ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 417 - 01/09/2001

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Kenya
Insécurité et armes légères


VIOLENCE

L’insécurité est un des plus gros problèmes
que doit affronter le Kenya aujourd’hui

Il ne se passe pas une semaine à Nairobi sans qu’il y ait une fusillade entre la police et des gangsters armés. Selon le Forum africain pour la paix, rien qu’à Nairobi — une ville de deux millions d’habitants — il y aurait 5.000 armes à feu illégales. Les caches d’armes les plus connues se trouvent dans les cités de Eastleigh, Kayole, Zimmerman, Dandora et la zone de Kawangware. Mal équipée, la police a toutes les peines du monde à protéger efficacement les résidents de Nairobi, et ses membres sont eux-mêmes exposés à de graves dangers.

Dans la province du nord-est, les armes font la loi et l’insécurité ne fait que croître. La même chose vaut pour les régions plus éloignées de la province du Rift Valley, où les membres des communautés Tutkana, Samburu, Murakwet et Pokot se procurent systématiquement des fusils pour se protéger, ainsi que leur bétail, contre les incursions des voleurs venant des communautés voisines. D’autres bandes hostiles franchissent les frontières venant des pays voisins.

Les statistiques de la police indiquent que les attaques à main armée, tels que hold-up, carjacking et cambriolages ont fortement augmenté ces dernières années. On trouve maintenant des armes à feu dans les régions rurales, où jusqu’ici les criminels ne disposaient que d’armes rudimentaires.

Les réservistes armés

Dans certaines régions, le problème est devenu si sérieux, que le gouvernement a autorisé la population locale à s’armer pour pouvoir se défendre contre ces incursions. Le gouvernement a aussi armé les réservistes de la police dans les régions éloignées, en vue de renforcer la sécurité. Le plan était de faire participer la population locale à sa propre protection.

Mais il s’ensuit que ces fusils, distribués à la hâte aux réservistes, servent aussi à attaquer les voisins et les entreprises. Comme la plupart de ces réservistes ne sont pas payés, ils utilisent les armes pour des attaques, alors qu’elles devraient assurer la sécurité de la région et protéger les familles.

Le coordinateur de la commission Justice et Paix du diocèse de Kitale, le père Gabriel Dolan, est inquiet. Il dit qu’en donnant des armes à un si grand nombre de réservistes, mal disciplinés et souvent pas payés, on a créé un sérieux problème; des politiciens peu scrupuleux, avides de pouvoir, pourraient facilement les enrôler dans une milice privée.

On ne sait pas au juste comment ces réservistes sont recrutés. Dans une circonscription administrative de la province du Rift Valley, 35 habitants ont donné récemment l’équivalent de $1.491 à leur chef, qui les a remis à l’officier en charge des policiers locaux, pour qu’il les recrute en tant que réservistes. La plupart de ceux-ci ne savent ni lire ni écrire. Quand on leur distribue des munitions, ils doivent apposer leur pouce sur le registre, en signe de signature, pour attester qu’ils ont reçu 100 cartouches, alors qu’en fait ils n’en ont reçu que vingt. Des policiers corrompus sont souvent impliqués dans la vente de munitions.

Le désarmement

Récupérer les fusils distribués n’est pas une sinécure. Pour démobiliser les réservistes, il faut beaucoup de préparations, de négociations et de bonne volonté.

En mai dernier, après des mois de luttes intertribales au nord de la province du Rift Valley, le président Daniel Arap Moï a exigé la restitution des armes de tous ceux qui possédaient des fusils sans certificat. Un seul vieux fusil fut rapporté à la police!

Ainsi, les anciens de la communauté Pokot, une population pourtant mêlée à des incursions et du vol de bétail chez ses voisins, ont rétorqué avec défi qu’en remettant leurs armes, ils s’exposaient aux attaques de leurs ennemis, les Marakwets, les Turkanas et les Karamonjongs du nord-est de l’Ouganda.

Des sources sûres indiquent que 50% des munitions employées dans le nord du Rift Valley, proviennent des stocks du gouvernement.

Une autre question se pose. Si on ne compte pas les fusils distribués “officiellement” par les autorités, d’où viennent toutes les autres armes? A Nairobi et dans les villes frontalières, on achète facilement chez les trafiquants des armes meurtrières, y compris les terribles AK-47 et autres armes fabriquées en Russie.

Certains milieux craignent qu’une usine de munitions, construite près de la ville d’Eldoret par le gros armurier belge FN Herstal, puisse vendre des munitions aux détenteurs d’armes illégales. Bien sûr, le gouvernement le nie. L’usine d’Eldoret peut fabriquer vingt millions de cartouches par an.

Selon la police, certaines mafias sont impliquées dans le trafic d’armes importées des pays voisins. Elles se servent de camions-citernes et de camions à bestiaux. Les réfugiés armés qui, de plus en plus, viennent se réfugier au Kenya venant des régions de la Corne d’Afrique et des Grands Lacs, constituent une autre source d’armes.

Il est plus que temps que les pays avoisinants développent ensemble une politique de contrôle des armes et de la sécurité. Il faudrait aussi reconnaître le rôle traditionnel important des anciens dans la conduite des conflits. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que la sécurité de la région pourra être assurée.


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