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Afrique du Sud |
VIE SOCIALE
Le gouvernement de l’Afrique du Sud veut accélérer son
programme de création
de nouveaux emplois et d’éradication de la pauvreté.
Le président Thabo Mbeki, dans son troisième message à la nation, et le ministre des Finances Trevor Manuel, lors de sa présentation du budget national pour 2001, ont clairement expliqué les différentes initiatives, projets et programmes du gouvernement, appelés à réduire l’écart entre la pauvreté et la création de nouveaux emplois.
Chaque année, ces deux importants discours marquent le début du calendrier politique et économique de l’Afrique du Sud. Pour bien situer leur importance, il faut tenir compte du moment et du contexte dans lesquels ces déclarations sont faites. Le président a présenté ce message au milieu de son mandat présidentiel; sans aucune élection importante à l’horizon, Mbeki a donc encore le temps d’affiner la politique de son gouvernement. Par conséquent, il pouvait se permettre de ne pas entrer dans les détails d’une série de problèmes, par exemple: sa stratégie concernant le développement rural, les industries à emploi intensif, et ses efforts de révision de la sécurité sociale.
Des réponses plus détaillées
Cependant, l’Afrique du Sud doit faire face à de sérieuses crises: la pandémie du VIH/SIDA, la corruption, le problème du chômage. Tout cela aurait demandé de la part du président des réponses plus claires. Il n’a fait que les mentionner en passant.
L’année 2000 a été particulièrement difficile pour le président et son discours l’a bien montré. Mbeki a délibérément passé sous silence les controverses à propos du VIH/SIDA, des tendances démocratiques régionales dans les pays voisins comme le Zimbabwe, le Swaziland, le Lesotho et l’Angola (pourtant si cruciales pour la stabilité de la région de l’Afrique australe), ainsi que toute la fameuse histoire de l’acquisition du matériel de défense.
Selon Malik Patel, spécialiste en matière de défense, Mbeki aurait évité de mentionner le contrat des armes, afin de minimiser d’autres déclarations politiques à ce sujet. D’après Patel, l’enquête sur ce marché d’armes, d’une valeur de 43 milliards de rands, avait fait hésiter d’éventuels investisseurs. «Cette enquête a un impact très négatif sur les investissements. En Europe, les gens lisent ces critiques et, même si toutes les accusations sont fausses, le climat d’investissement peut en pâtir».
Les aspects positifs du discours
Il y a pourtant plusieurs aspects positifs dans le discours de Mbeki. Il a touché une large gamme de problèmes et donné un rapport sur diverses initiatives du gouvernement, tout en indiquant la direction de la politique qu’il souhaite suivre dans le futur.
Le discours contenait des remarques importantes sur l’édification de la nation et la réconciliation. Adoptant un ton conciliant, Mbeki a mis en relief les aspirations non raciales de l’Afrique du Sud et fait des avances positives à la population blanche du pays qui, ces dernières années, avait douté de sa sincérité en le comparant défavorablement et injustement à son prédécesseur Nelson Mandela.
Quant à sa politique économique et industrielle, il a été très précis sur les secteurs qui devraient conduire à une croissance économique: la privatisation, le secteur de l’énergie, le tourisme et les télécommunications. Comparé à l’année passée, Mbeki s’est étendu bien plus longuement sur le tourisme – un secteur avec de grandes promesses de croissance – et a expliqué en détail ses plans pour développer les régions de Lebombo et de Wild Coast, sans oublier les parcs nationaux.
Il s’est engagé formellement à investir dans les infrastructures, le développement rural et le renouveau urbain. Il a souligné aussi le besoin urgent de réorganiser le secteur des finances afin de permettre aux gens ordinaires l’accès aux ressources de ce secteur, et appelé à des investissements pour stimuler la croissance dans le secteur des PME.
Devant une opinion publique fatiguée (voir le petit nombre de votants lors des élections locales de 2000), il a essayé de réfuter l’impression d’inaction du gouvernement face au crime – dont souffre surtout la majorité noire du pays. Sur ce point, il a fait remarquer qu’il allait recruter 30.000 réservistes de la police dans les régions à haut taux de criminalité; lever le moratoire sur les statistiques du crime en juin; se concentrer sur les régions à haute criminalité et à crime organisé, y compris le terrorisme urbain, la corruption et la fraude; et renforcer effectivement le système de la justice criminelle.
