ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 407 - 01/03/2001

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Soudan
Après les élections: la guerre ou la paix?


GUERRE CIVILE


Le Soudan reste toujours aussi divisé
et la dernière campagne électorale n’a pas contribué à améliorer la situation

Après sa victoire aux élections présidentielles, le président en exercice, Omar Hassan Ahmed el Béchir, a rencontré des dirigeants politiques du Sud-Soudan dans les locaux du parti au pouvoir, le Parti du congrès national (NCP). Selon le Khartoum Monitor (le seul journal en anglais du Soudan) du 3 janvier 2001, le président a dit: «Ceux qui restent dans le sud pour prendre les armes sont les agents des ennemis du Soudan». Mais il fit l’éloge de ceux qui étaient venus à Khartoum, disant qu’ils sont «des patriotes qui aiment la paix». Et d’ajouter: «Il est de votre devoir de convaincre ceux qui ont pris les armes de revenir dans les villes et de s’unir au gouvernement pour développer le pays. S’ils ne veulent pas vous écouter, nous recruterons des combattants et nous les affronterons militairement». Le secrétaire général du NCP, le professeur Ibrahim Ahmed Omar, commente: «Ceux qui ont dit que les élections n’étaient qu’une perte de temps, se sont trompés vu le succès qu’elles ont eu».

Controverses électorales

Pourtant, un vétéran de l’opposition du Sud-Soudan, membre du parti du Front des forces démocratiques (DFF), le Dr Toby Maduot, affirme: «Le processus électoral a été vicié dès le début. Rien ne sert de prétendre que les élections ont été libres et correctes. Quand le président Béchir annonça les élections présidentielles et législatives, il avait promis qu’elles seraient ouvertes et démocratiques. Nous pensions donc qu’il formerait d’abord un gouvernement de transition avec la participation de toutes les forces politiques du pays, avant la tenue des élections. Mais à notre surprise, il a décrété la tenue des élections avant même d’avoir obtenu des partis de l’opposition un consensus sur les problèmes litigieux. Même la guerre qui fait rage dans le pays ne l’a pas fait revenir sur sa décision».

D’où viennent les divisions?

Le Dr Maduot énumère quatre problèmes qui divisent la population soudanaise: les disparités socio-économiques, les divergences d’opinion sur le gouvernement, la crise d’identité et le problème de la religion.

«Si nous parvenons à résoudre ces quatre problèmes, rien ne nous empêcherait de vivre en unité et diversité», affirme-t-il. «Mais actuellement il n’y a aucune liberté de religion, car la religion n’est pas séparée de l’Etat. Les chrétiens ne sont pas libres de pratiquer leur religion, parce que le gouvernement s’est engagé à faire de l’islam une religion d’Etat. Tous ceux qui sont au pouvoir, surtout au gouvernement central, sont des musulmans intransigeants. Les chefs de cabinet, les gestionnaires des institutions et des organisations parastatales dans le pays sont tous musulmans. L’éducation, la santé, l’environnement et la planification économique, sont entre les mains de gens du nord. Bien qu’il y ait de nombreux chrétiens dans le pays, tous ceux qui travaillent au département des affaires religieuses sont musulmans».

Et le Dr Maduot de continuer: «Nous devons tous accepter que nous sommes en état de guerre, et que nous devons travailler à mettre fin à ces luttes fratricides. Nous comptons à ce jour quelque 2 millions de morts et 4,5 millions de personnes déplacées, soit un cinquième des déplacés dans le monde, selon les chiffres des Nations unies». Il ajoute que les remarques faites par le président, immédiatement après les élections, montrent qu’il a l’intention de mettre fin à la crise par des moyens militaires, ce qui est malheureux. «Je crois que c’est l’argent du pétrole qui a fait prendre au gouvernement musulman-arabe la décision de rompre le dialogue avec le Mouvement populaire pour la libération du Soudan (SPLM)».

Il faut noter qu’une des raisons pour lesquelles Taban Deng Gai a de nouveau rejoint la brousse, est précisément le fait que le président veut mettre fin à la guerre civile par des moyens militaires. (Ndlr - Taban Deng est un des officiers du Dr Macar, le leader du Front démocratique populaire du Soudan et un des signataires du traité de paix de Khartoum, signé en 1997). Le 9 décembre 2000, Deng a démissionné de sa position de ministre d’Etat au ministère fédéral des Routes et des Communications, juste avant les élections. Il est retourné chez lui dans l’Etat du Haut-Nil, sous prétexte de faire sa campagne électorale. Il a donné plusieurs raisons de sa démission. D’abord, le manque de sérieux de la part du gouvernement dans ses initiatives de paix et de réconciliation. (C’est certain, le gouvernement se sert de l’initiative pour la paix de l’Autorité intergouvernementale pour le développement — IGAD — pour gagner du temps et préparer son option militaire). Ensuite, le fait que le gouvernement ait choisi l’option militaire, se servant des revenus du pétrole pour la financer, plutôt qu’une résolution pacifique du conflit.


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