ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 407 - 01/03/2001

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Sierra Leone
De guerrier à messager de paix


PERSONNALITES


Johnny Paul Koroma, Lieut.-col. à la retraite, a longtemps combattu,
mais ces jours-ci, dans un pays déchiré par la guerre, il brandit le rameau de la paix.

Le père de Johnny Paul a participé à la campagne de Birmanie, pendant la deuxième guerre mondiale, comme simple soldat dans la force coloniale de la Sierra Leone. Sa mère, Rebecca Beikai Koroma, eut quatre enfants, dont Johnny Paul est l’avant-dernier.

Né en 1960 dans le nord-est de la Sierra Leone, il étudie dans des écoles catholiques de Freetown -– l’école primaire St. Anthony et l’école secondaire de St. Edward. En 1985, il s’engage dans l’armée et, après avoir complété sa formation de base, il suit un cours de formation supérieure. En 1987, il est envoyé comme élève officier à l’Académie militaire de Sandhurst, en Angleterre.

En 1989, il revient en Sierra Leone et est promu commandant de section, puis commandant de compagnie. Il va de promotion en promotion et est affecté à plusieurs unités: adjudant-major du 1er bataillon, puis du 7ième bataillon; officier commandant les chars d’assaut et les unités de blindés; chef d’escadron commandant du 7ième et du 22ième bataillon. En 1994, il a la chance de pouvoir entrer au collège militaire de Teshi, au Ghana, pour y suivre des cours de commandant et d’état-major.

Chef d’Etat

A ce moment, la Sierra Leone est en pleine guerre civile. En 1996, Johnny Paul Koroma est impliqué dans une tentative de renversement du gouvernement du président Ahmad Tejan Kabbah. Arrêté, il est poursuivi en justice et condamné. Le 27 mai 1997, alors qu’il avait interjeté appel, des officiers subalternes prennent d’assaut la prison à haute surveillance, située à la rue Pademba, et libèrent Johnny Paul. Le même jour, à 19 h, il est nommé chef d’Etat et président du Conseil dirigeant les forces armées (AFRC). Pour la première fois en 7 ans, le Front uni révolutionnaire (RUF) des rebelles est invité à faire partie d’un gouvernement d’unité nationale.

Mais la communauté internationale, de plus en plus soucieuse de ce qui se passe au Sierra Leone, impose des sanctions. Johnny Paul a-t-il regretté les décisions qu’il avait prises? Il dit «Non. J’étais convaincu que, pour mettre fin à la guerre civile, il fallait sortir le RUF de la brousse. Il n’était que trop apparent que des militaires haut-gradés et certains politiciens se servaient de la guerre pour leur avantage personnel».

Johnny Paul Koroma s’accroche au gouvernement, pourtant branlant la plupart du temps, du 27 mai 1997 au 12 février 1998. Finalement, le 12 février 1998, il est évincé du pouvoir par les forces africaines d’intervention (ECOMOG). Les troupes qui lui étaient encore loyales s’enfuient avec lui dans la brousse. C’est là que Johnny Paul et sa famille furent arrêtés par le fameux Sam Bockarie, surnommé aussi “Mosquito”, commandant des forces du RUF. Koroma s’en souvient: «C’était un temps terrible, mais je n’étais pas surpris. J’étais convaincu qu’un jour je serais libre».

Président de la Commission
pour la consolidation de la paix

En juillet 1999, le gouvernement et les factions rebelles signent un accord de paix, à Lomé, au Togo, et tous ceux qui s’étaient rebellés contre le gouvernement furent amnistiés. Johnny Paul revient à Freetownw le 3 octobre de la même année et est nommé président de la Commission pour la consolidation de la paix (CCP).

Ceux qui connaissent Johnny Paul Koroma, ont remarqué que ses ambitions ont un tantinet changé. Quand on lui demande s’il aime son nouveau travail, il répond: «C’est intéressant, mais le gouvernement actuel ne m’aide pas beaucoup». D’homme d’armes qu’il était, il est devenu messager de paix, s’efforçant de réunir tout le monde autour de la même table, et de raviver l’espoir et l’harmonie dans une société déchirée par tant d’années de guerre civile.

Johnny Paul suit maintenant des cours de théologie au collège de la Foi biblique, à Freetown. A la question s’il a l’intention de devenir plus tard un dirigeant religieux, il répond: «Tout dirigeant ne devrait pas être simplement un dirigeant physique, mais également un dirigeant spirituel. Et la seule façon de devenir un dirigeant spirituel est d’étudier la Parole de Dieu». A-t-il des ambitions politiques? Il préfère ne pas en discuter.

Johnny Paul Koroma est un “born-again christian” (chrétien rené). Il est marié et a cinq enfants: deux garçons et trois filles. Il aime lire, faire du sport et du jogging, et jouer au squash. Dans les cercles militaires et ailleurs, il est très estimé pour son courage. On se souvient encore qu’en 1994, alors que les rebelles du RUF n’étaient plus qu’à 30 kms de Freetown, il prit la tête d’un contingent de soldats pour les repousser.

Le 7 mai 2000, les rebelles avancèrent de nouveau sur Freetown, après avoir capturé 300 soldats de l’ONU avec leurs chars d’assaut et leurs munitions. Tout le pays était au désespoir et l’armée régulière incapable de faire face à la situation. Johnny mobilisa les soldats restés fidèles à la junte AFRC évincée du pouvoir, et intercepta les rebelles RUF à 60 kms de la ville.

«Un homme qui reste calme et ne s’énerve pas quand il est sous pression, ferme dans ses décisions, parlant doucement, mais qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense»: c’est ainsi que ceux qui le connaissent décrivent Johnny Paul Koroma.


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