ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 420 - 15/10/2001

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Ghana
Améliorer la lutte contre le sida


SIDA

Le Ghana s’est dit prêt à commencer la fabrication de médicaments antirétroviraux
pour alléger les souffrances de ses nombreux malades du sida.
C’est une des importantes mesures que le pays a prises pour lutter contre la pandémie.

De source officielle, en décembre 2000, 43.587 personnes étaient atteintes du sida. De plus, selon le ministère de la Santé, 90.000 personnes seraient déjà mortes du VIH/SIDA dans le pays, laissant 126.000 enfants orphelins, confiés à des particuliers, à des philanthropes et à des orphelinats.

Le premier cas de sida fut signalé en mars 1986. Depuis lors, le taux n’a fait que croître dans ce pays qui compte environ 20 millions d’habitants. Si la tendance se confirme, le taux de la prévalence du VIH devrait atteindre les 6,4% en 2004 et les 9,5% en 2014, indiquent les rapports. Le nombre de nouveaux cas de sida pourrait croître de 51.000 en 2004 à 117.000 en 2014. L’impact de l’épidémie atteindrait surtout les adultes dans la fleur de l’âge, les personnes de 15 à 49 ans.

Il n’y a pas lieu d’être satisfait

Bien que les cas de sida ne soient pas aussi nombreux qu’en Afrique australe ou chez ses voisins d’Afrique occidentale, le gouvernement du Ghana n’est pas satisfait, surtout quand on considère les prévisions alarmantes. Les pays voisins, tels que le Burkina Faso, le Nigeria, le Togo et la Côte d’Ivoire, ont des taux très élevés allant de 7 à 10%, alors que le Ghana n’a qu’un pourcentage de 4,6%. «Le taux relativement bas au Ghana pourrait s’expliquer par le fait que beaucoup de malades refusent de passer le test ou préfèrent se faire soigner par un herboriste, afin de ne pas être stigmatisés», explique Adamu Wiah, directeur du programme de surveillance épidémiologique de la Commission nationale du sida.

Mesures d’une portée considérable

C’est dans cet esprit que le président du Ghana, John Agyekum Kufuor, s’est engagé à mettre tout en œuvre pour lutter contre la pandémie. Il a ordonné au ministre des Finances de réserver pas moins de 15% du budget annuel pour aider le secteur des soins et les activités de prévention du sida.

Cette directive est conforme aux déclarations faites par les chefs d’Etat africains au sommet spécial de l’OUA à Abuja (Nigeria) et au sommet spécial de New York en 2001, de consacrer 15% de leur budget annuel à la santé et aux problèmes du VIH/SIDA. Le président a aussi exhorté la société civile, le secteur privé, les ministères et d’autres organisations influentes à prendre des mesures pour lutter contre les effets de ce fléau et à prendre exemple sur le Sénégal et l’Ouganda, qui ont réussi à contenir l’expansion de la maladie. Le président Kufuor insiste: «La Commission nationale pour le sida doit jouer un rôle primordial pour rompre le silence qui entoure le VIH/SIDA et s’attaquer aux pratiques et aux traditions qui facilitent sa propagation».

Le Ghana a demandé à la Banque mondiale un crédit de 25 millions de livres sterling pour intensifier la lutte contre cette maladie. Mais d’après Kufuor, il faut encore mobiliser davantage de ressources, car le pays a besoin de plus d’argent pour gagner cette guerre. L’aide vient de la Grande-Bretagne, du Canada et des USA. Ainsi, la Grande-Bretagne a approuvé 20 millions de livres sterling pour soutenir cette année les activités de prévention du sida au Ghana.

Mais par-dessus tout, le gouvernement ghanéen a affirmé sa détermination de fabriquer des médicaments antirétroviraux, pour pouvoir les offrir à un prix abordable. Le ministre de la Santé a déjà entamé des négociations avec l’Organisation mondiale de la santé et le ministère des Affaires étrangères de la Thaïlande pour démarrer le projet. Actuellement, les modalités sont mises au point et la recherche de fonds continue. «Des mesures ont été prises pour préparer le système des soins de santé à gérer l’administration de ces médicaments ARV quand ils viendront sur le marché», assure Dr Richard Anane, ministre de la Santé.

Voilà quelques-unes des importantes mesures que le gouvernement a adopté pour endiguer la menace.

