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Malawi |
ENFANTS
Des ONG et d’autres organisations ont lancé un avertissement:
des enfants
sont en danger au Malawi
Abuser des enfants est une forme de violence et est une violation de leurs droits. Cela comprend les abus sexuels, physiques et émotifs, ainsi que le travail des enfants. C’est un problème majeur au Malawi, reconnu comme tel par le gouvernement, les organisations internationales et les communautés locales.
L’exploitation des enfants
L’exploitation des enfants au Malawi ne date pas de hier. Mais jusqu’en 1994 le climat politique n’était pas prêt pour une discussion ouverte sur des sujets de ce genre. N’oublions pas que, de 1964 à 1994, le Malawi était un pays à parti unique, le MCP (Parti du congrès du Malawi), sous la présidence du défunt Hastings Kamuzu Banda. Pendant ces années, prévalait la loi du silence. Les problèmes d’importance nationale, tel que la pauvreté, n’étaient jamais discutés, encore moins celui de l’abus des enfants.
En octobre 2000, à la demande d’un groupe de travail ad hoc, le Dr Chrissie P. N. Kaponda, une spécialiste des relations parents-enfants, fit une étude titrée: «Child Abuse in Malawi – a Situational Analysis». Elle constate que l’exploitation des enfants est un très gros problème et un réel défi. Le but de cette analyse était de: décrire la situation désespérée des enfants abusés; préciser l’ampleur des abus, surtout sur le plan sexuel, et en examiner le contexte social, légal et culturel, pour en définir des priorités en ce domaine; et finalement, présenter de façon détaillée un programme pour s’attaquer au problème. Elle souligne différentes façons d’abuser des enfants: maltraitance, prostitution, exploitation sexuelle et dans le travail. L’abandon des bébés est dénoncé comme une situation de plus en plus fréquente.
L’étude a constaté que la prostitution des enfants est une forme d’abus sexuel assez commune parmi les filles entre 13 et 18 ans. Dans les grandes cités de Blantyre, Lilongwe et Mzuzu, la nuit, les filles traînent dans les parages des hôtels, des auberges et des motels à la recherche d’un client. Selon une enquête sur les enfants des rues, menée à Lilongwe par le ministère des Femmes, de la Jeunesse et des Services sociaux, la prostitution est un problème majeur affectant 8,4% des 400 enfants des rues contactés.
L’étude du Dr Kaponda révèle aussi le grand nombre d’enfants grandissant dans un environnement à grands risques, malgré les efforts faits par le gouvernement et des ONG pour améliorer leurs vies. Ceci inclut un haut degré de maladies contagieuses et le danger d’infection par le VIH/SIDA, de pauvreté et de malnutrition. On estime à 14% (dont une grande partie sont des enfants) le degré de prévalence du VIH dans le groupe des 15-49 ans. Au Malawi, il y aurait un million d’orphelins et 25% des enfants auraient perdu un de leurs parents ou les deux.
Le travail des enfants
L’hebdomadaire Chronicle a publié, le 6 novembre 2000, un article repris de la Pan-African News Agency, selon lequel les deux industries qui font rentrer le plus de devises étrangères au Malawi — le tabac et le thé — risquent des sanctions commerciales internationales, parce qu’elles emploient des enfants dans leurs immenses champs, malgré la protestation des syndicats. Selon le rapport de PANA, qui cite l’Organisation internationale du travail (OIT ) et le Congrès des syndicats du Malawi (MCTU), ces deux industries violent la Déclaration des Nations unies sur le droit des enfants.
Selon le MCTU, «Au Malawi, le taux d’enfants au travail est un des plus hauts au monde. Ses deux grandes industries, le tabac et le thé, exploitent massivement des enfants». Dans une étude faite en collaboration avec l’OIT pour montrer l’ampleur du problème, MCTU arrive à la conclusion que le problème du travail des enfants dans le principal secteur agricole du pays est énorme. La plupart des enfants travaillant dans ces immenses champs sont très exploités et forcés de travailler dans des conditions révoltantes et pendant de longues heures.
L’origine de ce problème, selon Sophie Chitenje, membre du Comité du MCTU pour le travail des enfants, est à rechercher dans la pauvreté chronique de beaucoup de ménages. C’est pourquoi le MCTU recommande que le Malawi promulgue des lois qui défendent de faire travailler toute personne de moins de 16 ans. Le gouvernement est conscient de l’ampleur du problème du travail des enfants. La convention des Nations unies interdit l’emploi des enfants de moins de 18 ans.
En réponse à l’article du Chronicle (qui avait aussi paru dans le journal Business Telegraph), l’Association du thé du Malawi a publié, le 8 novembre, un communiqué de presse sur la question. Elle affirme: «De telles allégations, calomnieuses, injustifiées et sans fondement, peuvent faire un tort immense à l’industrie et à l’économie du Malawi». Elle exhorte les journalistes veulant faire une enquête sur les problèmes techniques du travail, à consulter sérieusement les industries concernées et à écouter leur point de vue, avant de se précipiter pour publier des articles inexacts et préjudiciables, qui ne font que montrer l’ignorance ou la malice de leurs auteurs!
Selon l’étude du Dr Chrissie Kaponda, les abus commis sur les enfants ont de multiples conséquences: malnutrition, promiscuité, constitution fragile, troubles mentaux, stress émotif, dépression, perte de poids, fugues, suicide, mort précoce...
Comment aider?
D’après les conclusions du Dr Kaponda, il y a un manque d’aide institutionnelle pour ces enfants. L’étude montre que les enfants qui ont été sexuellement abusés reçoivent très rarement des soins d’ensemble. Dans les communautés, presque rien ne se fait pour réduire l’anxiété ou pour expliquer aux enfants ce qui leur arrive. Dans les bureaux de police, les victimes sont traitées sans beaucoup se soucier de leurs sentiments intimes ou du traumatisme par lequel ils sont passés. La même chose vaut aussi pour les soins hospitaliers donnés aux victimes.
L’étude fait encore remarquer qu’aucune sanction n’est prise contre ceux qui ont abusé d’un enfant, surtout si le père ou d’autres membres de la famille sont en cause. Le système légal et juridique prend beaucoup trop de temps pour poursuivre la personne qui a maltraité sexuellement un enfant. Le Malawi n’a pas de politique spécifique pour s’occuper des fauteurs d’abus sexuels sur un enfant, ni même pour aider à améliorer la qualité de vie des enfants.
Le résultat de l’étude incitera-t-elle le gouvernement à prendre des mesures? Espérons-le, pour le plus grand bien des enfants.
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