ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 407 - 01/03/2001

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Madagascar
40% des dettes extérieures effacés


ECONOMIE


La “Grande-Ile” bénéficiera d’un allègement de sa dette d’une valeur de $1,5 milliard

Madagascar vient de bénéficier de l’initiative de l’allégement des dettes des Pays pauvres très endettés (PPTE ) à partir de cette année 2001. Et ce pour une valeur de 1,5 milliard US$, soit près de $62 millions par an, sur les $4,358 milliards de dettes extérieures de la Grande-Ile. La somme économisée profitera aux secteurs sociaux.

Le conseil d’administration de la Banque mondiale et celui du Fonds monétaire international, réunis vers la fin de l’année dernière, ont approuvé de faire bénéficier Madagascar de l’initiative PPTE . En effet, d’après les représentants des deux organismes, Hafez Ghanem et Gregory Dahl, Madagascar réunit tous les critères d’éligibilité à cette initiative. Elle figure sur la liste des pays les plus pauvres du monde et est de surcroît très endettée.

Selon les institutions de Bretton Woods, elle a des bonnes performances économiques: l’inflation est maîtrisée, la croissance économique est en bonne voie. Ils reconnaissent cependant que cette croissance ne se traduit pas encore sur le vécu quotidien de la population. Sur le terrain, beaucoup reste à faire, car la grande majorité de la population vit encore en dessous du seuil de la pauvreté. Toutefois, si le taux de croissance économique actuel de 4 à 5% par an continue, le revenu par tête sera doublé d’ici une vingtaine d’années et les Malgaches pourraient prétendre à un niveau de vie équivalent à celui qu’ils avaient dans les années 60. Vingt ans, c’est loin, mais c’est mieux que rien...

En 1999, le quart du contenu des caisses de l’Etat était destiné au service de la dette. Grâce à l’initiative PPTE , cette charge va tomber à 10% en 2004 et à 6% entre 2010 et 2019. Aussi, entre ces deux périodes, le pays économisera une enveloppe de $62 millions par an du service de la dette, qui seront affectés aux secteurs sociaux, c’est à dire l’éducation, la santé, les infrastructures rurales. Ces ressources seront versées dans le budget général de l’Etat, ce qui n’est pas le cas de tous les pays.

Modalités

Tout allégement de la dette doit avoir un impact direct sur la régression de la pauvreté, d’après le FMI; d’où cette affectation des fonds. Mais la bonne gouvernance et la transparence pèsent également dans la décision des institutions de Bretton Woods.

Le point d’achèvement sera décidé d’ici un an, selon les administrateurs. Pour y arriver, il faut que Madagascar continue le processus de privatisation et de libéralisation, sa stabilité économique et la lutte contre la pauvreté. Le processus participatif, dans le cadre de l’élaboration du document de stratégie nationale de la réduction de la pauvreté, est vivement encouragé par le FMI. Le premier projet de ce document a été jugé satisfaisant et on attend actuellement le texte final.

Malgré les fonds considérables octroyés au pays depuis de nombreuses années, Madagascar demeure au dernier rang des pays les plus pauvres du monde. Pour le moment, 7 Malgaches sur 10 vivent en dessous du seuil de la pauvreté. D’après l’évaluation d’un organisme indépendant, les principales raisons de cet échec résident dans le poids des dettes qui est insoutenable. De plus, le programme d’intervention des bailleurs de fonds ne s’adresse pas aux problèmes de pauvreté.

Partant de ce constat, le FMI a changé de stratégie. Pour Madagascar la contribution du FMI, depuis 1987, s’élève à 81 millions de DTS (droits de tirages spéciaux), auxquels on a ajouté 24,4 millions de DTS.

L’initiative PPTE

La grande majorité des pays qui ont bénéficié de cette initiative se trouvent en Afrique sub-saharienne: Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée-Bissau, Guyane, Honduras, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Sao Tome et Principe, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Zambie. Le total de la dette effacée est évaluée à plus de US$ 32 milliards, soit près de 47% des dettes de ces pays.

L’initiative PPTE a été lancée par la Banque mondiale et le FMI en 1996, comme un premier effort pour éliminer la dette des pays les plus pauvres et les plus lourdement endettés. En octobre 1999, la communauté internationale a consenti à étendre l’initiative en augmentant le nombre de pays éligibles, mais aussi en haussant le montant de l’allègement et en accélérant le processus.

Deux phases sont nécessaires aux pays éligibles pour pouvoir bénéficier de l’allégement des dettes. En premier lieu, le pays débiteur devra démontrer sa capacité d’utiliser à bon escient l’aide accordée, en présentant des résultats positifs pendant au moins trois ans, et sous ajustement structurel. Ensuite, après décision d’éligibilité, le pays doit mettre en œuvre une stratégie de réduction de pauvreté véritable. Cette dernière doit être préparée avec une large participation de la société civile et a pour principal but la croissance économique. Madagascar se trouve actuellement dans cette phase.

Pendant cette étape, le FMI et l’Association internationale de développement (IDA) accordent un soulagement passager, à condition que le pays poursuive ses efforts économiques, sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale, dans le cadre d’un programme d’ajustement structurel. En plus, on attend l’aval des créanciers du Club de Paris et des autres créanciers bilatéraux.

A la fin de la deuxième étape, le FMI et l’IDA fourniront le reste de l’allégement des dettes, tandis que les créanciers de Club de Paris entreront dans une opération de réévaluation de dette avec le pays impliqué. D’autres créanciers multilatéraux et bilatéraux sont appelés à contribuer à l’allégement des dettes selon des termes comparables.


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