ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 419 - 01/10/2001

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Congo-Brazza
Bois et création de nouveaux emplois


ECONOMIE

Le gouvernement congolais veut accélérer son programme
de création de nouveaux emplois et d’éradication du chômage

Jusqu’en 1972, le bois congolais était le premier produit d’exportation. A la suite du premier boom pétrolier en 1973, il a été supplanté par l’or noir, le pétrole, mais reste toujours la deuxième ressource du Congo.

Les forêts du Nord Congo constituent le plus grand massif forestier du pays, suivi du massif du Chaillu (au sud) qui s’étend des régions du Niari jusqu’à la Lékoumou, à la frontière avec le Gabon. Selon les estimations officielles, la production de grumes pour l’ensemble du pays atteindra 850.000 tonnes à la fin de l’an 2001. Les régions du Nord Congo, notamment la Sangha et la Likouala qui assurent les 2/3 de la production nationale de grumes, maintiendront leur part à 450.000 tonnes. Une bonne partie de cette production revient à la Congolaise industrielle de bois (CIB), la plus grande compagnie privée impliquée dans l’exploitation du bois au Congo et qui paie, chaque année, des impôts de 4 milliards de fcfa à l’Etat. La région de la Sangha (troisième région fiscale du Congo, nous dit-on) mérite bien une attention particulière, vu la production croissante des essences dont elle regorge.

Impacts

Plusieurs entreprises privées exploitent le bois congolais avec des moyens qui varient d’une compagnie à l’autre. Certaines entreprises comme Boplac, Socobois, ForaIac et Sfgc, ont interrompu leurs activités pendant la guerre civile qui a ravagé les régions du sud en 1998-99. Mais, à la faveur de la paix retrouvée, quelques-unes d’entre elles viennent de reprendre leurs activités. «La destruction du matériel constitue un handicap majeur à la reprise des activités par certaines sociétés. Cela porte un coup dur à la vie de la majorité de la population, comme celle de Dolisie (au sud de Brazzaville). Ces entreprises employaient plus de 1.000 travailleurs, condamnés aujourd’hui au chômage», se lamente Boukoulou, jeune chômeur de Boplac.

Certains exploitants forestiers n’arrivent pas à acheminer leur production vers la capitale économique, Pointe-Noire, par le chemin de fer Congo-Océan (CFCO), faute de wagons. «Le CFCO est la seule voie de communication, mais il n’est pas en mesure de mettre à notre disposition quelques wagons pour le transport de grumes», s’exclame un agent de la CIB. A cause de ces difficultés, certaines sociétés font transiter leurs grumes par le port camerounais de Douala. «Ce qui constitue, du reste, un manque à gagner pour l’Etat congolais, notamment dans le payement des impôts», indique un cadre du ministère de l’Economie.

Espoirs permis

Pour tenter d’augmenter la production du bois et d’assurer les emplois, le ministre de l’Economie forestière, Henri Djombo, a signé, à la mi-mai, deux contrats de transformation industrielle de bois avec le conseil d’administration de la société de bois Likouala timber, représentée par Christian Guerrin. Le premier contrat permettra la mise en valeur de l’Unité forestière d’aménagement (UFA) dénommée Missa, d’une superficie de 225.500 hectares. Le deuxième est un avenant au contrat de transformation des bois conclu en 1998 avec le gouvernement congolais pour la mise en valeur de la concession forestière de l’UFA de Bétou, d’une superficie de 300.000 hectares. L’exploitation de ces deux grandes unités forestières au Nord Congo permettra une production annuelle globale de 160.000 m3 de bois en grumes. Elle mobilisera des investissements de l’ordre de quelque 10 milliards de fcfa et assurera, en phase de croisière, la création de 781 emplois permanents.

Le ministre Henri Djombo a tenu à rappeler aux exploitants forestiers le respect du cahier de charges, et à indiquer quelques traits de la politique forestière du gouvernement, notamment l’exploitation rationnelle des UFA, l’extraction des principales essences commerciales et la transformation sur place.

A mesure qu’évolue la production du bois au Congo, malgré quelques difficultés rencontrées, le secteur forestier, tout au moins pour les régions septentrionales du pays, donnera une impulsion au développement d’autres secteurs. Dans la perspective du développement régional, chaque société forestière qui s’installe est censée participer aux efforts de réalisation d’activités d’intérêts socio-économiques au profit de la population, comme la construction d’écoles et de dispensaires.

Mécontentement populaire

«On ne comprend pas pourquoi, le peuple n’arrive toujours pas à tirer profit des retombées positives des ressources naturelles du pays. Une certaine couche sociale, constituée en majorité des hauts fonctionnaires et surtout des hommes politiques, mène une vie paisible, pendant que le bas peuple croupit dans la misère, la faim et la pauvreté», se plaint un chauffeur de taxi. «C’est vraiment très compliqué. Le Congo est un pays pétrolier et producteur de l’or vert, le bois. Mais il suffit de faire un tour dans une école publique pour voir comment les enfants suivent les cours: les uns debout, d’autres assis à même le sol, et cela pendant 6 heures. Ce qui provoque souvent des malformations chez les enfants. Quel paradoxe!», renchérit un élève à Brazzaville.

Selon les gouvernants et l’élite montante, toutes ces inégalités enregistrées dans la répartition des biens publics, tel les bénéfices obtenus à partir de l’exploitation et la vente des ressources naturelles, se justifient par la reconstruction du pays, étant donné que le Congo sort d’une situation conflictuelle aux conséquences néfastes. Comme après toute guerre, la situation au Congo nécessite de multiples sacrifices et plus d’ardeur au travail, afin de surmonter les stigmates du conflit.

L’intelligentsia du Congo saura-t-elle s’occuper de la population qui se dit très marginalisée et brimée dans le partage du “gâteau” public? «Nous sommes souvent oubliés dans le partage de la chose publique... Au lieu de créer des entreprises pour diminuer le chômage dans le pays, les hommes politiques préfèrent acheter des voitures luxueuses et très coûteuses. Des voitures dont les prix d’achat tournent autour de 60 à 80 millions de fcfa. Nous qualifions cela de ‘moquerie’ de la part de ceux qui s’enrichissent illicitement au détriment et au mépris du peuple. Il faut que cela s’arrête...», lâche Itoula, un commerçant, d’un air désabusé.


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