ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 412 - 15/05/2001

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Congo RDC
Perspectives de paix


PAIX


Un nouveau vent s’annonce.
Des perspectives de paix se pointent à l’horizon pour l’an 2002

Le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville, deux Républiques sœurs de part et d’autre du fleuve Congo, n’ont jamais autant que ces dernières cinq années, parus liés par le même destin.

Hier, c’était la guerre au Congo-Brazzaville; aujourd’hui, les politiciens, anciens belligérants, ont rangé la kalachnikov et le treillis militaire pour entamer une confrontation politique dans une salle où l’on veut discuter réconciliation nationale.

A Kinshasa, sur la rive gauche du fleuve, on suit avec beaucoup d’attention et d’intérêt les empoignades politiques qui se déroulent à Brazzaville, car ici s’observe également une atmosphère d’après-guerre. Un vent porteur de paix s’annonce effectivement sur la République démocratique du Congo.

La paix semble possible

Les derniers affrontements armés ont été signalés dans la province de l’Equateur entre les forces gouvernementales et les troupes du FLC de Jean-Pierre Bemba. Depuis, confirme la MONUC (Mission d’observation des Nations unies au Congo), non seulement le front est calme mais aussi et surtout les troupes belligérantes, conformément aux accords de Lusaka, se sont repliées de 15 km de part et d’autre de la ligne de front.

«Quelque chose me dit que le retour à la paix est possible et pour un avenir assez proche. Je parie pour fin 2001». Jacques Lubwele, celui qui se confie à moi, est médecin.

Arrivé à Kinshasa depuis Goma, dans la foulée des réfugiés fuyant la guerre dite de libération de Laurent-Désiré Kabila en 1997, il s’occupe à Kinshasa de ses infortunés compagnons de malheur, les déplacés de guerre. Jacques Lubwele se préparait à rejoindre sa petite famille et sa clinique privée à Goma en 1998, quand une seconde guerre se déclenchait à partir de l‘Est. La mort dans l’âme, il a dû continuer son calvaire dans la capitale congolaise.

Mais depuis le début de l’année, Jacques Lubwele a repris espoir. Non pas parce que le président Laurent-Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier dernier, avait en décembre prophétisé que la guerre se terminerait avec l’an 2001, mais parce que sa disparition de la scène politique a permis des avancées significatives dans le processus de la paix.

«Je regrette que le président Kabila ait si tragiquement disparu de la scène politique, mais sa mort semble avoir rendu la guerre sans objet», me dit le Dr Lubwele. La majorité de ses patients, déplacés de guerre comme lui, pense exactement la même chose. Ils sont près de 2 millions à Kinshasa et 1 million disséminés à travers le pays. Il reste à savoir quand finira effectivement la guerre, et surtout quand les populations déplacées pourront retrouver leurs provinces respectives.

La médiation

L’irruption de Joseph Kabila sur la scène politique, en dépit des circonstances peu orthodoxes, s’est finalement révélée porteuse d’espoirs. Contrairement à son père, il a pris la rébellion à contre-pied et fait sauter les goulots d’étranglement. Il a relancé l’accord de Lusaka et invité à Kinshasa le facilitateur du dialogue intercongolais, le Botswanais Ketumile Masire, pour la reprise des discussions.

Plutôt satisfait de la rencontre, M. Masire s’est rendu, confiant, dans les différents quartiers généraux de la rébellion pour reprendre langue avec les chefs de guerre qui l’avaient soutenu contre vents et marées et spécialement contre le gouvernement Kabila père.

Revenu à Kinshasa, il a pu rencontrer les membres du gouvernement congolais, des hommes politiques, ainsi que des représentants de la société civile. Il s’agit de mettre toutes les parties d’accord sur la date et le lieu du dialogue intercongolais.

Entre ses deux séjours à Kinshasa, M. Masire a pu rencontrer les leaders de l’opposition armée, respectivement à Goma et à Beni. A Goma, le quartier général du RCD (Rassemblement pour la démocratie au Congo), le facilitateur a trouvé plutôt des mécontents, parce qu’il avait accepté le jeune président Joseph Kabila comme chef de l’Etat congolais.

A Beni par contre, où l’attendait M. Jean-Pierre Bemba, le leader du FLC (Front de libération du Congo), M. Masire a trouvé un terrain plus favorable et des oreilles plus attentives. Jean-Pierre Bemba s’est montré très favorable au dialogue intercongolais et dans les meilleurs délais.

Fin avril, a-t-il souhaité. Il est vrai que le leader du FLC est comme exorcisé par les résultats du “Symposium pour la paix en Afrique”, organisé par la société civile et les Eglises chrétiennes, et qui vient de se tenir à Butembo, à 50 kilomètres de Beni, fin février début mars derniers. Jean-Pierre Bemba y a publiquement demandé pardon à la population pour toutes les violences, crimes, massacres et pillages commis au cours de cette guerre.

Autre raison d’espérer, le déploiement de la MONUC. Les premiers contingents, composés d’Uruguayens, sont déjà déployés sur le terrain à Goma et Kalemie. Bientôt, ce sera le tour des troupes sénégalaises à Kananga et Mbandaka, et des Marocains à Kisangani. «C’est la première phase du programme», a déclaré le général Moutanga Diallo, le chef des opérations de la MONUC. Les phases suivantes seront entreprises en fonction de l’évolution des discussions politiques.

Offensive diplomatique

D’autres espoirs sont permis avec l’offensive diplomatique de Joseph Kabila sur les capitales occidentales et au Conseil de sécurité de l’Onu. «Je dois, dit-il, lutter contre l’isolement diplomatique dans lequel nous ont confinés les agresseurs de notre pays».

