ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 415 - 01/07/2001

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Sierra Leone
Le gouvernement vivement critiqué


POLITIQUE


En mars dernier, le gouvernement du président Ahmed Tejan Kabbah terminait officiellement
son mandat. On demande maintenant avec persistance qu’il organise des élections

Grassroots Awareness (La conscience de la base -GA) est une organisation politique qui déclare avoir des membres dans tous les milieux de la Sierra Leone. Elle est le protagoniste principal d’une campagne pour la tenue des élections. Le 28 mars dernier, ses partisans avaient voulu organiser une manifestation, mais le quartier général de la police de Freetown leur en a refusé l’autorisation.

La soi-disant tentative de coup d’Etat

Comme on pouvait s’y attendre, le Parti du Front révolutionnaire uni (RUFP), dont l’aile militaire est engagée depuis plus de dix ans dans une guerre contre les gouvernements successifs, a appuyé la position prise par GA. Mais, la veille du jour prévu pour cette manifestation, certains membres du Front révolutionnaire uni (RUF) ont été arrêtés sur base de lettres soi-disant compromettantes, et incarcérés à la prison de la rue Pademba. Des membres du conseil exécutif de GA ont été également interpellés et trouvés en possession de lettres indiquant leurs liens avec le RUF.

Toute cette affaire a été qualifiée de “tentative de coup d’Etat” et la manifestation du GA interdite. Le GA avait en effet menacé de manifester même sans la permission requise. Les membres de son exécutif furent relâchés plus tard, sans qu’aucune charge soit retenue contre eux. Ils ont alors accusé le gouvernement d’avoir machiné cette intrigue pour les empêcher d’organiser leur manifestation. «Toute cette affaire a une raison politique», ont-ils affirmé. «Les autorités savaient que si nous avions organisé cette manifestation, la population aurait pris conscience qu’il était plus que temps d’avoir des élections. En 1996, nous étions dans une situation de guerre, mais les Sierra-Léonais, même le Parti populaire de la Sierra Leone (SLPP), réclamèrent des élections, et elles eurent lieu. Alors, pourquoi pas maintenant?».

Le SLPP ne veut pas d’élections

Selon GA, le gouvernement SLPP a peur de nouvelles élections, il a peur de les perdre. C’est aussi la conviction de beaucoup de politiciens en vue, comme Abdul Rahman Kumafa de l’Alliance populaire pour la démocratie, un parti qui vient d’être formé, et John Benjamin du Parti de l’Unité nationale. Les membres du RUFP ont déclaré que, malgré l’emprisonnement de leur leader Foday Sankoh, ils prendront part aux élections si elles ont lieu. Etant donné que les trois quarts du pays se trouvent sous le contrôle du RUF, les observateurs politiques pensent que le RUF intimidera les électeurs, gagnant ainsi très probablement les élections.

D’autre part, vu son incapacité de mettre fin à la guerre, le SLPP a fortement perdu de la popularité dont il jouissait auparavant. En plus, la corruption généralisée et l’énorme inflation qui sévit dans le pays, jouent également contre le gouvernement. Des critiques en rejettent la responsabilité sur Kabbah car, disent-ils, il prend des décisions qui ne correspondent pas aux réalités.

Le mécontentement ne fait que croître dans les populations de l’est et du nord du pays. Elles ont l’impression d’avoir été abandonnées par le gouvernement, incapable de les délivrer de la domination barbare des rebelles du RUF. Même si, depuis les récents accords d’Abuja (Nigeria) entre le gouvernement et le RUF, les troupes de l’ONU ont commencé à se déployer dans certaines régions du nord contrôlées par le RUF.

Les défis du SLPP

Le parti SLPP du président Kabbah a-t-il des chances de gagner les prochaines élections? Le plus grand grand défi pour le SLPP, toutefois, est sa propre division en deux factions, celle de Kabbah et celle de Margai.

Ce dernier est actuellement ministre de la Sécurité. Il avait déjà brigué la direction du parti lors des élections de 1996, mais il en était sorti perdant, à cause de circonstances que lui-même décrit comme «malveillantes». Pour le moment, il se bat pour la direction du parti dans les élections en vue.

Ce parti est généralement considéré comme le «parti traditionnel» des méridionaux, qui dominent dans le gouvernement et dans le parti. Celui-ci aura donc toutes les peines du monde à gagner le support des voix des électeurs du nord et de l’est, qui eux aussi ont leurs partis traditionnels.

Les critiques pensent que le gouvernement de Kabbah sait très bien que tout est contre lui. C’est pourquoi il s’accroche à un article de la Constitution de 1991, qui donne au gouvernement, en temps de guerre, le pouvoir de prolonger son mandat, à n’importe quel moment, pour une période ne dépassant pas les six mois. On pense que le gouvernement pourrait tirer profit de l’ambiguïté de cet article pour s’accrocher au pouvoir, sous prétexte qu’on est toujours en état de guerre. «Après les six premiers mois, le gouvernement pourra de nouveau prolonger son mandat pour une autre période de six mois...», dit un membre de l’exécutif du GA. Mais d’autres sont convaincus que, vu ses qualités de meneur d’hommes, le président Kabbah a des chanches de porter le SLPP à la victoire des prochaines élections.

Le président Kabbah a déclaré à plusieurs reprises qu’il préfére que les élections aient lieu après le retour de la paix. Cela permettrait aux personnes déplacées de se réinstaller dans leurs communautés. Le président semble avoir l’appui de l’opposition, qui l’a totalement soutenu dans les discussions sur des questions cruciales débattues au Parlement. Elle l’a ainsi soutenu quand le gouvernement a présenté le projet de prolonger son mandat.

Il y a encore une lueur d’espoir pour les Sierra-Léonais. Le RUF et le gouvernement se sont rencontrés le 2 mai 2001 au Nigeria, à Abuja. Leur dernière rencontre avait eu lieu en 1996. Tout comme à d’autres réunions, le but était de discuter des propositions de paix et de la future politique du pays, ainsi que du déploiement en cours des troupes de l’ONU dans les régions contrôlées par le RUF. Cela semble indiquer que les Sierra-Léonais pourraient connaître bientôt un répit après dix années de guerre civile.


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