ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 420 - 15/10/2001

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Malawi
Privatisation


ECONOMIE

En juillet 2001 le gouvernement du Malawi a pris la décision de suspendre
le programme de privatisation. – Ce qui fait naître des rumeurs...

Lancée en 1996, après la promulgation par le Parlement de la loi de privatisation, la Commission de la privatisation du Malawi (CP) a commencé par élaborer un programme de désinvestissement d’une centaine d’entreprises appartenant à l’Etat (SOE - State-owned enterprises). En cinq ans, la CP a vendu plus de quarante SOE, des petites, des moyennes et des plus grandes. Quelques-unes trouvèrent vite un acheteur, notamment National Insurance Company (NICO), Packaging Industries of Malawi (PIM), Soche Tours and Travel, et les Malawi Railways Limited. D’après le rapport annuel de la CP, ce programme de privatisation aurait rapporté plus de 1,25 milliard de kwacha (K., +/- 60,8 millions $US) en décembre 2000.

Qui en a profité?

Pour le directeur exécutif de la CP, Dye Mawindo, le programme de privatisation, financé partiellement par la Banque mondiale, la USAID et l’UE, a contribué à améliorer l’économie du pays: «La privatisation, dit-il, a réduit les trous creusés dans le budget du pays par les entreprises publiques travaillant à perte. En plus, les revenus provenant de la vente et des taxes des entreprises — devenues rentables depuis la privatisation — sont bien supérieurs qu’auparavant.»

Les anciennes Malawi Railways Limited, par exemple, confiées en décembre 1999 aux Central East African Railways (CEAR), à peine un an après, ont pu améliorer radicalement les niveaux d’exploitation du matériel roulant. Avant, le gouvernement devait dépenser $1 million (+/- K. 69 millions) chaque année pour boucher les trous, et environ 40% du matériel roulant étaient hors d’usage.

Des responsables du CEAR disent que la compagnie a reçu un grand soutien de la part des commerçants: «Les affréteurs nous ont été très favorables. Cette saison, nous pourrons transporter une grande partie de la récolte de tabac», affirme Peter Walker, directeur commercial du CEAR. En plus du tabac, qui constitue une grande part du transport de marchandises par train, il y a eu aussi, cette année, une augmentation du tonnage de sucre transporté. On estime que, de juin 2000 à juin 2001, le CEAR a transporté 24.000 tonnes de sucre à travers le corridor de Nacala.

A l’allure où vont les choses, le CEAR semble satisfaire à toutes les conditions posées par le gouvernement. Le CEAR a acquis le droit d’exploitation des chemins de fer pour une période de vingt ans, et d’acheter les locomotives et le matériel roulant. Toutefois, les biens fonciers — bâtiments, rails, ponts et autres infrastructures fixes — restent la propriété du gouvernement. En échange, le CEAR doit payer chaque année une redevance de $5 millions pour le droit d’exploitation, et $4,5 millions sur une période de 4 ans pour le rachat des locomotives et du matériel roulant.

Un certain nombre de compagnies, qui auparavant appartenaient à l’Etat ou étaient des parastatales, sont depuis 1996 cotées à la Bourse du Malawi: NICO, la Commercial Bank, la National Bank, la Press Corporation Ltd, la Sugar Corporation of Malawi (SUCOMA), les hôtels Blantyre, Old Mutual...

Le Malawite ordinaire a-t-il retiré quelque chose de ces millions de kwacha que le gouvernement a gagnés en n’ayant plus à financer ces entreprises travaillant à perte? En fait, les sommes recueillies n’ont pas profité au programme du gouvernement pour l’allégement de la pauvreté. De plus, dans ce programme de privatisation, beaucoup de compagnies ont été vendues à des investisseurs étrangers qui ont licencié des travailleurs pour restructurer l’entreprise. Les chemins de fer du Malawi ont licencié 400 de leurs 1.000 travailleurs; et des membres de la direction des anciennes entreprises laitières du Malawi ont été mis au chômage quand la société a été vendue à Dairboard Zimbabwe.

La fragile économie du Malawi aurait peut-être profité davantage du changement, si le gouvernement avait plutôt encouragé les étrangers à investir directement dans l’économie, au lieu de vendre les compagnies. Mais d’autre part, certaines de ces compagnies étrangères intéressées à la mise aux enchères des entités privatisées au Malawi, étaient elles-mêmes des entreprises d’Etat de pays développés.

Pourquoi suspendre le processus?

Pourquoi le gouvernement s’est-il décidé à suspendre le processus de privatisation, qui est un des engagements clés vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale? Le silence sur cette affaire a donné lieu à des spéculations. Le gouvernement aurait été forcé de suspendre le processus à cause d’irrégularités dans la vente de la Malawi Telecommunications Ltd (MTL), le seul fournisseur de téléphones du pays. Que s’est-il passé?

Le contrat de sa privatisation partielle stipulait que MTL devait mettre aux enchères tous ses bureaux et ses cabines téléphoniques publiques. Mais, à la surprise générale, ceux-ci ont été donnés subrepticement aux directeurs et aux membres du conseil d’entreprise! Le 31 juillet 2001, la brigade anti-corruption a pris les choses en main et arrêté le directeur en chef Emmanuel Mahuka, le directeur des finances Masauko Chisala, le responsable des Télécommunications Edna Mleme, et le contrôleur des services légaux Aiman Maliyani.

Réagissant contre la suspension du programme de privatisation, le directeur exécutif de la CP, Dye Mawindo, a déclaré que la privatisation restera toujours le seul moyen pour faire avancer l’économie du Malawi. Et il a ajouté que le gouvernement pourrait réduire les déficits du budget et l’inflation en privatisant la majorité des sociétés parastatales. Il donne un exemple: «Prenez David Whitehead and Sons (DWS), une usine textile que le gouvernement refuse de privatiser. Des années durant, le gouvernement a investi dans cette compagnie plus de 500 millions de kwacha pour la sauver, et pourtant elle est encore sur le point de s’effondrer. Plus de 2.600 personnes pourraient bientôt se trouver au chômage. Or, le commerce des habits d’occasion — qui ne fait que se développer depuis la libéralisation de l’économie en 1994 — a gravement affecté la DWS, autrefois un des plus grands pourvoyeurs de main-d’œuvre du pays. En cas de privatisation, il ne faudrait licencier que 1.000 employés, et la firme cesserait de saigner les finances du gouvernement».

Quant à la vente de l’actif national à des étrangers, Mawino affirme que les Malawites profiteraient des services croissants et efficaces de ces entreprises. Selon certains rapports, les fonds réalisés par le programme de privatisation ont permis jusqu’ici de construire neuf écoles secondaires, de commencer des projets de crédit pour les jeunes et de dédommager les ouvriers qui ont été licenciés.

Le président du Congrès des syndicats du Malawi (MCTU, englobant plus de trente syndicats), Ken Williams Mhango, est d’accord avec Mawindo. Selon lui, les bienfaits apportés à l’économie par le programme de privatisation dépassent de loin ses aspects négatifs. «La privatisation peut être un processus bénéfique, dit-il, cela dépend de celui qui achète et exploite une entité privatisée. Jusqu’ici, la plupart des compagnies privatisées au Malawi ont amélioré leurs performances et la perte des emplois est minime».

Beaucoup de Malawites sont d’avis qu’il faut continuer la privatisation, mais qu’il faudrait faire un meilleur choix des compagnies à privatiser.


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