ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 411 - 01/05/2001

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Congo Brazza
Le dialogue tiendra-t-il ses promesses?


PAIX


Peut-on espérer une vraie réconciliation et le retour de la paix?

14 avril 2001. Boulevard des armées de Brazzaville. Un gigantesque brasier baptisé “flamme de la paix” a brûlé, pendant près d’une demi-heure, plus de 800 armes légères récupérées auprès des ex-combattants. Cette cérémonie symbolique, organisée par les Nations unies, signifie le retour à la paix et la volonté du Congo de ne plus recourir aux armes pour résoudre les problèmes politiques. Cela marquait également la clôture du dialogue “sans exclusive”, lancé le 17 mars dernier par le médiateur international, le président gabonais Omar Bongo. Ce dernier a demandé aux Congolais de tourner le «dos à la haine et à la vengeance».

La première phase de ce dialogue — dont les débats décentralisés se sont déroulés jusqu’à fin mars dans les régions et communes congolaises — n’avait qu’un seul leitmotiv: plancher sur la nouvelle Constitution. A la différence de celui de 1992, le nouveau texte opte pour le pouvoir présidentiel. Il donne au chef de l’Etat plein pouvoir. Il ne peut dissoudre l’Assemblée et celle-ci ne peut en revanche le démettre.

Cette nouvelle Constitution a été adopté à l’unanimité par toute la classe politique congolaise. Elle est d’accord sur le principe que ce nouveau texte garantira la paix et la stabilité des institutions. Car tous les conflits ethniques qui ont déchiré le pays — depuis 1959 jusqu’à toute la décennie 90 — étaient le fait des problèmes de majorité au Parlement. Une certaine opinion craint que ce soit là un régime fort, genre mono-partisme. Et le mandat présidentiel est fixé pour sept ans. Cela pour permettre au chef de l’Etat de mener à bien ses projets.

L’opposition est enfin là

La deuxième phase du dialogue a connu enfin la participation de l’opposition en exil. Beaucoup avaient fui le pays après la victoire de Sassou Nguesso, suite à la terrible guerre de l’été 1997, qui avait chassé du pouvoir Pascal Lissouba, démocratiquement élu en 1992. Il s’agit, entre autres, de Bokamba Yangouma, Augustin Poignet, André Milongo, Claudine Munari... Ils étaient tous dans des capitales africaines et occidentales. Bongo avait tout fait pour leur arrivée à Brazzaville. D’après lui il n’y avait pas de raison de ne pas prendre part à ce rendez-vous.

Que voulaient-ils au juste? L’hebdomadaire brazzavillois “Les Echos”, proche du pouvoir, écrit que «l’opposition extérieure s’attendait à un schéma comparable à celui de la Conférence nationale en 1991. Où il y aurait un partage de pouvoir avec le régime du président Sassou. C’est ainsi qu’ils ont tenté de multiplier les conditions de leur participation effective au dialogue national. Pour eux, le dialogue devrait se tenir au Gabon ou ailleurs, sauf à Brazzaville. Le retour des exilés devrait aussi se dérouler en présence des observateurs de l’Onu, l’Oua et de l’Union européenne et des Ong… Ils exigent également le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix au Congo avant le début du dialogue».

Ce grand rendez-vous s’est déroulé en l’absence de Pascal Lissouba et de son ancien ministre des Finances Moungounga Nguila, et de Bernard Kolélas, son éphémère premier ministre. A la différence des deux premiers, Kolélas tenait pourtant à regagner Brazzaville. Mais les autorités congolaises ont carrément refusé. Même le médiateur international, boudé par l’opposition, n’a pas voulu porter cette responsabilité de voir Kolélas à Brazzaville. On sait qu’en 1999, poursuivi pour «séquestration, viols, tortures, et blessures volontaires», il a été condamné par contumace à la peine capitale, par le tribunal de Brazzaville. Tandis que Lissouba a été condamné à 20 ans de réclusion. Avec son ministre des Finances, ils ont été reconnus coupables de complot visant à assassiner le chef de l’Etat Sassou.

Où iront les conclusions de ce dialogue? Personne ne le sait. Une chose est sûre: le peuple congolais est las des guerres inutiles. «Il est las aussi de tribalisme primaire…, las d’être tenu en dérision à la face du monde», a conclu Sassou.


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