ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 409 - 01/04/2001

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Namibie
Faire progresser les filles “san”


FEMMES


Le FAWE a intensifié ses efforts pour rehausser le niveau de vie
des jeunes filles san, par le biais de l’éducation

Conformément à un programme initié en 1999, le FAWE (Forum des femmes africaines pédagogues) a choisi 10 jeunes filles des écoles primaires de Tsumkwe, dans la région d’Otjozondjupa. Agées de 11 à 16 ans, elles constituent les sujets d’un projet pilote. Le FAWE espère que, pour la première fois dans l’histoire de la communauté san, ces filles pourront atteindre non seulement le niveau sept, mais le niveau douze, et suivre même des études supérieures.

Les “San” sont d’anciens Bochimans qui vivent en petits groupes, dans ce qu’on appelait autrefois le Bushmanland (maintenant la région d’Otjozondjupa), au centre-nord de la Namibie. Historiquement, c’est un peuple marginalisé, qui a réussi à survivre malgré tous les efforts pour le supprimer, faits par les deux puissances coloniales de la région: l’Allemagne et les Blancs d’Afrique du Sud.

Jusqu’à l’an dernier, aucune fille san qui suivait l’école n’avait atteint le niveau sept. Plusieurs formes de tribalisme, dont l’attitude négative de certains instituteurs et élèves appartenant à d’autres ethnies, poussaient ces filles à abandonner leurs études. Mais d’autres facteurs entrent aussi en jeu, comme les grossesses prématurées, les mariages précoces (parfois à 13 ans) et surtout la pauvreté grandissante.

Avant l’indépendance, tout le système scolaire était organisé sur des bases ethniques et raciales: les enfants des Blancs recevaient une meilleure éducation que celle offerte aux groupes ethniques noirs. Au moment de l’indépendance, en 1990, raconte le ministre de l’Enseignement supérieur, Nahas Angula, le gouvernement du président Sam Nujoma a réorganisé le système de l’éducation nationale. C’était comme un signe de la nouvelle ère de démocratie, égalité et justice.

Le nouveau système prévoyait dix ans d’éducation de base — du niveau un à dix — et deux années d’études secondaires supérieures. L’université de Namibie, qui venait juste d’être fondée, organisait des programmes d’études de quatre ans; mais les cours de formation pédagogique d’enseignants, et de formation technique et professionnelle étaient organisés à la toute nouvelle Ecole polytechnique de Namibie.

On fixa cinq objectifs fondamentaux: chances égales, possibilités égales pour accéder à l’éducation, amélioration du fonctionnement interne du système scolaire, encourager l’enseignement, et favoriser les études. D’autres buts visaient une participation démocratique dans l’éducation, et des possibilités de formation permanente.

Si la plupart des communautés auparavant désavantagées ont profité de cette nouvelle politique, les enfants san ont été généralement ignorés. Le ministre adjoint de l’Education de base, des Sports et de la Culture, Clara Bohitile, l’admet: «Bien que la Namibie ait adopté une politique d’éducation égale pour tous, il est navrant de constater que les filles san n’ont pas bénéficié des avantages du système». Selon Bohitile, qui est aussi membre du FAWE, l’éducation secondaire en particulier dépasse les capacités des filles san. Passant toute leur vie dans des villages isolés, elles éprouvent beaucoup de difficultés à s’adapter à un environnement scolaire. De plus, la vie nomade du peuple san fait que très peu d’entre eux vivent en groupes. Or, le gouvernement ne construit pas d’écoles dans les régions très peu peuplées. Les enfants san qui peuvent aller à l’école, rencontrent un tas d’obstacles, notamment les grandes distances de leur camp à la ville, où se trouvent les écoles. Une autre difficulté est la pauvreté des parents, qui n’ont pas les moyens de payer pour leur éducation.

En visite à Windhoek

Les 10 jeunes filles san choisies, ont toutefois de la chance: tout est payé par le FAWE : frais de scolarité, uniformes et matériel scolaire. Vers la fin de l’année dernière, le FAWE a organisé pour elles un voyage à Windhoek, la capitale de la Namibie. On voulait ainsi leur faciliter le passage d’une école de village à une école secondaire en zone urbaine ou semi-urbaine. A Windhoek, les dix filles ont participé durant trois jours à un atelier de l’organisation “enfant-fille”, où elles eurent l’occasion de rencontrer des filles d’autres groupes ethniques, venant de tout le pays. Cet atelier avait été organisé conjointement par le FAWE et le ministère de l’Education de base.

On dit que les filles san sont timides, qu’elles n’aiment pas prendre part à des discussions ouvertes. Ce n’est pas facile pour elles de frayer avec des filles de leur âge venant d’autres groupes ethniques. Mais, dit Bohitile, «cet atelier, qui avait été organisé pour qu’elles prennent confiance et découvrent d’autres ouvertures possibles dans la vie, les a beaucoup aidées à surmonter leurs craintes. Elles ont participé aux discussions et ont pris assez d’assurance pour avoir de bonnes relations avec les autres filles. Ce voyage était leur première expérience en dehors de la vie du village. Elles étaient impressionnées par ce que d’autres trouvent tout à fait normal: le téléphone, les ordinateurs, les fax, etc.»

Bohitile a l’impression que ce voyage leur a ouvert les yeux. «Cela les a aidées à rêver d’un avenir meilleur et des moyens de sortir de leur pauvre style de vie. Tendons la main à ces filles et faisons leur sentir qu’elles sont les bienvenues dans notre société. Elles sont nos concitoyennes namibiennes, elles sont nos enfants et notre avenir».

La porte-parole des filles, Fiona Petrus, a remercié le FAWE et le ministère de l’Education de base, qui avaient facilité leur visite à Windhoek et qui les avaient aidées lors de leur séjour. «Sans votre aide, dit-elle, ce voyage n’aurait pas été un succès. Nous avons beaucoup appris pendant notre séjour à Windhoek».

FAWE

Le FAWE est une organisation de femmes africaines, ministres de l’Education; d’académiciennes, dont certaines sont chancelières ou vice-chancelières d’une université; et de hautes conseillères dans le domaine de l’éducation. Fondée en 1992, cette organisation fut enregistrée un an plus tard au Kenya comme organisation non gouvernementale. Elle compte pour le moment 56 membres à plein temps venant de 30 pays africains, et 25 membres associés, y compris des ministres d’éducation masculins et des secrétaires permanents. Elle compte aussi 25 chapitres nationaux établis, et cinq autres en formation. Etant un groupe de femmes africaines influentes, responsables en politique, le FAWE est en bonne position pour stimuler une importante réforme et créer une atmosphère qui aidera les parents à exiger une éducation pour leurs filles.

Avec un soutien pareil en arrière-plan, les jeunes filles san peuvent espérer un brillant avenir.


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