ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 409 - 01/04/2001

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Sénégal
La médecine traditionnelle à la croisée des chemins


SANTE


Une alliance de la tradition et de la technologie

Ce n’est pas tous les jours qu’un hôpital traditionnel se “branche...” A Fatick, à une centaine de kilomètres de Dakar, après 12 années d’existence, le centre baptisé Malango, centre expérimental des médecines traditionnelles, s’est “branché” au réseau électrique. On y a aussi installé équipements solaires, groupes électrogènes et un secrétariat informatique. N’est-ce pas là l’expression d’une “alliance de la tradition et de la technologie”?

Au-delà de la promotion de la médecine traditionnelle que cette synergie induit, c’est la contribution de celle-ci au développement sanitaire du pays qu’il faut relever.

D’ailleurs, vu le succès du centre Malango au Sénégal et sa notoriété à l’étranger, il est envisagé, outre la création, à terme, d’un autre centre du même type, le recrutement, très prochainement, d’un médecin (classique, moderne), d’un directeur du centre, de deux pharmaciens, d’un agronome, d’un biologiste, d’une secrétaire bilingue et d’un assistant social.

C’est la reconnaîssance de l’évolution favorable du centre Malango. A l’origine se révélait l’opportunité de «réhabiliter la culture sérère (une ethnie du pays, ndlr) et sa médecine» qui recèlent, de l’avis général, de précieux atouts et des «gens de valeur et de qualité qui croient en leur tradition et qui ont des savoirs à donner et à partager». Cela voulait dire que le terroir sérère a une «civilisation particulière et qui compte une multitude de tradithérapeutes». Le contexte s’y prêtait et les opportunités ont été bien exploitées.

Regain d’intérêt

Les résultats satisfaisants obtenus ont, dès lors, poussé le Dr Eric Gbodossou — le précurseur et à qui l’on doit la fondation du centre Malango — à appeler à la réflexion, et ce à la faveur d’un autre constat: «Il y a un regain d’intérêt pour la médecine traditionnelle, depuis plus d’un quart de siècle à travers le monde. Le monde entier vient nous voir, signale-t-il, et le Nord s’est rendu compte des malaises et limites de sa propre science. En conséquence, il se tourne de plus en plus vers la médecine traditionnelle. L’Afrique a une civilisation qui a la possibilité de maîtriser beaucoup de connaissances et de savoirs différents». La tradithérapie s’affirme donc comme un «complément à la médecine moderne», fait-il valoir.

A preuve, les partenaires venus d’Autriche et des Etats-Unis ne s’y trompent pas, qui ne manquent pas d’apporter «soutiens et appuis consistants».

Le centre Malango, à travers l’ONG PROMETRA que dirige et porte à bout de bras le Dr Eric Gbodossou, a des antennes à Atlanta (USA), en Ouganda, au Cameroun et au Bénin. On notera qu’a eu lieu, il y a trois ans à Dakar, le tout premier congrès mondial sur la médecine traditionnelle. Un événement présenté comme historique et exceptionnel.

Des résultats “probants”

Il faut savoir que 85% des populations sénégalaises recourent aux soins de santé dispensés par des guérisseurs traditionnels. A Malango vient de partout, du Sénégal ou d’ailleurs, un grand nombre de patients. Au regard des résultats “probants”, la réputation de Malango est bonne, d’où une “référence” dans la sous-région, dit-on. Selon des chercheurs de renommée internationale, des universités de Morehouse (Atlanta) et de Tulane (Nouvelle Orléans), le taux de guérison le plus bas y serait de 65%, alors que le taux le plus fort serait de 90%. Il s’y ajoute, observent-ils, 90% d’amélioration quantifiable, ce qu’aucun hôpital au monde n’obtient.

A Malango, les guérisseurs disent pouvoir «soigner toutes les maladies que soigne un médecin moderne. Toutefois, les malades qui ne peuvent pas y être traités, sont dirigés vers les hôpitaux modernes». Quelque 300 guérisseurs y officient, issus de 168 villages de la région, rigoureusement sélectionnés et à la compétence éprouvée. Le droit d’entrée est de 200 FCFA  et la consultation de l’ordre de 3.000 FCFA . Le patient peut y être traité à moindre coût avec le maximum de soins.

A l’entrée de l’hôpital traditionnel, il y a un médecin (moderne) qui, après examen du patient, le conduit vers le guérisseur compétent qui dispose de son cabinet dans l’enceinte de l’hôpital même. Les témoignages sont nombreux, provenant de personnes qui s’avouaient désespérées et qui y ont trouvé «guérison, courage et/ou espoir».

Le chef des guérisseurs analyse: «Dieu n’a amené aucune maladie dont il n’ait pas fait descendre le remède. C’est seulement celui qui doit mourir qu’on ne guérit pas ici». En tous les cas, d’autres projets sur le diabète, l’hépatite virale et le VIH/SIDA s’esquissent avec l’appui du ministère sénégalais de la Recherche scientifique et d’un comité scientifique international.

A Malango, les guérisseurs sont aussi considérés comme des «demi-dieux, des faiseurs de miracles». Ils auraient des «pouvoirs surnaturels et des dons mystiques» qui leur permettent de régler des cas complexes de sorcellerie. Enfin, on notera entre parenthèses que leurs séances publiques annuelles de voyance, les “khoye”, sont renommées et très courues. Des prévisions pour le moins extraordinaires, indique-t-on, en ce qu’elles sont réalisées par une formidable concentration de Nostradamus...


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