façon de conduire les élections reste un problème non résolu, un point très important sur l’agenda des partis de l’opposition. L’an dernier, deux éminents meneurs de l’opposition, Nevers Mumba, de la Coalition nationale des citoyens (NCC), et Dean Mung’omba, de l’Alliance zambienne pour le progrès (ZAP), ont objecté qu’aucun parti de l’opposition ne peut gagner les élections avec le système électoral en vigueur. Les deux veulent se présenter pour la présidence. Mung’omba, déjà candidat aux présidentielles de 1996, a dit que le président de la Commission électorale de la Zambie (ECZ), le juge Bobby Bwalya, «est un arbitre qui ne comprend pas la démocratie et qui défendra toujours le mauvais côté». Il a cependant ajouté qu’il espérait que «les choses pourraient s’arranger avec le temps».

Nevers Mumba a prévenu que les partis d’opposition pourraient boycotter les élections, si le système électoral n’était pas modifié avant les élections. Et il a ajouté que les cinq principaux partis de l’opposition — son NCC, le Parti national uni pour le développement (UPND, mené par Anderson Mazoka), le Parti républicain (RP, de Ben Mwila), l’UNIP (sous la direction de Francis Nkhoma) et le ZAP, de Mung’omba —avaient commencé à examiner les possibilités de changements.

Il semble peu probable, toutefois, que les partis de l’opposition boycottent les élections; ils ne savent que trop, par expérience, que cela n’apporte rien. En 1996, cela n’avait qu’affaibli l’opposition et renforcé l’hégémonie du MMD. Ils prétendent que le gouvernement MMD se sert des registres des électeurs du Nikuv pour truquer les élections. Mais cette accusation se trouve affaiblie du fait que des partis de l’opposition, surtout l’UNIP et le UPND, ont gagné plusieurs élections parlementaires partielles basées sur ce même registre. Ce qui a incité le responsable du MMD pour l’information et la publicité, Vernon Mwaanga, à accuser l’opposition de duplicité. Quand ils perdent les élections, dit-il, ces partis crient haro sur le parti au pouvoir; mais quand ils les gagnent, ils se félicitent et ne parlent plus de trucage.

Partielles: résultats controversés

Le 26 septembre 2000, il y a eu des élections législatives dans huit circonscriptions. Elles étaient considérées comme le reflet de ce qui pourrait se passer lors des élections générales. Le MMD garda ses huit sièges au Parlement, non sans beaucoup de polémiques. A part le faible taux de participation, les partis de l’opposition vaincus ont contesté les résultats et se sont démenés pour digérer cette cuisante défaite. Ils ont prétendu qu’il y avait eu des fraudes, que les élections avaient été marquées par la corruption, l’achat des votes, l’intimidation et la violence. Ces sentiments étaient partagés par des organisations civiques, dont certaines chargées de veiller au bon déroulement des élections.

Les efforts de Chiluba

Comme d’habitude, on s’est attaqué à la caisse noire du président Chiluba. Bonnie Tembo, le directeur exécutif du groupe chargé de veiller au bon déroulement des élections, a condamné les donations présidentielles aux circonscriptions électorales, destinées selon lui à inviter les électeurs à voter pour les candidats MMD.

Menant campagne en faveur du candidat MMD dans la circonscription de Pemba, Chiluba avait promis des niveleuses pour la route Ndondi-Moyo. Il avait aussi promis de l’argent pour réhabiliter la clinique locale et la remise en état de cinq écoles de la région choisies au hasard. Tembo souligna qu’il n’y avait rien de mal à développer une région, bien sûr, mais que cela ne devrait pas se faire juste avant des élections.

Une autre élection partielle a eu lieu en octobre 2000, à Sikongo. Celle-ci fut gagnée par le UPND. Comme toujours, même avant que les résultats aient été publiés, l’opposition s’était plainte de fraudes commises par le MMD. Le ministre du Développement communautaire et du bien-être social, Dawson Lupunga, avait été accusé d’avoir intimidé les électeurs. Lors d’une réunion électorale, il aurait dit aux villageois de Tuuwa, dans le district de Kalabo, qu’il ne donnerait pas de moulin à maïs s’ils ne votaient pas pour le candidat MMD. Le moulin, déjà commandé, ne leur serait donné qu’à condition de voter pour le MMD et non pour l’opposition.

D’autres plaintes

Bien sûr, les partis de l’opposition se plaignent toujours de l’inégalité des moyens. Ils reprochent au MMD d’avoir toujours accès à l’électorat et aux médias nationaux, et de se servir des véhicules de l’Etat pour ses campagnes, alors que les partis de l’opposition n’ont pas de moyens de transport.

Une autre plainte concerne les fonctionnaires MMD des circonscriptions électorales de Luanshya et de Kalulushi, qui auraient fait venir des étrangers, surtout du Congo RDC, pour voter. Ces fonctionnaires auraient aidé ces étrangers à acquérir frauduleusement des cartes de nationalité zambienne, dont ils se seraient servis pour obtenir le certificat d’électeur. Evidemment, le MMD conteste ces allégations, disant que ce sont de pures inventions de l’opposition, qui cherche des boucs émissaires pour expliquer ses pauvres performances aux élections.

La commission électorale

La ECZ, qui est supposée être un organisme indépendant, a été très critiquée par les partis de l’opposition et aussi par quelques sections de la société civile. Lee Habasonda, coordinateur du Centre de l’Afrique australe pour les solutions constructives des différends (SACCORD), participant à une discussion sur le thème “Gérer la démocratie: des élections libres et justes sont-elles possibles en Zambie?”, a recommandé que la ECZ et d’autres institutions similaires soient dissoutes et remplacées par des organisations de surveillance plus efficaces. La ECZ, de son côté, fait tout ce qu’elle peut pour blanchir son image et entretenir de bonnes relations. En octobre 2000, le président de la ECZ, le juge Bobby Bwalya, a défendu son organisation. Tout en admettant que le système électoral zambien n’est pas parfait, mais il a cependant estimé son fonctionnement satisfaisant. Il dit que la ECZ s’était engagée dans un programme pour informer les partis de l’opposition, les organisations non gouvernementales, le grand public et les médias, de la façon dont elle opère. En vue de réduire les fraudes pendant les élections, la commission électorale tend aussi à introduire des règlements financiers pour les candidats et les partis politiques.

Les autres groupes de surveillance

Comme la préparation des élections de cette année s’intensifie, les questions concernant leur légitimité ont conduit à la création de plusieurs organismes de surveillance des élections. Parmi ceux-ci on compte: la Fondation pour le processus démocratique (FODEP), l’Equipe zambienne indépendante pour la surveillance (ZIMT), l’Organisation nationale pour l’éducation civique (NOCE), le Programme contre l’indifférence des électeurs (AVAP) et la Nouvelle coalition 2001. Un autre nouvel intervenant est l’Eglise, dont la voix est très influente dans les affaires nationales. Les trois assemblées les plus importantes, la Confrérie évangélique de la Zambie (EFZ), le Conseil chrétien de la Zambie (CCZ) et la Conférence épiscopale de la Zambie (ZEC), ont formé un groupe de surveillance pour les élections de septembre.

Tous ces efforts de la commission électorale, de la société civile, du gouvernement et de l’Eglise sont faits pour assurer des élections libres et justes. Il reste à voir si les élections présidentielles et législatives passeront effectivement l’épreuve de la légitimité.


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