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Congo RDC |
POLITIQUE
La Belgique veut reprendre sa coopération.
D’autres pays lui emboiteront-ils
le pas?
“Suivre l’exemple de la Belgique”, ainsi s’exprimait le Premier ministre québécois en visite à Bruxelles au début du mois de juillet. Pour les Congolais, suivre l’exemple de la Belgique concrétisé par la visite à Kinshasa, le 30 juin dernier, du Premier ministre belge, est des plus souhaitable, d’autant plus qu’il ne s’était pas présenté les mains vides. Conscient de la grande misère qui frappe le pays de plein fouet depuis une décennie, Guy Verhofstadt voudrait reprendre la coopération avec le Congo en proposant une enveloppe très attendue par l’ensemble de la population.
En cela le ministre belge s’oppose clairement à une certaine “opposition” en perte de vitesse dans la capitale congolaise, qui souhaitait que la Belgique n’aide pas le Congo de l’actuel président Kabila.
En y réfléchissant de près, on a presque le vertige devant nos oppositions qui ne tiennent presque jamais compte de la souffrance du peuple. Il existe aussi des Congolais qui, pour une simple promesse d’un poste ministériel, et encore plus de la présidence, sont prêts à vendre leurs parents, leurs enfants, tous leurs biens et même leur pays. C’est l’origine des rébellions qui surgissent comme des champignons au Congo. Le degré de la corruption arrive à son seuil maximal, l’inconscience à son comble!
Dès lors, comment s’étonner que le Congo soit aujourd’hui le pays qui a le plus besoin d’assistance, ce pays qui est un scandale géologique, certainement un des mieux servis au plan climatique, hydraulique, minéral, agricole, un pays potentiellement capable d’aider beaucoup d’autres pays africains à sortir du bourbier de la misère. Mais avec le degré de corruption de ses citoyens (pas tous heureusement), tout devient possible.
Bref, coup de chapeau au Premier ministre belge qui, apparemment, fait prévaloir les intérêts du peuple contre ceux des opportunistes. Et c’est précisément sur ce terrain que nous souhaitons que la Belgique fasse vraiment école.
L’occupation étrangère
Lors du Symposium international pour la paix en Afrique, tenu à Butembo (au nord-est du pays) du 27 février au 1er mars 2001, le peuple a bien articulé le mot qui résume tous ses maux: “l’occupation” étrangère. Il a demandé haut et fort le départ de toutes les forces d’agression et d’occupation. Il a condamné avec la dernière énergie toute idée de balkanisation du Congo. Les forces d’occupation une fois parties, le Dialogue intercongolais sera le bienvenu, les Maï-Maï sortiront du maquis et le peuple se mettra au travail. C’est sur ce terrain que le peuple congolais entend être aidé avec urgence.
Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est déjà réuni à plusieurs reprises pour débattre de la question du départ des forces étrangères. Les résolutions sont là, mais aucune exécution n’a suivi. Les évêques du Congo l’ont dit de plusieurs manières et à plusieurs reprises. Ils viennent de le répéter au début du mois de juillet. Le peuple a parlé, les évêques ont parlé, l’ONU a parlé…, mais toujours sans résultat palpable.
Maintenant que la Belgique préside l’Union européenne, nous espérons qu’elle pèsera de tout son poids pour sortir le Congo du pétrin. L’assistance économique, oui. Mais suivie (ou précédée) du départ immédiat des troupes étrangères. C’est une grande humiliation que d’avoir commencé le troisième millénaire sous domination et occupation étrangère.
En parlant de la sorte, nous n’entendons pas escamoter les accords de Lusaka, bien au contraire; ces accords stipulent la souveraineté et l’intégrité du territoire congolais. L’article 3 §15 de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka est clair: “Rien dans cet accord ne devra, en aucune manière, nuire à la souveraineté ni à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo”. La présence des troupes étrangères sur le sol congolais piétine cet accord.
Nous pensons, quant à nous, que si les troupes étrangères se maintiennent sur le sol congolais, c’est qu’il y a un accord tacite de la communauté internationale ou une duplicité de certains pays très puissants. L’exemple de l’Irak (autrement plus outillé que le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi réunis), en 1991, est encore frais à la mémoire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a pris ses résolutions en décembre 1990 et en janvier 1991 les sanctions pleuvaient sur Bagdad. Nous ne citons pas l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie, compte tenu de leurs intentions affichées de se retirer dès que le Congo redeviendra souverain et libre de toute occupation étrangère.
Il suffirait d’une décision ferme (avec menace de sanctions dans le cas de non application) de l’Union européenne ou des Etats-Unis, et le Rwanda cessera de dire: “Nous ne quitterons jamais le Congo tant que la sécurité de notre pays est menacée”. Le président Kabila l’a dit clairement: la sécurité du Rwanda sera assurée par l’entente et la collaboration (et non par la colonisation) avec les pays voisins.
Un dialogue des Grands Lacs
Il conviendrait de considérer le problème du Congo dans l’ensemble des pays des Grands Lacs: on ne peut pas le résoudre dans la brimade. Personne n’ignore le vrai problème rwandais: non pas tant la sécurité, mais la densité de sa population. Pour le résoudre, il faut que les pays limitrophes jouissent de leur souveraineté. Et qu’il y ait dialogue, non pas seulement un “Dialogue intercongolais”, mais une Conférence pour la région des Grands Lacs précédée par un dialogue intercongolais, un dialogue inter-rwandais, un dialogue interburundais et inter-ougandais. Il faut que chacun de ces pays se réconcilie avec lui-même avant de se réconcilier avec ses voisins.
Contraindre le Congo seul au dialogue revient à mettre du vernis sur un meuble pourri, en oubliant que les pays des Grands Lacs fonctionnent comme des vases communicants (communiquant des conflits): la guerre chez l’un entraîne des troubles chez les voisins. En outre il n’y a pas de dialogue sincère dans la domination. Alors, même la coopération (sauf l’action humanitaire) est difficile, voire impossible.
Voilà pourquoi nous considérons que les Congolais qui se bousculent pour aller à ce Dialogue sous haute surveillance rwandaise, ougandaise, burundaise, zimbabwéenne, namibienne et angolaise, constituent une bande d’opportunistes qui ne cherchent pas l’intérêt du peuple mais le leur. Un tel dialogue court le risque d’accoucher d’une souris. En tout cas, il serait une mascarade, une injure au peuple et à la nation congolaise tout entière.
Les pays qui aiment le Congo devraient travailler dans le sens des accords de Lusaka, c’est-à-dire privilégier la souveraineté et l’intégrité du pays avant toute autre chose.
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