ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 410 - 15/04/2001

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Zimbabwe

Pour le prix d’une pinte


SIDA


«Réduire le prix de la bière, ça n’a pas de sens,
car cela ne va pas aider à réduire la diffusion du VIH/SIDA».
Voilà la réaction de beaucoup de politiciens et de Zimbabwéens ordinaires
à propos des derniers plans fiscaux de leur pays.

Dans son projet de budget 2001, présenté au Parlement vers la fin de l’année dernière, le ministre des Finances, le Dr Simba Makoni, voulait réduire de 80% à 60% les taxes sur la bière blonde. Les analystes politiques ont immédiatement condamné cette proposition comme «immorale» puisqu’elle ne tient aucun compte de la pandémie du VIH/SIDA.

Les critiques ne cessent d’accuser le gouvernement de ne pas mettre ses priorités là où il le faudrait. Ainsi, le ministre des Finances continue à considérer le ministère de la Défense plus important que celui de la Santé. «Il y a tout de même peu de probabilités, disent-ils, que nous ayons une guerre avec nos voisins, le Mozambique, le Malawi, la Zambie ou l’Afrique du Sud. Alors, pourquoi devons-nous avoir un si gros budget pour la défense?». Effectivement, malgré les appels pour le retrait des 11.000 militaires zimbabwéens du Congo-RDC, M. Makoni, sous l’évidente direction du président Mugabe, vient d’allouer 3 milliards de dollars zimb. à la défense, ne réservant que la moitié de cette somme pour la santé.

Il faut peut-être rappeler que, l’année dernière, les autorités avaient lancé une taxe pour le sida. On pouvait donc espérer qu’elles s’engagent davantage dans la prévention de la maladie, mettant plus d’argent à la disposition du ministre de la Santé pour qu’il puisse le distribuer aux différentes organisations engagées dans les programmes de prévention et de soins. Mais malheureusement le gouvernement n’octroie pas plus que ce qu’il collecte avec cette taxe de 3% pour le sida, qu’il déduit chaque mois des salaires des travailleurs. Notons qu’il y a moins de 2 millions de travailleurs officiellement enregistrés, dans un pays qui a 13 millions d’habitants.

Les commentateurs politiques avaient espéré que, dans son budget de 2001, le gouvernement montrerait une attitude plus positive quant au sida. Mais cela n’a pas été le cas.

Les Nations unies savent maintenant que le Zimbabwe ne fait pas partie des pays africains qui ont une politique effective contre la pandémie du sida. Lors d’une conférence sur le sida qui eut lieu en 2000 à Addis Abeba, en Ethiopie, on a pu se rendre compte que seulement sept pays africains avaient mis en place, d’une façon satisfaisante, une politique anti-sida. Ce sont l’Ouganda, le Botswana, l’Ethiopie, le Kenya, le Malawi, la Zambie et le Sénégal.

Job Skhala, un parlementaire du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), dit carrément ce qu’il pense: «Le peuple de ce pays peut survivre sans bière; un buveur peut se passer de bière. En préparant le budget, le ministère des Finances n’a pas reconnu l’importance du ministère de la Santé. C’est à ce ministère que les ressources du pays devraient être versées pour le bien de la population».

Qui profite de la taxe anti-sida?

En fait, le ministre de la Santé avait demandé plus de 200 millions de dollars américains, mais sa requête n’a pas été entendue. Le Conseil national du sida a jusqu’ici obtenu quelque 2 millions US$ de la taxe pour le sida. Ces sommes ont été distribuées aux malades du sida dans tout le pays, et on a demandé au gouvernement d’être plus actif et de reconnaître le problème comme un désastre national. Mais toutes les organisations qui s’occupent du sida n’ont même pas reçu de l’aide venant de cette taxe, car les fonds ne suffisent pas.

De plus, corruption aidant, beaucoup de ceux qui avaient vraiment besoin d’être aidés, ne reçoivent rien. Pourquoi? Parce qu’un bon nombre de personnes en pleine santé profitent frauduleusement de ces fonds, utilisant des fausses pièces d’identité sur lesquelles il est indiqué qu’elles sont atteintes du VIH/SIDA. Ces imposteurs sont parfois aidés par des médecins peu scrupuleux pour resquiller et priver de cette aide ceux qui y ont droit.

Réduire le prix de la bière dans le budget de cette année n’aidera certainement pas la population souffrante!


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