ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 418 - 15/09/2001

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Ouganda
La bataille du sida


SIDA

Des organisations de femmes ougandaises s’inquiètent d’un projet
qui veut donner à des milliers de femmes enceintes une seule dose de Nevirapine
pour ne pas passer le virus à leur enfant.

Un projet destiné à protéger du sida les enfants de femmes enceintes, prévoit l’administration de Nevirapine aux futures mamans. Mais il  exclut les femmes qui s’occupent des orphelins du sida. Cette exclusion inquiète beaucoup Mme Beatrice Were, coordinatrice de Conseil national des femmes sidéennes, surtout dans un pays qui, faute de moyens, ne peut pas s’occuper de ces orphelins. La Commission ougandaise du sida estime leur nombre à près d’1,7 million, et beaucoup d’entre eux sont dans la rue.

Le cri d’alarme de Mme Were intervient au moment de la découverte du risque de mort précoce pour les mamans, à cause du syndrome d’épuisement maternel: déjà affaiblies par le virus et l’accouchement, elles s’épuisent par l’allaitement. Au début de cette année, la revue londonienne Lancet citait une étude kényane selon laquelle il y a 69% de risques de mort maternelle après six semaines d’allaitement.

Une autre activiste dans la lutte contre le sida, Mme Winnie Mwebe, critique le gouvernement pour son information insuffisante en la matière, ce qui empêcherait les femmes de faire des choix conscients. Elle affirme: «Alors que la monothérapie AZT (Ndlr.: un médicament pour les malades du sida) a été abandonnée en faveur d’une thérapie combinée, il y a très peu d’études sur les effets secondaires de la Nevirapine, y compris le cancer lymphatique du système immunitaire, et aucune étude n’a été faite sur ses effets chez les enfants».

D’autre part, il faut noter que le taux d’infection chez les femmes enceintes a diminué dans la dernière décennie. Des graphiques du ministère de la Santé, qu’on peut trouver dans certains hôpitaux, indiquent une diminution importante du nombre de femmes séropositives parmi celles qui se trouvent dans les cliniques prénatales: le pourcentage est passé de 30% en 1990 à 15% en 1998. Ceci est dû en partie à une meilleure information sur la maladie, qui a causé près d’un million de morts depuis 1983, lorsqu’on a découvert le premier cas de sida.

Le programme anti-sida

Encouragé par ses précédents succès, l’Ouganda a maintenant intensifié le programme anti-sida. 14.000 femmes enceintes séropositives se sont inscrites volontairement dans un programme où elles recevront de la Nevirapine pour empêcher que leur enfant ne contracte le VIH. 700 mamans reçoivent une seule dose durant l’accouchement et le nouveau-né une autre endéans les 72 heures. Ce nombre devra doubler pour la fin de l’année.

Le projet est la conséquence d’une étude de deux ans, conduite conjointement par les Etats-Unis et l’Ouganda, sur 600 femmes enceintes traitées avec l’AZT et la Nevirapine. On a constaté que le risque de contagion diminuait de 70% en administrant une seule dose de Nevirapine. Le programme, prévu pour 1997, a été retardé parce que le gouvernement et des firmes pharmaceutiques multinationales ont renforcé les conditions requises pour son application. «Cela a demandé beaucoup de tests, de conseils et d’infrastructures. Nous espérons pouvoir offrir ce service à travers tout le pays vers la fin de l’année», explique de Dr Iyarlumun Uhaa, directeur en Ouganda du département sanitaire et nutritionnel de l’Unicef.

Les multinationales

Des entreprises comme Organon & Teknika, Merck et Pfizer’s, parmi d’autres, ont fortement soutenu les technologies de diagnostic et de contrôle du virus, alors que six autres firmes ont aidé à établir un Programme d’accès médical, qui gère des dépôts médicaux d’antirétroviraux dans le pays. Après avoir considérablement réduit les prix de leurs médicaments contre le sida, les firmes occidentales aimeraient bien faire oublier la bataille sur les brevets qu’elles ont menée devant les tribunaux sud-africains et où elles se sont montrées assez impitoyables. Elles se pavanent maintenant en Ouganda, se portant comme exemple à suivre, et considèrent l’Ouganda comme un partenaire stratégique dans l’utilisation des médicaments. Pour développer cette stratégie, un sommet de trois jours réunira, à partir du 6 septembre, quelque 300 participants venant de quinze pays africains.

Malgré cela, nous ne pouvons nous défaire de l’impression que les multinationales veulent avant tout assurer leur marché. On a déjà pu constater qu’elles préfèrent baisser généreusement leurs prix plutôt que de montrer leurs livres comptables (les prix étant dix fois supérieurs aux coûts de production et de distribution). Elles redoutent que les firmes qui offrent des médicaments à bas prix prennent leur place.

Inquiétudes

Malgré tout ce qui a été fait, il reste des inquiétudes concernant la façon dont divers projets ont été conduits. Par exemple, ce nouveau projet pour empêcher la transmission du virus du sida aux enfants. Mais alors que, dans les pays riches, les femmes enceintes séropositives reçoivent des médicaments à partir de la 14e semaine de grossesse jusqu’à une semaine après l’accouchement, les femmes ougandaises ne reçoivent qu’une seule dose au début de l’accouchement. D’autre part, en 2000, plusieurs agences internationales ont critiqué les Etats-Unis, engagés en Ouganda dans 23 projets liés au sida, pour avoir exposé au virus des milliers d’Ougandais sans méfiance et pour ne pas avoir traité les personnes infectées, qui s’étaient portées volontaires pour subir des tests.

Finissons sur une note positive. Le gouvernement ougandais a adapté son programme anti-sida en l’insérant dans ses objectifs de développement, et l’a déjà incorporé dans son programme de lutte contre la pauvreté. Son programme d’éducation primaire universelle vise surtout les filles. En donnant aux filles la possibilité d’une plus longue formation scolaire, le risque qu’elles deviennent enceintes se réduit (et donc aussi le risque de contracter le virus du sida).


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