ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 410 - 15/04/2001

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Malawi
Tensions au sein de
l’Eglise catholique


EGLISE


Les chrétiens du Malawi espèrent et prient
pour que leur Eglise puisse surmonter les derniers défis

Au cours des mois passés, deux événements surtout ont semé inquiétude et anxiété parmi les fidèles: les démissions de Mgr Chiona d’abord, et la création d’une Eglise dissidente par un prêtre suspens “a divinis”.

L’archevêque Chiona

Mgr Jonas Chiona, archevêque de Blantyre, ayant dépassé l’âge de la retraite, fixé à 75 ans par le code de droit canon, les fidèles se sont divisés en deux factions à ce sujet, les uns faisant pression pour qu’il reste en fonction, les autres l’exhortant à se choisir un coadjuteur qui, en temps voulu, prendrait la relève. En fait, l’archevêque a maintenant donné sa démission et a été remplacé par Mgr Tarsizio Gervazio Ziyaye, auparavant évêque de Lilongwe.

Mais il y avait autre chose. Certains disaient que l’archevêque Chiona était l’ami personnel du président Bakili Muluzi et que des membres du clergé étaient des visiteurs réguliers du palais présidentiel Sanjika à Blantyre. D’autres prêtres n’aimaient pas cela, parce que selon eux, cela pouvait réduire l’Eglise catholique au silence, l’empêchant de critiquer les fautes du gouvernement.

Ils sont en effet beaucoup à s’inquiéter aujourd’hui du silence de l’Eglise catholique sur des problèmes d’importance nationale. L’Eglise du Malawi s’était fait une renommée pour avoir été à la tête de la campagne contre la dictature du parti unique et en faveur de la politique multipartite. On se souviendra qu’en 1992, les sept évêques catholiques avaient signé et publié une lettre pastorale intitulée “Vivre notre foi”, très critique à l’égard du régime dictatorial de feu le Dr Hastings Kamuzu Banda, de ses abus contre les droits de l’homme et de l’inégale distribution des revenus nationaux.

A cette époque-là, les dissidents politiques disparaissaient mystérieusement, et des milliers de détracteurs de M. Banda ont dû prendre le chemin de l’exil, pour ne revenir qu’après les premières élections multipartites de 1994. Lorsque les évêques publièrent cette courageuse lettre pastorale, le régime de Banda complota leur mort, lors d’une assemblée spéciale du Parti du Congrès du Malawi (MCP) à Lilongwe. Ils furent sauvés par la presse qui, en ayant eu vent, dénonça le complot dans le monde entier.

Connaissant le poids que l’Eglise a dans le pays, des analystes politiques craignent que des politiciens n’achètent son appui avec de généreux cadeaux à des groupements religieux. Ils craignent que cela ne mine de l’intérieur le vrai rôle de l’Eglise au Malawi. L’abbé Andrew Kaufa ne mâche pas ses mots. Pour lui, il est plus que temps que l’Eglise cherche des moyens pour collecter des fonds indépendamment d’autres organisations, évitant ainsi de se faire manipuler par les politiciens. Il affirme: «La religion n’a plus d’influence, car le président Muluzi réduit au silence les Eglises avec des cadeaux. Si elle veut promouvoir la société civile, l’éducation et la santé, l’Eglise doit être financièrement indépendante de toute influence».

Les partisans du président Muluzi mènent campagne pour qu’il puisse se présenter aux élections présidentielles de 2004, prolongeant ainsi son mandat présidentiel. Ils déclarent ouvertement qu’il se présentera de nouveau «parce que le pays a besoin de lui pour être bien gouverné». Or, d’après la Constitution, un président ne peut faire que deux termes de cinq ans. Evidemment, l’opposition et certaines ONG ont déjà exprimé leur mécontentement, craignant que le pays ne tombe de nouveau sous la dictature d’un parti unique. Devant ce problème, l’Eglise, auparavant si critique, maintenant se tait; d’où les suppositions qu’elle serait manipulée par la clique au pouvoir.

Le ministère du renouveau charismatique

L’autre problème litigieux est celui de l’abbé Mark Kambalazaza. L’an dernier, il avait été suspendu du ministère sacerdotal parce qu’il prétendait avoir le don de guérison.Le 15 décembre 2000, la ECM publia un communiqué qui défendait aux catholiques d’assister au lancement de sa nouvelle Eglise, à Blantyre. Kambalazaza avait en effet enregistré son Eglise au bureau de l’officier général de l’état civil, sous le nom de “Ministère catholique du renouveau charismatique”. Ce qui agaçait les évêques catholiques, c’était surtout l’inclusion du mot “catholique”. Ils demandèrent donc à l’officier général de ne pas reconnaître la nouvelle Eglise.

Certains reprochent aux évêques d’avoir adopté une ligne de conduite trop dure, au lieu de chercher la réconciliation. Suite à ces nombreuses critiques, les autorités ecclésiastiques ont invité le prêtre dissident à reprendre sa place dans l’Eglise. Mais celui-ci refusa disant qu’il poursuivra son nouveau ministère, telles ces Eglises charismatiques qui se multiplient dans le monde entier.

Tous ces faits constituent des défis pour l’Eglise. Les chrétiens du Malawi espèrent et prient que leur Eglise soit capable de surmonter ces défis et en ressorte renouvelée.


Note de la rédaction - Dans une lettre pastorale de 24 pages publiée à l’occasion des 100 ans de présence de l’Eglise au Malawi, les évêques catholiques ont mis en garde le président Muluzi contre tout changement de la Constitution, sans une consultation populaire préalable, en vue de se ménager la candidature pour un troisième mandat. Ils invitent le gouvernement à respecter et sauvegarder les principes démocratiques fondamentaux qui sont partie intégrante de la Constitution.


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