ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 406 - 15/02/2001

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Congo RDC
Accompagnement psychologique à Kisangani



VIE SOCIALE


Une expérience inédite de Médecins sans frontières/Belgique en matière de santé mentale

Le professeur André Mavinga a effectué récemment un voyage en Belgique dans le cadre d’un programme de santé mentale, initié par Médecins sans frontières/Belgique (MSF/B ). En sa qualité de coordinateur de ce programme à Kisangani, il a participé à un séminaire où les participants, psychologues et médecins, ont procédé à l’évaluation de cette expérience après la guerre de six jours.

M. Mavinga a souligné la spécificité du programme, à savoir que les conseillers psychologiques descendent sur le terrain auprès des personnes traumatisées, victimes de la guerre, à la différence de ce qui se fait habituellement dans d’autres pays, où les victimes rejoignent les spécialistes dans les hôpitaux. Il a pu aussi discuter avec ses collègues des problèmes tels que les rapports entre victimes et psychologues, les entretiens collectifs et les soutiens du psychologue lui-même.

L’expérience de Kisangani

En quoi consiste cette expérience? L’origine du programme remonte à la guerre qui a meurtri la ville du 5 au 10 juin 2000, opposant les troupes d’occupation du Rwanda et de l’Ouganda. Après cette guerre, des responsables de MSF/B ont organisé une formation de quatre jours à l’intention des médecins, psychologues et sociologues de Kisangani en rapport avec la traumatologie.

On a ensuite constitué une équipe d’intervenants, visant à sortir du désarroi la population de Kisangani, traumatisée et déprimée, ayant perdu le goût de la vie. Leur mission était d’aider les habitants à revenir à la vie normale et à leur redonner confiance. Il fallait aussi leur donner de nouveaux buts, les aider à exprimer ce qu’ils avaient vécu, leur donner un soutien psychologique, aider les blessés à surmonter le choc et les orienter.

Notons que le travail de ces intervenants est sous-tendu par le principe africain d’assister la personne éprouvée par une présence bienveillante, lui apportant encouragement et consolation.

L’action sur le terrain se répartit en différents volets: les familles, le secteur scolaire et les sites des déplacés. Se constituant en une cellule de trois personnes (un superviseur et deux encadreurs), les intervenants vont rencontrer les familles, victimes de décès ou de blessures, ou dont les maisons ont été fortement endommagées, et essayent de leur apporter une aide psychologique. Dans les écoles, ils sont confrontés aux problèmes des élèves traumatisés à l’extrême, souffrant d’une phobie de la guerre. Ils vont aussi dans les sites des déplacés — dans des camps militaires ou dans des édifices des services publics — où ces derniers vivent dans des conditions déplorables.

Partout, dans un premier temps, le travail a consisté en un entretien libre avec les traumatisés et en une prise en charge sous forme de conseils. Les équipes posent aussi des gestes symboliques, en leur apportant une trousse avec du savon, des biscuits et des fournitures scolaires. De plus, on distribue des médicaments dans les centres de santé des quartiers et dans les hôpitaux.

Par la suite, partant des fiches de consultation, il est prévu de suivre les traumatisés trimestriellement. Selon leurs plaintes physiques et psychologiques, il y a lieu de détecter les maladies les plus fréquentes liées aux traumatismes de guerre, telles que insomnies, gastrites, hypertensions, difficultés de concentration, hallucinations, troubles sexuels, avortements spontanés, etc. Des conseils leur sont donnés et, avec les victimes, on cherche des solutions pendant plusieurs séances jusqu’à ce qu’elles parviennent à évoluer seules.

Médecins sans frontières est une ONG qui a pour mission de faire face aux situations catastrophiques liées à la guerre et aux épidémies, de gérer les urgences physiques et psychologiques, et de porter assistance aux personnes en détresse dans un but purement humanitaire. Alors qu’au départ ses activités étaient purement de type médical, actuellement cette ONG embrasse également le volet des urgences psychologiques, car la guerre s’accompagne d’un état de détresse profonde des populations. Dans le monde, plusieurs programmes de santé mentale ont été élaborés, comme au Rwanda après le génocide, en Turquie, en Angola et aujourd’hui à l’est de la RDC, suite aux guerres dites de libération. Au Congo, MSF/B a des missions à Kinshasa, à Goma, à Basankusu et surtout à Kisangani, l’unique ville où le programme de santé est opérationnel.


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