ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 419 - 01/10/2001

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Congo RDC
Un sentiment d’impuissance dans le nord-est


VIOLENCE

Un assistant médical décrit la situation au Congo-RDC

Au Congo RDC, malgré le cessez-le feu et le déploiement des observateurs de l’Onu, la souffrance causée par la guerre civile n’est pas encore arrivée à sa fin. Des miliciens pillards y sèment encore la panique, et les gens souffrent de la violence, la faim et la terreur.

On évalue à plus de deux millions les personnes qui ont perdu la vie au Congo, et à deux autres millions le nombre des déplacés. Comme si cela ne suffisait pas, ceux-là mêmes qui devraient désirer la paix, massacrent leurs frères et sœurs congolais. Des rapports décourageants indiquent que des centaines de personnes ont été massacrées par les habitants de leur propre village qui les accusent d’être des sorciers.

La terreur dans les villages

Lors d’une interview, un porte-parole de l’armée ougandaise, le lieutenant-colonel Phinehas Katirima, disait que depuis le 15 juin, 800 personnes accusées de sorcellerie ont été massacrées dans les villages sous contrôle des rebelles, dans le nord-est du Congo. Des villageois, accusés de se servir de charmes spéciaux pour tuer leurs semblables, sont lynchés après une “confession” arrachée sous la torture. Selon des témoins, dans la région d’Aru, à quelque 80 km de la frontière avec le Soudan, les victimes sont emportées de force et taillées en pièces.

D’autres meurent de maladies pourtant guérissables, mais à cause de cette guerre qui dure déjà depuis trois ans, les hôpitaux et dispensaires ont dû fermer. Selon Katirima, plus de 200 personnes se sont réfugiées auprès d’un détachement militaire ougandais pour échapper aux villageois qui veulent leur peau.

Maria Kirwin est une assistante médicale anglaise, qui travaille au Congo. «Les Congolais ont tout contre eux», disait-elle récemment. «Ce sont des gens étonnants dans leur lutte pour la survie. Ils essayent désespérément de survivre; c’est leur seul but actuellement, chaque jour».

Les tueries récentes ont poussé les dirigeants des Eglises, ainsi que les groupes des droits de l’homme à lancer un appel à la communauté internationale pour une aide médicale et d’hébergement. Ils voudraient que la communauté internationale intervienne aussi pour arrêter ces tueries massives de prétendus sorciers. «Il faut que quelqu’un mette fin à ces tueries barbares. Ces gens-là sont innocents», dit M. Peter Ruyenzi de l’Association de défense des droits de l’homme. «Les victimes sont des gens affectés par une longue guerre civile. La plupart d’entre eux ne sont pas des sorciers, mais ont été contraints à avouer qu’ils le sont».

Parmi les tueurs qui ont été arrêtés, rares sont ceux qui montrent du remords. Ils sont convaincus d’avoir été arrêtés pour avoir fait ce qui était leur devoir, «bannir les sorciers des villages».

Les associations de défense des droits de l’homme au Congo demandent à la communauté internationale et aux rebelles du Mouvement pour la libération du Congo (MLC , de Jean-Pierre Bemba), qui contrôlent ces régions, de faire tout leur possible pour arrêter ces tueries. Pour M. Ruyenzi il est regrettable que les rebelles, soutenus par l’Ouganda, ne soient pas venus au secours des innocents tués. Les troupes ougandaises se trouvent dans la région depuis 1998, aidant la rébellion dans sa lutte contre le gouvernement central. Le gouvernement de l’Ouganda, qui avait commencé à retirer ses troupes, les a renvoyées dans le district d’Aru pour arrêter ce carnage et emprisonner les assassins présumés. Le gouverneur de la province de l’Ituri, le major Bule Ebangolo Basabe, a aussi donné l’ordre d’envoyer plus de soldats du MLC pour maintenir l’ordre dans le district d’Aru, où ont lieu la plupart des tueries. (L’administration du nord-est du Congo relève du commandant du MLC, J.-P. Bemba).

Le major Bule a adopté une approche dynamique dans sa façon de traiter la situation. «Depuis mon arrivée, j’ai eu des réunions avec les autorités locales et ordonné qu’il y ait plus de patrouilles dans les régions perturbées. J’ai aussi parlé à la radio locale (Radio Maison Océan) pour sensibiliser la population. Je leur ai dit qu’il est illégal de tuer ou de bannir des gens».

Les régions les plus touchées se trouvent dans l’est du pays et sont contrôlées par les rebelles congolais et les pays qui les soutiennent, l’Ouganda et le Rwanda. Pour l’aide médicale, la population dépend en grande partie d’organisations internationales, telles que Médecins sans frontières, l’organisation britannique Merlin, et le Comité international de la Croix-Rouge. Un vieil avion DC3 qui date des années quarante, est le seul moyen pour apporter de l’aide alimentaire d’urgence dans cette partie du pays. Il ne peut transporter que quatre tonnes, juste assez pour nourrir durant un jour 4.000 personnes. Le budget de l’Onu pour cette liaison aérienne sera épuisé dans un mois, et alors la distribution de vivres s’arrêtera.

Sur le fleuve Congo, une équipe d’infirmiers de Merlin se sert de canoës motorisés, creusés dans un tronc d’arbre, et poursuit sa route en moto. La guerre a fermé presque toutes les routes, cachant ainsi les horreurs qu’elle a causées. Une atmosphère d’impuissance domine, malgré de désengagement militaire qui est en cours.


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