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Tanzanie |
SIDA
La Tanzanie s’est embarquée dans une campagne massive contre le VIH/SIDA.
Mais
elle bute contre les coutumes et cultures traditionnelles.
La société tanzanienne se compose de plus de 120 tribus ethniques ayant des pratiques et cultures traditionnelles différentes. Certaines semblent entraver la nouvelle campagne, lancée par le président Benjamin Mkapa, contre la diffusion du VIH/SIDA, bien que le gouvernement, l’ensemble de la société, la presse et les médias aient tous répondu positivement à l’appel du président.
Des courts programmes éducatifs (d’environ 20 minutes) sur les problèmes causés par le VIH/SIDA sont régulièrement diffusés par les radios locales et la télévision. Mais cette campagne ne sera couronnée de succès que si les mesures de préventions proposées parviennent à modifier certaines pratiques et coutumes traditionnelles.
Conflits — Prenons deux exemples. M. Shonvi Mfuteni est un Zaramo, une des tribus vivant le long de la côte est de l’océan Indien. Les pratiques traditionnelles de sa tribu obligent les jeunes filles arrivées à l’adolescence, de participer pendant deux semaines à des danses traditionnelles, appelées “Mkole”. Or, celles-ci favorisent la propagation du VIH/SIDA, car il s’agit plutôt de beuveries avec de la bière traditionnelle, et la plupart des hommes qui vont danser avec les jeunes filles arrivent déjà saouls. Les danses durent toute la nuit, s’accompagnant fréquemment d’actes sexuels non protégés. Le gouvernement et les organisations non gouvernementales s’y opposent, mais inutilement.
John Wandiba vient de la région du lac Victoria au nord-ouest de la Tanzanie. Pour beaucoup de tribus de la région, épouser une femme c’est littéralement l’“acheter complètement”. Il raconte: «Un de mes frères a épousé une belle femme et, après quatre ans, ils eurent deux enfants. Deux mois plus tard, mon frère mourut d’une maladie inconnue. Comme le prescrit la tradition, mes deux frères aînés réclamèrent la femme». Dans beaucoup de tribus de la Tanzanie, il est très courant que les frères de la même famille héritent de la veuve car, une fois mariée, la femme devient le bien de la famille du mari. Si celui-ci vient à mourir, elle n’a rien à dire sur son futur statut: elle est littéralement la propriété des frères de son défunt mari. Le champ est donc libre pour la contamination.
D’autre part, les problèmes se posent aussi quand on parle d’acte sexuel protégé: la femme qui insiste pour que son partenaire prenne les précautions nécessaires, sera accusée de ne pas respecter la coutume.
Nécessité d’une campagne effective. —Depuis l’apparition du VIH/SIDA en Tanzanie, au début des années 1980, plus de 600.000 personnes sont déjà mortes du SIDA et on évalue à environ 1,75 million les personnes séropositives. Une campagne effective pour combattre la pandémie est donc de la plus haute importance. Pour l’année fiscale 2001-2002, le gouvernement a créé un fonds de 4,443 milliards de shillings tanzaniens pour freiner la diffusion du VIH/SIDA. D’autres mesures, telles que les soins gratuits pour les victimes de la maladie, ont été prises, mais le succès ne viendra que quand la population urbaine et rurale se sera décidée à changer ses habitudes et ses coutumes traditionnelles.
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