Dans son discours il a admis honnêtement que les inégalités socio-économiques continuaient à s’aggraver. Réduire cet abîme prouvera vraiment l’engagement du gouvernement vis-à-vis de son peuple. Il a fait mention du nouveau plan de son cabinet: “Le plan d’action pour la croissance”. Celui-ci cherche à rendre l’économie plus compétitive, d’abord et surtout en réduisant les taxes commerciales et en fournissant l’énergie, le transport et les télécommunications à des prix plus avantageux.
Investissements et emplois
Le conseiller économique de Mbeki, Wiseman Nkuhlu, a déclaré qu’en diminuant les taxes, le gouvernement veut attirer des investissements et créer des emplois. «Dans la gestion de l’économie, a-t-il dit, on tend à se concentrer sur des macro-problèmes: la politique monétaire, la situation de la dette. Tout cela nous l’avons fait, mais cela n’a pas créé de nouveaux emplois, peut-être parce que les charges patronales chez nous sont plus élevées qu’ailleurs».
Une coalition de syndicats et d’ONG fait pression sur le gouvernement de Mbeki pour qu’il s’attaque aux racines de la pauvreté et du chômage. La “Campagne du budget pour le peuple” (menée par le COSATU , le Conseil des Eglises de l’Afrique du Sud et la Coalition des ONG sud-africaines) a fait bon accueil à l’annulation des réductions budgétaires et à l’engagement de M. Manuel de dépenser plus pour combattre la pauvreté. «En réservant de substantielles ressources supplémentaires pour l’entretien et l’amélioration des infrastructures, nous cherchons à élargir les possibilités, à réduire le coût du transport et des communications, et à améliorer le niveau de vie dans les communautés pauvres», a dit Trevor Manuel.
A partir du mois d’avril, le gouvernement renoncera à des revenus de 400 millions de rands (R) en supprimant la TVA sur le pétrole lampant. Ce pétrole est une importante source d’énergie pour les ménages à revenu faible, surtout dans les régions rurales.
Bien qu’il prétende dépenser beaucoup pour réduire la pauvreté, le département de la sécurité sociale a décidé de réduire les sommes destinées à ces projets, pour se concentrer sur l’efficacité de ses services. Le département veut dépenser 51 millions de rands pour développer les programmes de l’éradication de la pauvreté, et 14,9 millions pour les programmes VIH/SIDA . A partir de juillet, les allocations pour les personnes âgées et invalides augmenteront de 30R (de 540R à 570R par mois). Quant à l’allocation familiale, elle passera de 100R à 110R. Le ministre des Finances laissait entendre qu’à l’avenir les ajustements de ces allocations, que reçoivent plus de 3 millions de Sud-Africains, suivront le cours de l’inflation.
Les besoins
Cependant, les ONG et les organisations communautaires ne sont pas encore satisfaites. Alors que le ministre des Finances, dit le Conseil des Eglises de l’Afrique du Sud, essaie d’expliquer qu’à cause de l’inflation il a dû augmenter les taxes sur différents produits comme le carburant, M. Manuel semble avoir oublié que cela devrait valoir aussi pour les allocations de sécurité sociale. L’augmentation mensuelle de 10R de l’allocation familiale ne suffit pas pour un enfant pauvre à charge, fait remarquer Lynette Schreuder, directrice des programmes du Conseil national de l’enfance. Le Conseil regrette également que cette allocation soit réservée aux enfants en dessous de 7 ans; auparavant, les enfants plus âgés pouvaient aussi la recevoir.
«Nous avons lancé une campagne pour que le gouvernement n’oublie pas ce groupe d’enfants», dit Schreuder. Sinon, on verra certainement augmenter le nombre d’enfants de rue, d’enfants démunis, la criminalité juvénile et la prostitution infantile. Les allocations familiales n’avaient plus été augmentées depuis trois ans; cette augmentation de 10 rands ne couvre pas l’érosion de ces dernières années.
Le discours du président et celui de la présentation du budget mettent en lumière les ambitions du gouvernement: une croissance économique, plus d’épargnes domestiques et d’investissements, et la lutte contre la pauvreté. Le grand défi est de réaliser les programmes et projets pour réduire la pauvreté et créer de nouveaux emplois dans des industries à emploi intensif; et aussi que les communautés marginalisées reçoivent les services sociaux nécessaires pour que, malgré leur situation désespérée, elles puissent espérer un changement plus ou moins prochain.
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