ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 414 - 15/06/2001

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Afrique
L’Union africaine


OUA


L’Union africaine sera un organisme panafricain
avec de solides liens politiques et économiques,
qui devrait prendre la place de l’actuelle Organisation de l’unité africaine

La charte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) fut signée le 25 mai 1963 par les pays membres, avec les nobles objectifs de: promouvoir l’unité et la solidarité des Etats africains; défendre la souveraineté des Etats membres; faire observer les droits de l’homme; éradiquer la pauvreté et les vestiges du colonialisme.

Vingt-huit années plus tard (mars 2001), à l’invitation de la Libye, 52 dirigeants africains se sont rendus dans ce pays pour poser les fondations d’une Union africaine qui doit remplacer l’OUA, considérée comme désuète. Ils ont clôturé leur sommet avec la déclaration “Syrte II” sur l’Union africaine. Le secrétaire général de l’OUA affirma: «L’assemblée des dirigeants des Etats et des gouvernements, est fière de déclarer à l’unanimité la naissance de l’Union africaine».

En fait, l’Union africaine n’est pas encore née. Cela ne se fera que lorsque le Traité (signé en juillet 2000) lançant le nouvel organisme panafricain, sera ratifié par les deux tiers des Etats membres. Lors de Syrte II, 32 des 53 Etats membres de l’OUA avaient ratifié le Traité. Les autres retardèrent la signature à cause de certaines procédures légales.

Les institutions de l’Union africaine comprendront une assemblée des chefs d’Etat et des gouvernements, un conseil des ministres des Affaires étrangères ou des ministres chargés de l’Union, un parlement et une cour de justice.

Les Etats membres qui n’ont pas encore signé ou ratifié le Traité, sont supposés le faire avant le mois de juillet, date du sommet ordinaire de l’OUA qui aura lieu à Lusaka, en Zambie.

Un “plan Marshall” pour l’Afrique

L’Union africaine est notamment supposée fournir le cadre pour le lancement d’un nouveau plan audacieux, surnommé par le président de l’Afrique du Sud: «Le plan Marshall africain». Ce plan veut indiquer des voies pour faire face aux conflits, à la pauvreté et aux maladies du continent. Le président sud-africain Mbeki, le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le président nigérian Olusegun Obasanjo ont fait un avant-projet, qu’ils ont appelé «Programme du millénaire pour la renaissance de l’Afrique».

Cependant, certains dirigeants, comme le président sénégalais Abdoulaye Wade, ont déjà commencé à attaquer ce plan avant qu’il n’ait pris racine. «Nous n’avons pas besoin d’un plan Marshall, mais de quelque chose de neuf, dit le président Wade. Pourquoi parler d’un plan Marshall, alors que nous n’avons pas de routes, pas de ports de mer, pas d’aéroports. Pour ma part, je suggérerais un sommet mondial pour établir une autorité mondiale dont la tâche serait de développer les infrastructures et l’éducation en Afrique». Toutefois, en s’évertuant à établir l’Union africaine, les premiers pas nécessaires à la mise en œuvre du plan Marshall pour l’Afrique ont déjà été faits.

Pourquoi une Union africaine?

La question se pose: pourquoi établir une Union africaine, alors qu’il y a déjà l’OUA? L’Union africaine va-t-elle réussir là où l’OUA a échoué?

Assez ironiquement, pendant que les dirigeants africains discutaient de l’Union africaine, des conflits régionaux et ethniques continuaient à faire rage à travers le continent. Des milliers d’Africains noirs ont été déportés de la Libye, où se tenait le sommet. Des bandes de Libyens ont brutalisé des Africains noirs, les arrachant de leur voiture ou prenant d’assaut les endroits où ils travaillaient. C’était comme une campagne délibérée contre les travailleurs noirs.

Le procès de 331 personnes comprenant des Libyens et des travailleurs immigrés, principalement du Tchad, du Ghana, du Niger et du Nigeria, accusés d’avoir provoqué des troubles et de vouloir faire échouer les efforts de Kadhafi pour l’Unité africaine, fut suspendu pendant le sommet, pour ne pas trop embarrasser Kadhafi. Le gouvernement a accusé des Libyens aussi bien que des travailleurs noirs, d’avoir fomenté les violents affrontements de septembre, dans lesquels six personnes auraient été tuées.

Beaucoup de pays — l’Angola, le Congo RDC, la Sierra Leone, pour ne citer que quelques-uns — connaissent des agitations qui n’aident en rien la cause de l’Union africaine. Voilà presque 40 années qu’existe l’OUA, et elle a été confrontée sans cesse à des disputes qui ont failli la déchirer. Ces problèmes sont toujours là et l’Union africaine en héritera.

On ne peut pas le nier, le dirigeant libyen, le colonel Muammar Kadhafi, est sorti grand vainqueur de l’opération. La Libye a été très généreuse dans son aide financière aux pays africains plus pauvres. Elle a même réglé les arriérés financiers de dix pays membres, pour qu’ils puissent assister à la réunion et voter les résolutions de l’OUA.

L’établissement de l’Union est aussi un coup dur que Kadhafi a porté à l’Occident, en particulier aux Etats-Unis. Cela lui a donné l’occasion d’étendre son hégémonie sur tout le continent africain. Certains pays, comme le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, réclament déjà la levée des sanctions contre la Libye. Mais bien que l’Union africaine ne sera plus mise en doute, bien des questions restent sans réponse.

Espérons que l’Union ne deviendra pas un jouet entre les mains de Kadhafi pour régler ses comptes avec l’Occident!


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