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Kenya |
EDUCATION
L’agitation
estudiantine a gagné les écoles du pays, peu avant les vacances du mois d’août.
Le président Moï pointe du doigt l’opposition; mais pour d’autres les
racines sont plus profondes
Plus de 30 écoles secondaires ont dû fermer avant la fin juillet, suite à une série d’émeutes, de grèves et d’incendies criminels. En mars dernier, 67 garçons de l’école secondaire de Kyanguli ont péri dans un incendie, d’autres étudiants ayant mis le feu à leur dortoir. La dernière semaine de juillet, 700 filles du lycée Alliance de Nairobi, une des meilleures écoles du pays, marchaient dans les rues de la ville pour protester contre la dégradation continue de leur école.
Entre mai 1999 et juillet 2001, les tentatives d’incendie et les incendies criminels sont montés en flèche, à un niveau alarmant. Notons les plus graves: mai 1999, deux étudiants (chargés de la discipline) sont tués à l’école secondaire de Nyeri; mars 2000, 26 filles périssent à l’école secondaire de filles à Bombolulu; mars 2001, l’affaire de l’école de Kyanguli; juillet 2001, un étudiant est tué à l’école secondaire de Lelmokwo.
Selon des observateurs, cette montée de violence dans les écoles, surtout là où il y a eu des incendies, indique une détérioration de la vie sociale. L’incident de Kyanguli est le plus macabre: des étudiants ferment à clef les portes du dortoir, avec leurs compagnons endormis à l’intérieur; versent de l’essence et y mettent le feu. Après Kyanguli, les attaques à la bombe incendiaire sont devenus à la mode dans le monde estudiantin. A Lelmokwo, deux gardiens du complexe scolaire sont attaqués par sept individus qui lancent une bombe incendiaire dans le dortoir occupé par 116 étudiants: un étudiant est tué et 53 blessés.
Les étudiants se plaignent surtout des sévères conditions de vie et de la mauvaise administration. Les budgets des écoles s’épuisent et la corruption y est très répandue. L’admission dépend souvent des relations avec les parents plutôt que du mérite de l’élève.
Manque de discipline?
En réaction, le président Moï s’en prend aux partis d’opposition qui, dit-il, encouragent la désobéissance civile. Mais d’autres font une analyse différente. L’an dernier le Kenya a interdit les punitions corporelles dans ses écoles. Pour certains directeurs, cela a rendu impossible le contrôle des élèves turbulents. M. Odira Jefferson, de l’académie Raph à Nairobi, croit plutôt que les causes se trouvent dans une administration déficiente et la corruption. Il conseille vivement d’intensifier l’aide psychopédagogique aux élèves.
Le Dr Frank Njenga, psychiatre à Nairobi, est convaincu qu’une discipline plus sévère dans les écoles n’arrêtera pas la violence, car, dit-il, tous les aspects de la vie kényane sont touchés par la violence et, tant qu’on ne fera rien pour la contrecarrer, elle va continuer dans les écoles: «Je ne crois pas que les mesures disciplinaires dans les écoles expliquent tout. Je ne pense pas qu’un détachement spécial de police, soit la solution. Je crois plutôt que nous devons commencer par une introspection minutieuse, faite par nous tous en tant que société. Mais je crois que le problème est plus vaste, et comprend la corruption, le désordre civil, la violence de la police et ainsi de suite. Tout cela fait un tout. Je pense aussi que c’est trop simpliste de dire: reprenons la baguette et tout ira bien. Ce n’est certainement pas vrai».
Pour certains observateurs, il est grand temps que le gouvernement se préoccupe un peu plus de ce qui se passe dans les écoles, en commençant par le secrétaire permanent au ministère de l’Education, Jaspheth Kiptoon. Celui-ci a dit clairement que l’agitation estudiantine n’est pas une de ses priorités. Selon la presse, il aurait dit que, le Kenya ayant quelque 3.000 écoles secondaires, les agitations dans une trentaine de ces écoles ne lui feront pas perdre le sommeil.
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