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Congo RDC |
VIE SOCIALE
Le commerce national trahit une économie toujours sous perfusion politicienne
L’économie congolaise a ceci de constant: que la moindre agitation socio-politique la rend davantage souffreteuse, sous l’influence des perturbations des cours de change, de la hausse des prix des denrées et du dérèglement du système des transports en commun. Les lendemains des fêtes du nouvel an 2001 n’ont pas été tendres, particulièrement pour les habitants de Kinshasa qui ont vu le tarif des marchandises doubler. Ici, cette période annuelle est baptisée “le 13e mois”...
La nouvelle du décès du chef de l’Etat a entraîné les commerçants et autres petits vendeurs dans leur légendaire ascension des prix. Cette pratique habituelle se présente de plus en plus comme un pouvoir discrétionnaire dont ils seraient les indétrônables détenteurs. Tout cela au grand mépris, et paradoxalement parfois avec la complicité, des agents économiques de l’Etat, du ministère de l’Economie et du gouverneur de la ville. Depuis des lustres, ces institutions ont été réduites à l’impuissance face à ces “rois du marché”, dont les clients deviennent des valets.
L’illustration la plus patente nous est quotidiennement servie par l’infernal secteur des transports en commun. Dans une immense capitale, dont la population est estimée entre 6 et 9 millions d’habitants, la logique n’est plus celle de l’offre et de la demande, mais peut-être celle du machiavélisme politique. Lorsque les capricieux distributeurs des produits pétroliers entrent dans la danse, c’est pour paralyser toute la mégalopole et même tout le régime. N’a-t-on pas supposé un moment que, pour faire tomber le régime Kabila, des puissances occidentales étaient de connivence avec les opérateurs pétroliers?
Le pain des Kabila
Dès que le mouvement rebelle de Laurent-Désiré Kabila est entré à Kinshasa, on a vu apparaître un nouveau modèle de pain, vite baptisé du nom de... Kabila, à cause de sa grosseur et de son poids. Peu après sa mort, ce pain a aussi été le premier à voir ses prix grimper et, évidemment, tout le reste a automatiquement suivi. Le peuple lui, toujours aussi fidèle, docile et moutonnier, ne s’est jamais insurgé, comme s’il n’avait plus la fougue de protester.
A l’heure actuelle, les premiers jours de la gestion gouvernementale de Kabila fils ont gratifié d’une certaine embellie le commerce des denrées de première nécessité. Le nouveau Kabila apportera-t-il son pain quotidien au peuple? Rappelons qu’en kikongo (la langue parlée dans le Bas-Congo et le Bandundu) “kabila” signifie donner, partager. Et en lingala, la langue majoritairement parlée dans la capitale, donner se traduit par “kabela”.
Pénurie de manioc
Depuis près de six mois, le marché alimentaire de la capitale accuse une grave pénurie du “foufou”, cette pâte à base de farine de manioc, auparavant omniprésente dans les marmites des familles kinoises. Sa rareté s’expliquerait par les guerres d’agression que connaît le pays, rendant ainsi hypothétique l’acheminement des racines de manioc des zones rurales vers la capitale. Mais les deux grandes régions productrices de ces racines, le Bas-Congo et le Bandundu, sont les provinces les plus proches de Kinshasa et demeurent toujours sous le contrôle du gouvernement. Alors, les Kinois ne comprennent plus! Un nombre de commerçants toujours plus grand traversent le fleuve frontalier pour aller acheter quelques sacs de manioc au Congo-Brazzaville. Et dire que le Congo-Kinshasa détient l’une des terres agricoles les plus riches et les plus fertiles!
Fertiles, les habitants de Kinshasa le restent toutefois en imagination. Face au paradoxe qui impose aux ménagères d’acheter deux fois plus cher une mesure de manioc “made in Congo” par rapport à la même mesure de riz importé du Vietnam ou de la Thaïlande (!), elles se sont rabattues sur ce qui était, il y a moins d’un an, une denrée plutôt luxueuse. Le riz fait chauffer aujourd’hui toutes les casseroles. Nostalgiques de leur foufou désormais rare et cher, les Kinoises ont découvert l’ingénieuse solution de moudre les grains de riz pour en obtenir de la farine, dont le goût et la blancheur éclatante ressemblent à la semoule. Le riz est également très nutritif. En revanche, il a été démontré que la consommation surélevée de manioc est à l’origine de goitres...
A quelque chose malheur est bon. Quand un jour le pays se redressera de sa situation socio-économique, les Congolais de Kinshasa rétabliront-ils leur ordre alimentaire initial? En tous cas, ils viennent de découvrir une recette qui, si elle n’est pas jugée nocive, sera remise sur la table. Souhaitons simplement à la RDC bon appétit, et meilleurs voeux de santé et de prospérité!
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