En effet, le discours politique et diplomatique congolais a changé, devenant plus responsable. Autant Laurent-Désiré Kabila s’était attiré les foudres de la communauté internationale par son discours marxisant, autant Joseph Kabila préfère un ton plus conciliateur.

Visiblement cela lui réussit, car toutes les portes s’ouvrent chaque jour davantage.

Du secrétaire général de l’Onu, M. Koffi Annan, au président français, M. Jacques Chirac, en passant par les dirigeants belges et le secrétaire d’Etat américain, tous les grands de ce monde semblent décidés à prêter l’oreille au nouveau discours de la République démocratique du Congo et disposés à lui venir en aide.

De son côté, la RDC prépare le terrain. Un nouveau code des investissements, ainsi qu’un nouveau code minier sont en cours d’élaboration et seront publiés incessamment.

On observe même des efforts pour libéraliser les activités politiques. Deux décrets-lois, tant décriés sous Laurent-Désiré Kabila et qui restreignaient les activités des partis politiques et les associations sans but lucratif, ont été remis en examen et vont probablement être amendés dans le sens d’une plus grande libéralisation, ou tout simplement abrogés.

Le gouvernement a de nouveau autorisé la libre circulation des organisations humanitaires et des missions diplomatiques à travers tout le pays. Les organisations humanitaires peuvent ainsi à nouveau s’occuper plus efficacement des personnes et communautés vulnérables où qu’elles se trouvent.

D’autre part, les ambassadeurs de France, des Etas-Unis, de Chine et de Russie ont pu se rendre, le 1er avril, à Beni pour y rencontrer M. Jean-Pierre Bemba, qui s’était montré quelque peu réfractaire au retrait de ses troupes dans la province de l’Equateur. Les quatre diplomates ont réussi à arracher à M. Bemba l’autorisation de navigation commerciale pour les bateaux sur le fleuve. Les bateaux devront battre pavillon de l’Onu.

C’est une concession de taille dans la mesure où elle permet aux habitants de la capitale d’accéder aux produits vivriers qui pourrissent dans les régions riveraines du fleuve entre Kinshasa et Kisangani. Elle permet également aux habitants de l’arrière-pays de s’approvisionner en produits manufacturés en provenance de Kinshasa.

Un plan belge

Pour sa part, la Belgique, ancienne puissance colonisatrice du Congo, entend profiter de sa prochaine présidence de l’Union européenne pour mettre en place un plan pour le développement intégré dans la région des Grands Lacs.

Le Dr Réginald Moreels, envoyé spécial du ministre belge des Affaires étrangères pour les problèmes humanitaires, vient d’effectuer une tournée d’un mois à travers toute la RDC, et plus spécialement dans les provinces du Kivu. Il compte exploiter cette brèche qui s’ouvre pour soulager les misères des populations de l’arrière-pays.

«La Belgique, a-t-il déclaré à la presse, va renforcer ses interventions humanitaires en RDC. Je suis particulièrement heureux que le FLC de Jean-Pierre Bemba ait autorisé la circulation sur le fleuve de bateaux et barges humanitaires battant pavillon de l’Onu. Je suis bien placé pour savoir que la RDC n’a pas besoin d’importer de quoi nourrir les Congolais. Nous ferons tout pour redynamiser les capacités agricoles des Congolais en sorte que le Congo se suffise à lui-même sur le plan de l’alimentation».

Il convient enfin de signaler la visite inattendue, à Kinshasa, le 2 avril 2001, d’une forte délégation ougandaise de haut niveau conduite par le ministre des Affaires étrangères, M. Eriya Kategaya. La délégation a clairement expliqué que pour l’Ouganda la guerre est terminée et qu’il se prépare à rapatrier tous les militaires engagés dans la guerre en RDC. Le ministre s’est dit également intéressé par la réouverture de l’ambassade de l’Ouganda à Kinshasa. Signalons qu’en dépit de la guerre, les ambassades de la RDC en Ouganda et au Rwanda n’ont jamais été fermées. La délégation ougandaise à Kinshasa était même accompagnée du chargé d’affaires de la RDC à Kampala.


Note de la rédaction 4 mai - Signature à Lusaka d’un accord entre le gouvernement de la RDC et quelques mouvements rebelles en vue du dialogue intercongolais. 7 mai -Après avoir rencontré M. Mugabe, président du Zimbabwe, le président du Rwanda, M. Kagame, déclare, à son retour, que le Rwanda et le Zimbabwe ont l’intention d’accélerer la fin du conflit congolais en vue de pouvoir aborder leurs problèmes intérieurs respectifs. 8 mai - Outragé par le rapport de l’ONU de fin avril, accusant l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, ainsi que les mouvements rebelles alliés, de piller les ressources naturelles du Congo, le président ougandais Museveni avait menacé de se retirer du processus de paix de Lusaka. Aujourd’hui, le ministre ougandais des Affaires étrangères annonce que son pays va retirer ses troupes des régions frontalières du nord et du nord-est du Congo, où elles appuyaient le FLC de J.-P. Bemba. L’Ouganda gardera tout de même une présence militaire dans les régions frontalières de Buta et de Bunia,  ainsi que sur le versant occidental (congolais) du Ruwenzori. Le ministre a aussi déclaré que l’Ouganda reste partie prenante dans les accords de Lusaka, malgré quelques réserves. — Le PAM dénonce une grave crise humanitaire en train de se développer au nord du Katanga. Une foule désespérée arrive dans cette région en quête de secours, après des années de privations dues au conflit. — Bien qu’il n’ait pas été invité à signer, le Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de libération (RCD-ML, d’E. Wamba dia Wamba) a salué la récente déclaration de principe signée entre le gouvernement de la RDC et les autres mouvements rebelles.    (ANB-BIA, 9 mai 2001)


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