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Afrique centrale |
ECONOMIE
Malgré une grande liquidité bancaire, le crédit se fait rare. Décryptage d’un paradoxe.
En Afrique centrale, l’accès au crédit est une gageure. Pourtant, les performances des banques sont positives, avec notamment une surliquidité avérée. C’est la conclusion d’une étude rendue publique en juillet dernier à Yaoundé par la BEAC, la Banque des Etats de l’Afrique centrale.
Finie la crise économique qui avait gravement sinistré les banques d’Afrique centrale au cours des années 1985-1993. L’heure est désormais à l’embellie. L’ensemble des avoirs des banques auprès de la BEAC est largement positif. Les dépôts collectés par les banques de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) se sont même accrus de 43%, selon la BEAC. Mieux, le coefficient de couverture du crédit intérieur par les dépôts s’est remarquablement amélioré: il est passé de 79,4% en avril 1999 a 106,3% en avril 2001.
Cette embellie résulte de deux séries de facteurs: le rapatriement régulier des recettes des exportations pétrolières et la baisse du rythme d’octroi du crédit. Ainsi, la hausse du cours du brut couplée à la hausse du dollar a considérablement dopé les recettes des Etats producteurs de pétrole de l’Afrique centrale. Les avoirs extérieurs nets des banques ont ainsi été multipliés par trois en un an. Les avoirs ont atteint des niveaux record de 161,5 milliards de francs CFA en juillet 2000, contre 49,9 milliards un an auparavant.
Des banquiers plutôt frileux
Si en deux ans les dépôts collectés par les banques de la zone CEMAC se sont accrus de 43%, il n’en est pas de même des crédits. Ces derniers n’ont progressé que de 14,4%. En réalité, les banquiers sont réticents à financer de nouveaux investissements. Ils tirent ainsi les leçons des expériences malheureuses du passé.
Le cadre judiciaire ne favorise pas la distribution du crédit. Les banquiers se plaignent de la longueur des procédures judiciaires, dans leurs tentatives de recouvrer les créances. La réalisation des garanties présentées par les clients est une gageure. Et l’application des décisions de justice contre les clients insolvables est difficile à réaliser à cause des trafics d’influence et des pressions de toutes sortes. Le plus souvent, les banques perdent même leurs procès contre des clients insolvables mais... bien soutenus en haut lieu.
La faiblesse de la distribution du crédit s’explique aussi, selon les banquiers, par l’absence de projets porteurs. La plupart des projets présentés par les opérateurs économiques ne sont pas viables à cause de montages boiteux.
Aussi, les banques de la zone CEMAC ont opté pour le placement de leurs avoirs à la banque centrale. Sécurité oblige, même si les taux d’intérêt ne sont pas attractifs. De plus, il y a une prépondérance pour le crédit à court terme (60% de l’ensemble des crédits) à des taux usuraires. Au Cameroun par exemple, les taux d’intérêt varient entre 19,47 et 21,72%.
Quelles solutions?
La création d’établissements bancaires spécialisés dans le financement à long terme apparaît comme un impératif. En effet, la plupart des banques ont une vocation commerciale. Leurs ressources sont courtes, donc inadaptées au crédit. La création d’institutions de financement de l’habitat social serait la bienvenue.
Il en est de même des sociétés à capital-risque. Il s’agit d’institutions qui prennent une participation temporaire et minoritaire dans les sociétés en voie de création, et qui se rémunèrent par l’encaissement des bénéfices de cession lors de la vente de leurs titres de participation. Aussi, le réveil annoncé de la BDEAC (Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale), longtemps restée dans la léthargie, est porteur de beaucoup d’espoirs en zone CEMAC.
En attendant, les petites et moyennes entreprises d’Afrique centrale continuent de souffrir de la carence de financements. Les seuls recours actuels demeurent les tontines ou alors la solidarité familiale.
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