ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 411 - 01/05/2001

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Ouganda

Lutte pour récupérer le capital perdu


ECONOMIE


Il fut un temps où tout le monde faisait l’impossible pour sortir son argent de l’Ouganda.
 Aujourd’hui, la situation a changé

L’Ouganda attire à nouveau les capitaux qui, à cause d’une économie stagnante, avaient été sortis du pays ou investis à l’extérieur par des politiciens et des hommes d’affaires. Par ailleurs, l’argent que les Asiatiques avaient emporté quand ils furent expulsés du pays en 1972 par le général Idi Amin, a trouvé doucement son chemin de retour. Selon des fonctionnaires de la Banque mondiale, cela aurait beaucoup contribué à redonner vie à l’économie ougandaise et à faire diminuer le nombre de gens vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Selon M. Robert Blake, directeur du Programme de la Banque mondiale à Kampala, l’afflux de capital venant d’Ougandais en dehors du pays a considérablement augmenté ces deux dernières années, devançant le café comme la source la plus importante de revenus en devises étrangères. «L’afflux du capital privé a été chaque année d’environ $ 700 millions, affirme-t-il. Les Ougandais qui ont fui le pays pendant les années chaotiques, rapatrient maintenant leur argent».

Ils investissaient ailleurs

Les difficultés économiques et querelles politiques du passé avaient dissuadé un nombre considérable d’Ougandais d’investir leur argent dans le pays. Ils avaient placé leur argent dans des banques étrangères ou investi hors du pays. Maintenant, une paix et une stabilité relatives sont revenues dans ce pays que Winston Churchill avait surnommé “La perle de l’Afrique”.

La fuite des capitaux devint très grave en 1972 avec l’expulsion (tristement célèbre, mais localement acclamée) des Asiatiques, qu’Idi Amin avait appelé “la guerre économique”. Voulant africaniser l’économie contrôlée en grande partie par les Asiatiques, Idi Amin leur avait donné 90 jours pour quitter le pays. Les copains d’Amin se partagèrent leurs investissements.

Toutefois, beaucoup d’Asiatiques avaient trouvé le moyen de sortir une partie de leur argent du pays et la plupart étaient partis avec leur capital vers la Grande-Bretagne, le Canada, les Etats-Unis ou le Kenya. Beaucoup sont maintenant revenus et font de gros investissements en Ouganda, s’assurant une place dans sa reprise économique.

Le retour du capital

Selon des responsables du Service ougandais des investissements, la plupart des nouveaux investissements faits dans le pays depuis 1986 appartiennent à des Asiatiques qui sont revenus. Sous l’impulsion des bailleurs de fonds, beaucoup d’entre eux ont récupéré leurs propriétés. Pour la Banque mondiale, ce n’est pas seulement le capital qui est revenu, mais aussi la compétence professionnelle. Parmi les Ougandais d’origine asiatique qui ont fait de gros investissements, il convient de noter le Groupe Madhavani, propriétaire de plusieurs compagnies dont une brasserie et une fabrique de sucre, et le Groupe Mehta qui lui aussi possède plusieurs compagnies, dont une banque commerciale et une fabrique de sucre. Ayant quitté le pays en 1972 après le fameux rêve d’Idi Amin, où Dieu lui aurait demandé d’expulser les étrangers, surtout les Indiens, les Madhavani avaient alors réussi à se construire une importante entreprise en Grande-Bretagne.

Un des secteurs clés dans lesquels les Asiatiques revenus se sont lancés, est celui du thé. Les anciens propriétaires font tout ce qu’ils peuvent pour récupérer leurs anciens domaines et les développer, ce qui a fait augmenter la production. Du chiffre dérisoire de 4 millions de kg au début des années 1980, on arrive maintenant à 27 millions de kg. Avant l’expulsion des Asiatiques, celle du thé était, après le coton et le café, une des trois industries qui faisaient rentrer le plus de devises.

Les efforts pour relancer le secteur du thé ont permis aux anciens propriétaires de reprendre leurs fermes, à l’industrie de se libéraliser, et à l’Etat de privatiser à nouveau les fermes lui appartenant. Ces efforts ont commencé à porter des fruits. Mais maintenant les fermiers doivent faire face à un autre problème: la forte concurrence des pays asiatiques, où la surproduction influence négativement les prix sur le marché international.

Ces dernières années, l’Ouganda bénéficie aussi de l’argent que les Ougandais à l’étranger envoient au pays. Beaucoup étaient partis pour s’installer en Europe et aux Etats-Unis, acceptant n’importe quel travail. Maintenant, ils gagnent suffisamment pour envoyer de l’argent chez eux, pour aider leurs familles et lancer des petites entreprises. En décembre dernier, certains d’entre eux ont même tenu un congrès à Kampala, pour discuter de ce qu’ils pourraient faire pour contribuer au développement de l’économie de leur pays.

Oui, les richesses de l’Ouganda, en nature et en personnes, sont en train de revenir au pays.


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