ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 413 - 01/06/2001

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Tanzanie

Comment servir deux maîtres?


ECONOMIE


Le milieu des affaires tanzanien demande au président Mkapa
d’améliorer son cadre d’action.
Pourquoi cette urgence?

La politique du libre-échange a poussé le milieu des affaires tanzanien à envoyer au gouvernement du président Benjamin William Mkapa un message qui équivaut à un avertissement«Vous pouvez servir deux maîtres importants, mais non pas aux dépens de votre propre maison!». De quoi s’agit-il?

Les hommes d’affaires veulent un changement rapide dans le cadre interne des affaires et pressent le gouvernement de passer aux actes. La Tanzanie est membre de deux communautés: la Communauté de l’Afrique orientale (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Depuis que le président Mkapa est arrivé au pouvoir en 1995, différentes réformes ont vu le jour. Le taux d’inflation est tombé de 35%, il y a 20 ans, à 6%. Ces changements ont attiré beaucoup d’investissements étrangers fort désirés, si bien que la Tanzanie est maintenant reconnue par les organisations internationales comme étant le “numéro un” des pays améliorant leur cadre d’affaires.

Mais le problème principal de la Tanzanie est: comment mettre en œuvre le protocole du libre-échange proposé par l’EAC et la SADC, sans nuire à ses propres industries naissantes. D’autres pays membres se sont mieux préparés pour absorber les retombées de l’application des zones de libre-échange. Ceci comprenait notamment la mise en place d’un système de taxation simplifié et des tarifs raisonnables pour l’énergie. En plus, ils ont appris à leurs populations respectives comment se lancer dans les affaires et comment négocier des affaires en compétition avec leurs voisins.

La situation en Tanzanie

En Tanzanie la situation est différente. Les tarifs de l’énergie sont les plus hauts de l’Afrique subsaharienne. Alors que les autres pays de la SADC et l’EAC ont déjà simplifié leurs systèmes de taxation (taxe d’importation, taxe sur la valeur ajoutée et taxes sur le revenu) le système de taxation de la Tanzanie fait beaucoup de tort au milieu des affaires.

Les taxes sont parfois perçues à l’avance. Les autorités présument que les entreprises font des profits dès leur fondation, et que par conséquent elles peuvent déjà être taxées. Les entreprises doivent aussi payer une licence pour pouvoir employer du personnel qualifié approprié, en plus de leur licence ordinaire d’exploitation. Pour le moment, dans la ville de Dar es-Salaam, la municipalité fait payer annuellement environ $3.000 pour le personnel qualifié étranger, et $375 pour les Tanzaniens. Cela augmente sensiblement les frais.

Conscient de ce fardeau, le gouvernement a promis de diminuer de 20 à 30% les tarifs actuels de l’énergie et de restructurer le système des taxes. Le milieu des affaires dit qu’il ne sera satisfait que lorsque le coût de l’électricité sera réduit à $0,6 l’unité. Son principal souci est cependant la lenteur du gouvernement à passer à l’acte. Il traîne les pieds sur les problèmes en cours, alors que les autres pays dans l’EAC et la SADC ne font qu’améliorer leur cadre des affaires.

Elvis Musiba, président de la Chambre de commerce, de l’industrie et de l’agriculture en Tanzanie, est inquiet: «Le gouvernement doit mettre d’abord sa maison en ordre, avant de ratifier le protocole des régions de libre-échange EAC et SADC. Pour cela, il doit vraiment s’attaquer aux problèmes».

Le milieu des affaires en Tanzanie n’a pas peur de la compétition, mais il veut être mis sur un pied d’égalité avec les autres pays membres. Cela peut se faire rapidement en enlevant les obstacles qu’il rencontre sur place. Mais ce pied d’égalité n’est pas facile à atteindre, parce que la Tanzanie doit d’abord, tout comme les autres pays de la SADC et l’EAC, supprimer les tarifs sur les produits entre les pays membres de ces deux zones de libre-échange prévues.

Beaucoup de ces problèmes auxquels les milieux d’affaires doivent faire face, seront probablement discutés après l’inauguration du Conseil national des affaires de Tanzanie. Mais la lenteur dont font montre ceux qui doivent prendre les décisions, pourrait fort bien faire rater la mise en œuvre de certaines promesses faites par le gouvernement.

Le coup d’envoi pour le tarif zéro à l’intérieur de la SADC avait été fixé au 1er septembre 2000; ensuite, les pays membres avaient reçu six mois en plus pour faire quelques changements au protocole, surtout en ce qui concerne les règles d’origine, et éliminer les taxes sur tous les produits. Les pays membres de l’EAC ont remis à plus tard la mise en œuvre des zones de libre-échange: elle aurait dû commencer l’an dernier, mais a été remise à la fin de cette année-ci.

De toute évidence les choses commencent à bouger et la Tanzanie devrait agir vite, ou bien elle risque d’être distancée par les autres.


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