ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 414 - 15/06/2001

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Zambie

Une confiance trahie


POLITIQUE


Le président Frederick Chiluba va-t-il se présenter pour un troisième mandat de cinq ans?
En ne faisant pas connaître ses intentions, il trahit la confiance
que beaucoup de Zambiens avaient placée en lui.

Se présenter pour un troisième mandat constitue une violation de la Constitution de la Zambie, qui limite la présidence du pays à deux termes de cinq ans. Chiluba avait affirmé qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat, après dix ans de pouvoir; mais maintenant il semble avoir oublié la déclaration qu’il avait faite à ses partisans, en 1996: «Quand mon mandat arrivera à sa fin, n’essayez pas de me retenir au pouvoir; quand on devient vieux, on commence à manquer d’idées». Il avait même appelé ses homologues africains à ne pas s’accrocher au pouvoir, en disant: «Cette pratique engendre la dictature».

Malgré ces déclarations, il n’a cependant pas empêché la poursuite du débat sur un changement de la Constitution, demandé par certains partisans du Mouvement pour une démocratie multipartite (MMD), pour qu’il puisse se présenter pour un troisième mandat.

Les amendements à la Constitution

Il faut savoir que la Constitution zambienne a déjà été changée trois fois.

La première fois, c’était en 1970, pour inaugurer un Etat à parti unique. Le gouvernement du président Kenneth Kaunda avait justifié cette interdiction des partis de l’opposition, soi-disant pour sauvegarder l’unité nationale.

Le deuxième changement a eu lieu en 1990, quand les vents de la démocratie soufflant à travers l’Afrique ont forcé Kaunda à abroger l’article 4 de la Constitution et à réintroduire le multipartisme.

Le troisième changement est intervenu lorsque Kaunda, qui s’était retiré de la politique, voulut y revenir. Plusieurs pensent que le but visé par ce troisième amendement était de l’empêcher de s’opposer à Chiluba. On introduisit donc dans la Constitution un article interdisant aux Zambiens de première génération d’être candidats à la présidence (les parents de Kaunda étaient originaires du Malawi).

Si ce débat en cours aboutit, ce sera le quatrième changement en 37 années d’indépendance!

Selon Sylvia Masebo, ancienne dirigeante du MMD et actuellement secrétaire générale du Parti républicain, le débat sur le troisième mandat n’est pas fortuit, il a été lancé par Chiluba en personne, en vue de rester en fonction. Et elle insiste: «Tous les partis et groupes de l’opposition doivent s’unir pour contrecarrer les machinations de Chiluba, ainsi que les personnes qui ont été expulsées du MMD».

Une nation divisée

En fait, le débat en cours divise la nation. Même les dirigeants du MMD sont divisés entre eux. Un groupe mené par le vice-président Christom Tembo s’est élevé contre le troisième mandat de Chiluba. Tembo est un des 59 parlementaires (dont 43 du MMD), qui, le 11 avril, ont signé une déclaration rejetant un troisième mandat pour le président Chiluba.

Un autre signataire éminent est Godfrey Miyanda, ministre de l’Education de base et vice–président du MMD. Et 22 membres du comité exécutif national du MMD se sont également déjà opposés à tout changement de la Constitution.

Les réactions du gouvernement

Pour exprimer la désapprobation nationale à l’égard des intentions du président, on a invoqué le pouvoir du peuple. Des coups de klaxon et de sifflets ont retenti dans les rues des principales villes, et tous ceux qui sont contre les intentions de Chiluba ont été invités à porter un ruban vert.

Cela a provoqué de fortes réactions de la part des autorités. La police patrouille dans les rues et arrête les conducteurs qui klaxonnent et les personnes qui sifflent. Ils sont accusés “d’atteinte à l’ordre public” et ne sont relâchés qu’après avoir payé une amende, admettant leur culpabilité. La police refuse aussi de donner à toute organisation, même parrainée par l’Eglise, l’autorisation d’organiser des rassemblements contre le troisième mandat.

Chiluba a déjà viré quatre de ses ministres qui s’étaient publiquement opposés au troisième mandat. Il est à craindre que d’autres têtes tombent avant les élections, prévues vers la fin de cette année. Il a aussi “mis à la retraite” six officiers supérieurs des services de sécurité et des renseignements zambiens.

Un groupe de jeunes cadres MMD a fait son apparition sur la scène. Ils se sont surnommés le “corps expéditionnaire du MMD” et leur but est de mener la campagne en faveur de Chiluba. Certaines de leurs actions ont déjà été condamnées. On les a notamment accusés d’insultes raciales à l’égard de Dipak Patel, parlemententaire de Lusaka central. On les accuse aussi, lors d’un récent congrès MMD de la province du Sud, d’avoir attaqué un autre Zambien-Indien, le ministre de l’Agriculture, Suresh Desai. Ces actions ont poussé le ministre de la Justice, Vincent Malambo, à demander leur arrestation. Malambo décrit leurs insultes raciales comme une infraction à la section 70 du code pénal, qui criminalise les insultes raciales.

L’état d’urgence a déjà été officieusement invoqué. Les personnes se trouvant dans les rues ou sur le pas de leur porte après 22 heures, sont arrêtées et emprisonnées. Elles sont accusées de “rôder avec intention de délit” et ne sont relâchées qu’après payement d’une amende.

Vraiment, il y a de quoi s’inquiéter en Zambie!


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