ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 410 - 15/04/2001

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Afrique

L’aide au développement


DEVELOPPEMENT


Le président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki,
vient de lancer un «Plan Marshall pour l’Afrique».
Selon John Hollaway, expert-conseil installé au Zimbabwe,
ce plan ne présage rien de bon et est voué à l’échec

Vers la fin de l’année dernière, avec le Nigeria et l’Algérie, le président Mbeki annonça un programme appelé, non sans hésitation, «Plan du millénaire pour le rétablissement de l’Afrique», destiné à encourager les investissements étrangers, le commerce et le flux d’aide à l’Afrique, ainsi que la remise de la dette extérieure. Ce programme est modelé sur celui de la reconstruction de l’Europe, après la seconde guerre mondiale. Son premier objectif est d’affranchir l’Afrique de sa dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure et la rendre capable d’être responsable de son propre développement.

«Ce plan pour l’Afrique veut mettre fin au concept traditionnel de l’aide, selon lequel les fonds reçus ne suffisent qu’à payer les frais du service de la dette extérieure, et font du continent un exportateur de capitaux», a dit Frank Chikane, un expert du bureau de Mbeki. Les gouvernements africains devront éradiquer la corruption et s’engager dans une réforme démocratique et économique.

Citant le Times de Londres, du 23 novembre 2000, Hollaway dit: «Ces dernières cinquante années, 300 milliards de dollars venant des contribuables occidentaux ont été investis en Afrique subsaharienne, soi-disant pour aider à son développement dont on ne voit quasiment rien. Cinq décennies d’assistance ont laissé l’Afrique avec une dette écrasante de 350 milliards de dollars qui, rien que pour son service, exige 40% des revenus des gouvernements».

Un malaise grandissant

Cet argent était supposé aider l’Afrique, non pas l’affaiblir. Déjà en septembre 1999, l’Economist avait dévoilé la terrible vérité: l’aide à l’Afrique «a complètement manqué son but».

Tous les cinq ans, la Banque mondiale produit un gros volume sur le développement africain. En 1985 le titre en était: «Afrique subsaharienne -– De crise à croissance». En 1995: «Afrique subsaharienne –- Au milieu des années 1990». En 2000: «Un continent en transition -– L’Afrique s’affirmera-t-elle au 21e siècle?».

«En considérant attentivement ces trois titres, dit Hollaway, on remarque un malaise grandissant. Comme nous l’avons vu ces dernières 45 années, les agences d’aide en Afrique sous la conduite de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, ont dépensé environ $ 300 milliards. A travers IDA, les pays riches canalisent l’argent de leurs contribuables vers les pays pauvres en passant par les experts de la Banque mondiale. Mais tout cet argent semble n’avoir rien ou presque rien changé pour l’Africain moyen. Alors, si ces experts se trompent, les contribuables doivent-ils continuer à leur payer des appointements faramineux?».

Hollaway fait aussi remarquer que l’expression «Un continent en transition – l’Afrique s’affirmera-t-elle au 21e siècle?» est quelque peu contradictoire. En prenant comme jalons le début et la fin du 20e siècle, la Banque mondiale proclame triomphalement que «l’éducation s’est généralisée et l’espérance de vie a augmenté». Cela est sûrement vrai, mais en fait, la tendance actuelle de l’Afrique est à la régression.

Prenons quelques exemples. L’éducation: le taux d’inscriptions dans les écoles primaires en 1995 est inférieur à celui de 1980. La santé: depuis 1990, le taux d’espérance de vie est resté stagnant en Afrique, surtout à cause de la pandémie du VIH/SIDA. La gestion de l’économie: le revenu par habitant est maintenant inférieur à celui des années 1960.

La Banque mondiale aime montrer des exemples de réussite comme ceux du Botswana, de l’île Maurice et du Ghana. Ces trois pays seraient des “gagnants” en développement. Mais quand vous voyagez dans ces pays, la réalité est quelque peu différente.

Au Botswana par exemple, la richesse est réservée aux citadins; dans la brousse, la vie va son train-train comme avant. Bien sûr, il y a plus d’écoles, d’hôpitaux et de puits d’eau, mais la plupart des Botswanais vivent dans des huttes couvertes de chaume, entourés de leurs femmes et enfants. Et quand les diamants seront épuisés, le pays sera de nouveau dépendant de l’aide. Quant à l’île Maurice, la richesse de certains ne doit pas faire oublier les revenus modestes des producteurs de sucre.

Le monde peut voir l’Afrique comme un «continent du désespoir», mais selon Hollaway il faut plutôt l’appeler le «continent de la malchance». En effet, la population s’accroît rapidement, alors qu’une grande partie des terres n’est pas fertile et ne peut subvenir à ses besoins. Autre menace, encore plus sérieuse: la maladie.

Alors, l’aide au développement doit faire un choix bien difficile, dit Hollaway. Après des décennies de vaines interventions, elle doit faire face à des soutiens en baisse, due à la désillusion grandissante des donateurs. Et pourtant, l’Afrique demande à grands cris plus de nourriture, plus d’emplois, plus d’écoles, plus d’hôpitaux.

Où donc se trouve la solution au développement à long terme? Dorénavant, ne vaudrait-il pas mieux partir de la base même en Afrique, et construire une société africaine qui prend à cœur de réformer son système politico-social et d’abandonner son système culturel de survivance basé sur la famille, semi-nomade et polygame, qui a été l’instrument de son appauvrissement?

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