ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 408 - 15/03/2001

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Z a m b i e
Les retombées inattendues de l’éducation gratuite


EDUCATION


Le gouvernement vient d’abolir, dans toutes les écoles gouvernementales,
le payement des frais statutaires des examens et de la scolarité.
C’est le secteur des affaires qui devra payer l’addition.

Auparavant, les frais de l’éducation scolaire incombaient aux parents ou aux tuteurs des enfants. En décembre dernier, le président Frederick Chiluba a décidé de les faire payer désormais par le monde des affaires qui, évidemment, refuse cette mesure. Selon les experts en la matière, ce refus mettrait en danger la nouvelle politique du gouvernement de supprimer les frais statutaires d’examen et de scolarité.

Le ministre de l’Education, le général de brigade Godfrey Miyanda, qui avait publié cette décision historique le 14 décembre, affirme que le but de cette mesure est de donner à beaucoup d’enfants la possibilité d’être admis dans des écoles supérieures, et de remédier ainsi à l’épineux problème économique des nombreux élèves qui abandonnent très tôt leurs études.

Pour le général, la suppression des frais de scolarité – effective à partir de janvier 2001 – est conforme au programme d’investissement dans le sous-secteur de l’éducation de base (BESSIP ), co-financé par le gouvernement et les donateurs. Le but du programme est de permettre à un plus grand nombre d’enfants de recevoir une bonne éducation et d’aider les enfants pauvres

Le problème des frais scolaires.

Auparavant, certaines écoles exigeaient des sommes que les parents ne pouvaient pas payer. D’autres demandaient d’être payées en nature: des poules, des chèvres, des produits agricoles, des arachides, du maïs, etc. La suppression des frais scolaires a mis en difficulté beaucoup d’écoles qui ne parvenaient plus à joindre les deux bouts. Le gouvernement s’est donc décidé à aider ces écoles avec des subsides et des matériaux de base, si bien que les élèves ne doivent plus payer des accessoires comme la craie et d’autres outils pédagogiques.

Le ministre de l’éducation a ordonné à toutes les associations parents-enseignants, de toutes les écoles gouvernementales, de ne plus demander de l’argent aux parents des élèves pour ces besoins de base. Il a aussi invité ces associations à trouver d’autres alternatives afin de trouver des fonds pour l’agrandissement et la réparation de leurs écoles.

Beaucoup de parents interrogés disent que, depuis longtemps, pour eux les frais de scolarité étaient un cauchemar; certains admettent qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de retirer leurs enfants de l’école.

Parmi ces parents, Charity Mulenga, qui a trois enfants en âge d’école, nous déclare: «Avant cette fameuse décision du gouvernement de supprimer les frais de scolarité dans les écoles gouvernementales, beaucoup d’enfants de parents pauvres n’avaient pas droit à l’éducation. En abandonnant leurs études, ils étaient forcés de se joindre aux autres enfants de la rue et les filles étaient obligées de se livrer à la prostitution pour avoir un gagne-pain. Maintenant, cela c’est du passé».

La participation du secteur des affaires

On l’a vu plus haut, le gouvernement a donc décidé de faire supporter ces frais scolaires par le secteur des affaires. Le ministre des Sciences, Technologie et de la Formation professionnelle, Abel Chambeshi, a déjà introduit une taxe de formation. Ainsi, les industries et les employeurs doivent y contribuer en payant un pourcentage de leur revenu mensuel.

En prenant cette mesure le gouvernement a eu le soutien des institutions de crédit, telle que la Banque mondiale. Cette idée de taxation a même été adoptée par tous les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC ), lors de leur réunion au Swaziland, et retenue comme une option prioritaire.

Le ministre Abel Chambeshi reconnaît que le gouvernement rencontre une forte opposition à cette politique de la part du secteur des affaires. Pourquoi donc? Ce dernier se plaint du fait que les compagnies – qui pourtant consacrent déjà à la formation une grosse partie de leur budget – ne bénéficient d’aucun avantage fiscal, et se demande comment elles vont pouvoir tenir le coup.

Tout au long de l’année dernière, le gouvernement s’est débattu pour convaincre la communauté des affaires d’accepter cette décision. Mais Abel Mukandawire, président de l’Association zambienne des chambres de commerce et d’industrie (ZACCI), dénonce cette politique de taxation comme contraire aux promesses faites en 1991 par le MMD (Mouvement pour la démocratie multipartite, maintenant au pouvoir), lors des élections présidentielles et législatives, de mettre fin à toute subvention et de réduire les taxes, les commissions et les impôts.

Le président de l’Association des industriels, Mark O’Donneli, dit: «Beaucoup de secteurs d’affaires ont dépensé de fortes sommes d’argent pour la formation, et voilà qu’on leur impose une nouvelle taxe de formation! Ce n’est pas juste!»

Abel Chambeshi a mis en garde le secteur des affaires. Pour lui, cette politique est une solution à long terme pour résoudre les problèmes économiques du pays. Pour les experts du secteur scolaire, si le gouvernement et le secteur des affaires ne mettent pas fin à leurs disputes pour savoir qui des deux doit payer l’addition pour une scolarisation gratuite de base, tout effort pour aider les Zambiens pauvres restera vain.


SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2001 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement