ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 412 - 15/05/2001

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Swaziland

La fièvre aphteuse décime les bovins


VIE SOCIALE


 Les communautés de Tsambokhulu et de Mafuculu
sont nichées dans les vallées entre les montagnes de Mananga et de Lubombo,
dans le nord-est du petit royaume du Swaziland.
Pour elles, le bétail reste le symbole traditionnel et irremplaçable de la richesse
et leur seule source de revenus.

 Depuis le début de l’épizootie de la fièvre aphteuse dans cette région où sévit la misère, ces malchanceuses communautés rurales doivent assister impuissantes à l’abattage de leur bétail par les forces de sécurité, en vue d’endiguer cette redoutable épidémie. Michael Silombo qui possède 39 bovins, résume, tout furieux, la colère et le désespoir de tous ses collègues: «Comme je voudrais que ces soldats et policiers lourdement armés, que le gouvernement nous a envoyés pour abattre notre bétail, nous logent une balle dans la tête, pour que nous n’assistions plus à l’abattage de notre seule source de revenus dans cette région délaissée”.

Sans indemnisations

Les éleveurs de bétail, excédés, avaient d’abord rejeté la première directive venant du gouvernement, leur ordonnant d’abattre les bêtes sans aucune compensation. Un autre fermier, Samuel Mashele, raconte comment ils avaient empêché les vétérinaires de l’Etat d’abattre leurs animaux, car ils n’avaient reçu aucune notification du gouvernement. Et comment ils furent tout abasourdis quand le chef vétérinaire, Dr Xolani Dlamini, leur dit qu’il était venu pour abattre tous leurs bovins contaminés.

Essayant de calmer les fermiers furieux, Dlamini leur expliqua qu’on avait envoyé une délégation de vétérinaires chez le roi Mswati III pour l’informer de l’épidémie et pour lui expliquer quelles solutions envisager pour l’enrayer.

Mashele raconte: «Nous avons dit aux vétérinaires d’attendre le retour de cette délégation, avec une réponse du roi, avant de commencer à abattre les bêtes. Nous voulions une réponse satisfaisante quant au problème de l’indemnisation, avant de leur permettre d’abattre nos bêtes. Mais le gouvernement s’est montré totalement insensible à notre problème, et il refuse de nous indemniser pour notre seul moyen d’existence. Pourquoi ne suit-il pas l’exemple du gouvernement de l’Afrique du Sud, qui donne une compensation adéquate aux fermiers pour leur bétail infecté?».

Un samedi matin étouffant, j’ai visité Mafucula et Tsambokhulu. Je pouvais voir une foule de jeunes vachers conduisant leurs troupeaux pour être examinés, sélectionnés et vaccinés par les vétérinaires gouvernementaux. Des centaines de bêtes arrivaient, boitant, la bave coulant de leur museau. Le Dr Dlamini nous expliqua que ce sont là les symptômes de la fièvre aphteuse. Il insista aussi sur la nécessité de contrôler la propagation de l’épizootie pour le bien général de l’économie de tout le Swaziland. Vers l’heure de midi, ils avaient déjà identifié 230 bêtes infectées. «Il faut absolument que la population prenne cette la fièvre aphteuse très au sérieux, dit Dlamini. Le Swaziland risque de perdre ses quota d’exportation vers l’Union européenne. Cette épidémie est placée tout en haut de la liste des maladies bovines. Nous ne sommes pas venus pour détruire leurs animaux, mais pour sauver la situation. Tous ensemble, essayons de sauver ce qui est encore possible avant que l’épidémie ne décime la totalité du cheptel bovin du Swaziland».

On marque toute vache trouvée infectée en lui coupant le bout de la queue avant de la conduire au centre local d’abattage. Un éleveur assiste, sans pouvoir y croire, au marquage de neuf de ses vaches. Il se lamente: «Mes vaches, c’est tout ce que j’ai pour subsister, moi et ma petite famille. Je n’ai pas d’emploi. Je comptais sur mes vaches pour survivre. De temps en temps, j’en vendais une pour payer la scolarité de mes cinq enfants. Je les ai données en garantie à la banque pour avoir un prêt pour acheter des semences de coton. Que vais-je faire maintenant? Il ne me reste plus que trois vaches!»

Manque de pâturages

Comment la fièvre aphteuse a-t-elle pu arriver dans ce coin de l’Afrique? Silombo blâme ouvertement le gouvernement pour ne pas s’être intéressé au manque de pâturages à Tsambokhulu. Il explique que leurs pâturages leur avaient été enlevés pour être donnés à des gens déplacés de Ngomane à Mafucula. C’était au temps du roi Sibhuza qui, en 1982, ils les avait déplacés pour établir sur leur territoire la Corporation sucrière royale du Swaziland, mieux connue sous le nom de la plantation de cannes à sucre de Simunye.

Un autre fermier, Mpumelelo Mahlalela, confirme: «Quand ces gens de Ngomane sont arrivés chez nous, ils nous ont enlevé toutes nos terres fertiles et nos pâturages. Depuis lors, nous n’avons plus assez de pâturages pour notre bétail».

Selon une autre rumeur, la fièvre aphteuse se serait répandue au Swaziland à partir de l’Afrique du Sud; des fermiers auraient coupé les clôtures douanières. Mais, tout en admettant que leurs bêtes se rendent à Tsambokhulu ou Mbusini dans la province de Mpumalanga, en Afrique du Sud, les fermiers nient catégoriquement avoir touché aux clôtures qui séparent les deux pays. «Si quelqu’un est attrapé touchant à ces clôtures, nous nous occupons de lui comme il convient. D’ailleurs, les clôtures sont gardées nuit et jour, des deux côtés, par des soldats». Les éleveurs disent que les bovins passent d’eux-mêmes la frontière, en se faufilant dans des brèches dans les clôtures, là où le terrain est rocailleux, ou quand les animaux sauvages ont fait des trous en dessous des clôtures.

En tous cas, les éleveurs du Swaziland sont dans une mauvaise passe et le gouvernement semble ne rien faire pour les aider.


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