ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 408 - 15/03/2001

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Gabon
Logement et exode rural


VIE SOCIALE


Les disparités économiques entre les centres urbains
—où vit la majorité de la population du Gabon —
et le monde rural, ont contraint les jeunes et les vieux à s’exiler en ville
où le déficit en logement social pousse les agences immobilières
et les propriétaires immobiliers à la surenchère

La répartition spatiale de la population est très inégale dans le pays. Cette mauvaise répartition pose de véritables problèmes de développement et nécessite la mise en œuvre d’une véritable politique d’aménagement du territoire. Plus de la moitié de la population du pays vit à Libreville, la capitale, qui accuse aujourd’hui un déficit de 110.000 logements pour 400.000 habitants.

Pour combler ce déficit en logements, une étude réalisée par le ministère de l’Habitat et confirmée par la mairie de Libreville, a révélé que plus de 100.000 logements manquent à la capitale. L’absence d’un plan d’urbanisation a conduit certains particuliers à construire des maisons sur des terrains abandonnés ou détournés par des privés. Les Gabonais ont pris l’habitude d’occuper illégalement les terrains nus et d’attendre que l’Etat leur demande de déguerpir, moyennant un dédommagement symbolique.

«Le budget disponible de 200 millions de francs CFA doit couvrir la construction de 350 villas», a révélé le directeur général de l’Habitat, Vincent Ntoutoume Emane. Pour accéder à la propriété privée, les particuliers essayent d’obtenir des crédits, mais ils se heurtent à la rigidité du système bancaire local. «Pour contourner la difficulté, le chef de l’Etat Omar Bongo, avec le concours financier de l’Agence française de développement, a mis en place un mécanisme destiné à assouplir les conditions d’octroi des crédits immobiliers et à refinancer l’habitat social», a souligné l’administrateur général du Compte de refinancement de l’habitat du Gabon, Chil Mbika-Mbonguila.

L’attribution des logements est arbitraire

Le plus grand nombre de Gabonais est jusqu’à présent exclu de l’accession à la propriété du fait du dysfonctionnement des mécanismes locaux de financement du logement. Récemment, pour faciliter l’accès au logement pour tous, le gouvernement a supprimé l’apport personnel de 10% exigé pour le déblocage du crédit sollicité par les particuliers dans le cadre de l’auto-construction. Le gouvernement gabonais, avec l’appui des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, a mis l’accent sur la construction de logements sociaux, qui sont toutefois difficilement accessibles au plus grand nombre. Pourtant, le Gabon consacre des sommes élevées aux secteurs sociaux, mais celles-ci n’ont pas permis d’atteindre les résultats escomptés.

Paradoxalement, ce sont les couches de la population les plus aisées qui bénéficient de ces logements sociaux. Certaines hautes personnalités en achètent même plusieurs pour les louer ensuite, privant ainsi les nécessiteux d’accéder à la propriété, comme les programmes le définissent. «Le droit au logement pour tous n’est qu’un slogan creux, car généralement avant qu’un bâtiment ou un ensemble d’édifices ne sorte de terre, tout est déjà attribué à de hautes personnalités», se plaint Mme Marie Angoué, mère de famille. Bien que des efforts importants aient été réalisés pour favoriser l’accès à la propriété, il demeure un déficit en logements à combler.

Mais le coût élevé des matériaux de construction inhibe l’engouement de certains Gabonais à devenir propriétaire, malgré les mesures à caractère social que prend l’Etat. D’autre part, l’attribution des logements ou des parcelles ne reposant pas toujours sur des critères équitables pour tous, la plupart des habitants de la capitale sont locataires de leur logement. Aujourd’hui, le coût d’une parcelle et d’un logement élémentaire s’élève à environ 19 millions de FCFA et les ayants droit doivent justifier d’un salaire mensuel de 750.000 FCFA.

Les agences font de la surenchère

Aujourd’hui, le logement privé est certainement la formule la moins économique et la plus difficile d’accès. Les agences immobilières en profitent pour geler les logements vacants pour les attribuer aux plus offrants et en particulier à ceux qui offrent le plus de garantie financière. Les agences proposent le plus petit studio à 200.000 FCFA et une chambre particulière à 120.000. La spéculation aidant, on trouve des appartements de deux chambres entre 250.000 et 400.000 FCFA, suivant la localisation et le confort. Il arrive souvent que les candidats au logement se désistent pour des raisons financières. Le gouvernement cherche en vain à regrouper des fonds qu’il affecterait à l’entretien de certains logements publics. Malgré les 20 milliards de FCFA déjà alloués au pays par l’Agence française de développement, le problème de l’amélioration et du droit au logement reste entier.

Devant les affiches collées aux murs des grands édifices publics, les attroupements de personnes à la recherche d’un logement traduisent l’ampleur des maux que vivent les populations de la capitale. Ces attroupements sont devenus familiers dans un contexte de crise économique et de surpopulation. Car trouver un logement en ville est un véritable parcours de combattant. L’exode vers les grandes villes des populations des provinces et rurales en quête de mieux être et d’un emploi, a favorisé le chômage urbain et amplifié le déficit en logements à tel point que les familles s’entassent dans des maisons déjà exiguës.

«Le gouvernement doit avant tout permettre aux familles en situation d’exclusion et confrontées aux difficultés sociales, d’être logées dans des conditions décentes afin de leur permettre de sortir de la situation d’échec qu’elles subissent depuis des années», estime un syndicaliste.


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