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Kenya |
DROGUE
On a tendance à associer l’abus de la drogue dure aux pays développés.
Pourtant,
ces dernières années, cette menace s’est infiltrée aussi dans les pays
moins développés
de l’Afrique subsaharienne, notamment au Kenya
Devant l’ampleur du problème de la drogue, les experts commencent à s’inquiéter. Le pays n’a pas les infrastructures nécessaires pour en endiguer la diffusion, et n’est pas en mesure de soigner les intoxiqués, ni, moins encore, de les réhabiliter. Le plus tragique, c’est que ce sont les jeunes qui en sont le plus atteints. Une étude récente, indique que 92% des adolescents et des jeunes adultes kényans ont essayé la drogue à quelque moment de leur vie.
Ce rapport, intitulé “Les adolescents et l’abus de la drogue au Kenya: son impact sur la santé reproductive”, révèle plusieurs sortes d’abus et d’intoxications. Il mentionne la bière, l’alcool, le tabac, une bière locale appelée busaa, le cannabis sativa (bhang), les narcotiques inhalants et les drogues euphoriques. Tous ces produits font des ravages parmi la jeunesse du Kenya: 23% des jeunes consomment de la bière et des alcools, 19% fument des cigarettes, 16,6% boivent du busaa, 10,9% boivent la chang’aa, une autre bière forte locale, 9,3% fument du cannabis, 3% prennent des narcotiques et des euphorisants.
Le Rapport mondial 2000, du Programme international de l’Onu pour le contrôle des drogues, place le Kenya parmi quatre nations africaines notoires pour leur consommation ou leur fabrication de narcotiques. Le port de Mombasa serait la plaque tournante la plus importante pour l’Afrique, avec Dar es Salaam, Maputo et Durban, les plus grands points de transit de drogue.
Un paradis pour les trafiquants
Avec ses 1.000 km de côtes, le Kenya est le pays idéal pour les trafiquants. Son littoral, parsemé de milliers de petites îles, d’îlots et d’estuaires, est très peu surveillé par la police. De temps en temps une frégate patrouille le long des frontières de la Somalie et de la Tanzanie, mais le reste du littoral est un paradis pour les trafiquants. L’archipel de Lamu, près de la frontière avec la Somalie, est l’un des points les plus renommés. La drogue, immergée en pleine nuit en haute mer, est d’abord apportée à la côte par des boutres; ensuite, elle est transportée à Mombasa et Nairobi, d’où elle rejoint la filière de la contrebande vers les marchés internationaux.
Le bhang, dont on fume les feuilles séchées, se cultive un peu partout. C’est la drogue dont on abuse le plus. Après avoir été traité, il est vendu sous forme de haschisch. Actuellement, on trouve au Kenya presque toutes les drogues dures. L’héroïne est la plus demandée parce que plus abordable et facile à trouver. D’après des estimations récentes de la police, le Kenya produirait chaque année 80 tonnes de bhang, d’une valeur marchande de Ksh 1.000 ($12,82) par kilo. A un certain moment, un sachet d’héroïne se vendait Ksh 600 ($7,69); mais l’accroissement de l’offre a rendu les prix plus abordables.
Le khat (catha edulis), connu aussi sous le nom de miraa, est une autre drogue très répandue au Kenya. Non seulement il réduit à un état léthargique le corps et l’esprit de celui qui le prend, mais il le pousse aussi à consommer plus d’alcool et de cigarettes. Toutefois, vu sa grande importance économique pour les fermiers et les marchands, toute tentative d’en restreindre l’usage créerait beaucoup de résistance dans les régions où il est cultivé.
Les services locaux de lutte contre la drogue s’inquiètent, car leur pays sert de plaque tournante entre les fournisseurs de l’Asie et les consommateurs dans les pays industrialisés occidentaux. La police se plaint de son manque d’équipement et de l’inefficacité du système judiciaire, qui entravent sa lutte contre les trafiquants. Selon le procureur général du Kenya, M. Amos Wako, les trafiquants de drogue sont bien mieux équipés que ceux qui doivent faire appliquer la loi.
Un autre aspect troublant est que de hautes personnalités se cachent derrière ces cartels de la drogue. Une des régions les plus connues pour la culture du bhang est située sur les versants du mont Kenya. On croit savoir qu’un puissant cartel y est responsable de cette culture.
Récemment, Mgr. John Njue, évêque catholique du diocèse de Embu, a déclaré que, derrière la culture du bhang dans les forêts du mont Kenya, il y a des gens riches et “intouchables”. Les habitants du coin le pensent aussi et s’étonnent de voir ces “magnats de la drogue” transporter impunément leur bhang vers Nairobi et Mombasa, sans jamais être découverts par la police. Ils disent que, nuit et jour, des bandes armées de flèches empoisonnées gardent ces plantations, localisées surtout dans les environs d’Embu et de Meru. D’une surface d’un hectare ou deux, elles sont éparpillées dans des endroits discrets de la forêt, à l’accès difficile.
Quelles mesures prendre?
Selon le directeur de l’Unité anti-drogue, M. Michael Jackobam, en 1998 la police aurait découvert et détruit dans la région quelque 175 hectares de bhang. En 1999, 100 autres hectares ont été détruits. En 2000, la police avait proposé des plans pour pulvériser par avion les plantations de bhang de la région. Mais les écologistes locaux se sont insurgés avec véhémence, car ce serait une catastrophe pour l’écosystème local. Le coordinateur du mouvement vert du Kenya, le Pr. Wangari Maathai, a affirmé que pulvériser ces cultures était peut-être un moyen radical pour résoudre le problème, mais que cela pouvait constituer un grave danger pour l’environnement.
On a tout de même pris certaines mesures. Le gouvernement a ainsi créé l’Unité anti-drogue, avec mission d’enquêter sur les délits liés à la drogue. On a adopté le décret de loi instituant le contrôle des narcotiques et des substances psychotropes. On a établi un comité permanent interministériel de coordination, pour formuler une politique et une stratégie nationale de contrôle des drogues. La police de trois pays de l’Afrique de l’Est, le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, a également décidé de synchroniser et d’intensifier la lutte contre les magnats de la drogue et les trafiquants.
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