ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 414 - 15/06/2001

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Malawi

Education: sombre avenir...


EDUCATION


Le secteur de l’éducation, parfois appelé «la locomotive du développement»,
s’est complètement dégradé et aucun signe ne montre qu’il se remettra sur les rails...

La moyenne de ceux qui ont obtenu leur certificat d’étude est tombée misérablement. En plus, une moyenne de 600 enseignants succombe chaque année au sida, entraînant l’enseignement au Malawi tout droit à la catastrophe. La commission d’enquête instituée par le gouvernement pour étudier les causes de ces problèmes, vient de faire son rapport. D’après ce rapport, les candidats aux examens pour le certificat d’étude du Malawi (MSCE) sont de moins en moins performants. Le rapport montre aussi toute une série d’erreurs profondément enracinées dans la politique de l’éducation, qui ont contribué à ces échecs massifs.

La faute est au président Muluzi

La commission, sous la conduite du pédagogue vétéran Lewis Malunga, blâme carrément le président Muluzi. Lors de sa campagne électorale, il avait promis la gratuité de l’éducation primaire, alors qu’il n’avait pas assez d’enseignants qualifiés. Ce qui fut un désastre pour l’enseignement. L’ambition du président était de rendre l’éducation primaire gratuite pour tous les enfants du pays. L’effectif des élèves est monté en flèche, et les écoles ont été submergées, sans que le corps professoral n’augmente pour autant. Ce n’est donc guère étonnant que l’enseignement ait perdu beaucoup de sa motivation.

Pour le moment, les écoles secondaires ont besoin d’au moins 12.000 enseignants. Mais il n’y en a que 4.968, dont 1.628 seulement sont qualifiés pour le secondaire. Les autres 3.340, bien que qualifiés pour le primaire, ont été requis pour enseigner dans le secondaire.

Dans son rapport de 100 pages, la commission de Malunga signale que c’est en rendant les écoles primaires gratuites, que les écoles se sont trouvées submergées d’élèves. Le gouvernement avait bien prévu cet accroissement dramatique et l’éventuelle surpopulation dans les écoles secondaires. Mais qu’a-t-il fait? En hâte, il a ouvert des écoles secondaires supplémentaires, qui n’avaient d’écoles que le nom. Elles n’avaient pas d’enseignants, pas de matériel scolaire, pas même de bâtiments. Alors, le gouvernement de Muluzi a sélectionné des instituteurs du primaire, il leur a donné une formation intensive de trois semaines, et les a affectés à des écoles secondaires.

Le rapport de l’enquête de Malunga note: «Ce fut le meilleur moyen pour aller droit à la catastrophe. Les commissionnaires croient que la baisse continue des taux de réussite dans les examens depuis 1995, a été causée par l’augmentation de candidats insuffisamment préparés». De 7.000 en 1990, le nombre des candidats pour le MSCE est monté en flèche, pour atteindre les 45.416 en 1999.

Cela n’a pas fait accroître les capacités des enseignants, indique le rapport. «Ce nombre croissant des candidats et des centres d’examens a surmené les ressources humaines disponibles, à tel point que la sécurité, le sérieux et la validité du MSCE ont été compromis», dit encore le rapport, qui souligne aussi qu’une mauvaise interprétation du mot “démocratie” a contribué à la baisse du niveau de l’éducation. L’absentéisme ne fait qu’augmenter, et les étudiants ont rejeté toute discipline au nom de la liberté d’expression.

Le rapport de Malunga recommande qu’on donne plus d’importance à la voix des parents dans l’éducation de leurs enfants et qu’ils participent aux frais: «Si les parents doivent contribuer aux frais pour l’éducation de leurs enfants, ils prendront plus à cœur de s’assurer que les écoles sont bien gérées et ont assez de matériel scolaire».

Le rapport vient à point nommé. En 1999, le pourcentage de ceux qui avaient réussi leurs examens était de 30%. En 2000, il n’était plus que de 13%, le niveau le plus bas jamais connu. Cette année, les résultats n’ont guère été meilleurs: seulement 19,7%. Les pédagogues disent que cela prendra des années pour que le système d’éducation reprenne le dessus, parce que la formation d’enseignants bien qualifiés requiert beaucoup de temps.


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