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Zambie Le MMD se lézarde |
POLITIQUE
Le Mouvement pour une démocratie multipartite (MMD), né en 1990 comme un
groupe de pression
et arrivé au pouvoir en 1991, est aujourd’hui dans le
pétrin, par sa propre faute
Sa fin imminente pourrait être causée par le débat en cours sur les amendements de la Constitution de la Zambie, qui devrait permettre au président Chiluba de se représenter pour un troisième mandat aux élections présidentielles d’octobre 2001. Les deux constitutions, celle du MMD et celle de la Zambie, limitent leur présidence à deux termes de cinq ans. Normalement, Chiluba pourrait donc rester au palais présidentiel jusqu’en octobre de cette année, mais pas au-delà.
Confusion dans les rangs
Le débat sur un troisième mandat de Chiluba comme président a provoqué des mêlées politiques et de la confusion, même dans les rangs du MMD. A Lusaka et dans les provinces méridionales, les réunions du parti ont rejeté la requête pour un troisième mandat; seuls quelques membres du parti, victimes de menaces et de violences physiques, ont manqué de courage et de confiance. Des conflits internes se sont généralisés, surtout dans les hautes sphères du parti.
Récemment, deux ministres de la tribu Tonga, de la province méridionale, M. Ackson Sejani, ministre pour les Gouvernements régionaux et le Logement, et le ministre adjoint de l’Intérieur, M. Edwin Hatembo, ont été relevés de leurs fonctions par le président Chiluba parce qu’ils s’étaient prononcés contre ce troisième mandat. On leur reprochait leur «impertinence et incitation à la haine tribale et au mécontentement».
D’autres signes de divisions au sein des fidèles du parti se sont montrés dans des déclarations du vice-président, le général Christon Tembo, et du vice-président du parti MMD et ministre de l’Education, le général de brigade Godfrey Miyanda. Le 1er mars 2001, lors d’un service à la Journée mondiale de la prière dans la cathédrale anglicane de la Sainte Croix à Lusaka, le général Tembo avait repoussé tout amendement “personnalisé” à la Constitution. Faisant allusion au troisième mandat, il avait dit: «La Zambie doit être gouvernée selon les termes de la Constitution… Ce pays appartient à tous les Zambiens. Il nous revient de le développer, de le gouverner selon les dispositions constitutionnelles et d’assurer notre crédibilité».
Corruption et abus
Parlant des différends cinglants et acerbes dans le MMD, le général Miyanda a dit: “Les dunes de sable se meuvent et s’entassent au hasard, mais elles peuvent aussi nous recouvrir et nous suffoquer avant la conclusion de ce débat”. Il ajouta encore que «tout ce “cirque du troisième mandat” sent la corruption et est un abus flagrant du mot “démocratie”, entortillant ses significations afin de promouvoir des procédés malhonnêtes pour favoriser un individu». Il est intéressant de noter que ces deux personnages ont choisi de s’exprimer ainsi quand le président Chiluba était en Libye, où il assistait au sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’OUA. On se demande si Chiluba prendra aussi des mesures disciplinaires contre ces deux membres des forces armées qui ont “commis la même offense” que Sejani et Hatembo.
Avant qu’il n’ait eu le temps d’étudier le contenu de l’implacable déclaration de Miyanda, le président Chiluba a dû encaisser un autre revers. Un de ses proches alliés, le ministre des Affaires juridiques, M. Vincent Malambo, a désavoué publiquement ce troisième mandat. Malambo, un Tonga de la province méridionale, insista: «La politique, le gouvernement constitutionnel et la démocratie exigent des règles fondamentales qui doivent être indépendantes des besoins des personnes actuellement en jeu. La Constitution est trop importante pour permettre de jouer avec elle. Elle n’est pas écrite dans le sable pour être effacée par chaque vague de l’opportunisme politique».
Le président Chiluba a aussi ses défenseurs. Le ministre de l’Information M. Newstead Zimba, porte-parole du gouvernement, fait remarquer que, bien que Chiluba ait permis de discuter le problème, il n’a pas encore pris la décision de prolonger son mandat. La société civile demande au président Chiluba de parler franchement et de dire clairement ses intentions, au lieu de jouer un astucieux jeu de cache-cache politique. Pourquoi Chiluba a-t-il permis un débat sur ses désirs d’un troisième mandat de président, mais a-t-il défendu formellement toute discussion sur la campagne pour la présidence du parti et le congrès du MMD, qui devrait déterminer l’avenir du parti et de ses chefs, avant les élections présidentielles et législatives en octobre de cette année?
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