ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 414 - 15/06/2001

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Congo-Brazzaville

Réconciliation et élections


DEMOCRATIE


Le dialogue intercongolais, tenu du 17 mars au 14 avril 2001,
vient de tourner une page dans l’histoire du Congo-Brazza,
ouvrant la voie à l’organisation d’élections pluralistes
qui doivent doter le pays d’institutions démocratiques

La signature à la mi-avril de la Convention pour la paix et la reconstruction par plusieurs forces vives du Congo, vivant tant à l’intérieur qu’à l’étranger, devrait relancer le processus électoral interrompu dans ce pays par les guerres qui l’ont secoué depuis 1997.

D’après l’esprit de cette convention nationale, l’organisation des différentes élections, le déroulement des campagnes électorales et la proclamation des résultats doivent se faire dans la paix et la transparence. Pour qu’il en soit ainsi, il est nécessaire que:

Le processus électoral

Le processus électoral interrompu depuis 1997 commencera par un référendum sur le projet de la nouvelle Constitution élaboré par le gouvernement et approuvé avec des amendements par les participants au dialogue national. De sources proches du gouvernement, on apprend que ce référendum pourrait avoir lieu en juin 2001.

Le projet, quant à lui, doit au préalable être adopté par le Conseil national de transition (Parlement de transition) en mai 2001, après que le gouvernement aura “nettoyé” le texte sur la base des amendements soumis par les délégués au dialogue national. Les élections présidentielles pourraient avoir lieu en décembre 2001, et les élections générales en 2002.

Les élections au Congo-Brazza ont souvent provoqué des remous sociaux aux conséquences déplorables. En témoignent les affrontements meurtriers qui ont eu lieu en 1993, au lendemain des élections législatives anticipées dont les résultats étaient contestés par l’opposition.

«Pour le cas présent, pense Ngami, juriste, la future commission d’organisation des élections semble se différencier de celle qui avait supervisé les scrutins en 1992-1997. Ces commissions avaient, en effet, des pouvoirs très vastes, allant de l’organisation du recensement administratif à l’établissement des listes des électeurs et au dépouillement des résultats. Tel n’est pas le cas actuellement. La future commission ne pourra pas organiser le recensement administratif, qui sera confié au ministère de l’Intérieur et de l’Administration du territoire».

Impact

Pour que les futures batailles électorales se fassent sans failles, l’opposition extérieure congolaise, représentée par le Front patriotique pour le dialogue et la réconciliation d’Augustin Poignet, ancien Premier ministre, a soumis au président Nguesso une série de suggestions portant sur la mise en place d’une nouvelle transition basée sur le consensus, la nomination d’un Premier ministre, la formation d’un gouvernement de large union nationale et une loi d’amnistie générale.

Mais l’idée d’amnistie générale a tout de suite été rejetée par les milieux proches du pouvoir, affirmant que Sassou Nguesso avait déjà amnistié certains auteurs des faits de guerre en 1999. «Cela ne pourra plus se répéter», entend-on dans les milieux proches du pouvoir, en dépit de l’acceptation dans leurs rangs d’un bon nombre d’exilés, rentrés au bercail à la faveur du dialogue.

En tous cas, le dialogue national vient d’ouvrir la voie au processus électoral. Ceci par la volonté des Congolais qui, se souciant de leur nation, se sont retrouvés entre eux pendant près d’un mois pour débattre de l’avenir de leur pays. Toutefois, jusqu’aujourd’hui, aucune candidature à l’élection présidentielle n’a été enregistrée, même pas celle de l’actuel chef de l’Etat, Denis Sassou Nguesso, bien qu’André Milongo, ancien Premier ministre, ait exprimé son intention de participer à toutes les élections qui seront organisées au Congo.

Vers la réconciliation

Le dialogue national a permis au Congo de réconcilier les Congolais entre eux et de prendre un nouveau départ. Le dialogue est un processus qui peut perpétuellement se poursuivre. «Après les engagements pris, le processus électoral ne connaîtra plus de remous comme par le passé. Des remous de nature à vouloir remettre en cause la paix qui se rétablit progressivement dans le pays», confie un opposant congolais après 4 ans d’exil en France. Et un autre d’ajouter: «Après le dialogue, les partis politiques reprendront le rôle qui est le leur: solliciter pacifiquement les suffrages de leurs électeurs». Les étudiants congolais en tirent une conclusion toute simple: «Mettre fin aux transitions interminables, surtout quand elles sont flexibles, laissant la place au jeu démocratique, où le peuple choisit lui-même ses représentants aux différentes institutions du pays».

Après une décennie d’apprentissage démocratique, ayant malheureusement provoqué plusieurs guerres fratricides, le Congo-Brazza a de nouveau pris rendez-vous avec l’histoire démocratique. Une histoire caractérisée par la retrouvaille des Congolais autour d’une même table pour plancher sur les maux qui minent leur nation. Mais la triste note de ce vaste mouvement de réconciliation, c’est l’absence des “gros bonnets” de l’opposition congolaise en exil aux travaux du dialogue national. Ces exilés se sont exclus du processus de paix par leurs propos jugés peu conciliants par les gouvernants actuels.


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