Changer les comportements

Le Dr Anane affirme que la lutte du Ghana contre le sida est bien lancée et que le gouvernement a créé les conditions pour que les victimes reçoivent plus d’intérêt et de soins. Pour assurer les soins des malades du sida dans les 13 prochaines années, le gouvernement aurait besoin de quelque 37,4 milliards de cedis (7.000 cedis = $1). Les statistiques du ministère de la Santé montrent qu’environ 99% de la population ont été sensibilisés au VIH/SIDA , mais le gros problème est de traduire cela en un changement de comportement.

En septembre 2001, le vice-président Aliu Mahama a lancé l’Initiative de réaction au niveau des districts (DRI), une tentative de décentraliser la prévention et le contrôle du VIH/SIDA . Cette initiative voudrait donner plus de pouvoir aux organismes au niveau des districts pour réagir d’une façon coordonnée à l’épidémie.

Au niveau national, on a développé une politique pour le sida et précisé une stratégie nationale indiquant des lignes de conduite dans la mise en œuvre de cette politique. L’objectif est de réduire de 30% les nouvelles infections de VIH pour 2005.

Ces derniers temps, on s’inquiète aussi d’une discrimination croissante à l’égard des personnes infectées et leurs familles. Les malades perdent leur emploi, leur logement; ils sont rejetés par leurs amis et même par les membres de leur famille. Bien qu’il s’agisse de réactions isolées, on cite pourtant le fameux cas d’un homme de 35 ans, Yaw Aktah, expulsé par son logeur, qui le soupçonnait d’avoir le sida parce qu’il avait fort maigri...

«Cette triste situation est le résultat de l’ignorance profonde que les gens ont du VIH/SIDA», dit le vice-président. «Les effets de la discrimination contre les malades du sida sont désastreux, parce qu’elle leur dénie l’accès aux traitements et aux autres services de support». Le lancement du DRI se situe dans la ligne de la déclaration du président, qui a appelé à une “guerre nationale” contre cette maladie meurtrière.

Le coordinateur des Nations unies au Ghana, Alfred Sallia Fawundu, loue l’initiative du gouvernement qui, selon lui, permet de mieux influencer l’opinion dans le pays. «Les Nations unies, dit-il, apporteront au gouvernement une aide financière et technique, en passant par la commission ghanéenne pour le sida, pour encourager cette approche dans les 110 districts du pays».

Une médecine alternative

Alors qu’il n’y a pas encore de remède contre cette maladie, certains herboristes du pays prétendent pouvoir la guérir. Le Dr Anane estime que cela a un impact négatif sur le changement de comportement des gens, qui ont tendance à vouloir vivre avec ces illusions. Il déplore les nombreuses publicités faites dans les médias pour des produits à base de plantes, surtout celles concernant le VIH/SIDA , et a demandé de renforcer les dispositions légales contre de telles publicités.

Le gouvernement a chargé une équipe de scientifiques, de praticiens de la médecine traditionnelle et de membres du conseil de la médecine traditionnelle et alternative (TAMD) au ministère de la Santé, de produire un document donnant des directives pour la vente de tous les produits à base de plantes dans le domaine du VIH/SIDA . Certaines de ces publicités inquiètent sérieusement les responsables de la santé, qui craignent que cette réclame sape les mesures de prévention et de contrôle. Les directives traitent notamment des droits de propriété intellectuelle des praticiens de médecine traditionnelle, de l’aide gouvernementale en ce domaine, de l’évaluation de sécurité des médicaments à base de plantes et du choix des patients pour les tests cliniques empiriques de ces médicaments.

Des herboristes et des médecins ont collaboré ensemble. Des tests cliniques de certaines préparations à base de plantes ont été faits par les services sanitaires, mais les résultats n’ont pas encore été publiés. Cinq herboristes ont pris part à ces tests parrainés par l’Unicef. On a cherché à établir une formule scientifique et à identifier les éléments de leurs médicaments. Bien qu’il n’y ait aucune guérison en vue, le ministère de la Santé a admis que certains de ces produits à base de plantes ont aidé les patients infectés à reconstruire leur immunité et ont aussi allégé les symptômes associés à cette maladie.

Pour le moment, 80% des Ghanéens se servent de ces produits aux herbes et, comme le fait remarquer le professeur Ivan Addae-Mensah, vice-chancelier de l’université du Ghana: «La proportion actuelle étant d’un docteur pour 20.000 malades et d’un herboriste pour 400 patients, on ne peut plus ignorer la médecine traditionnelle, car elle peut alléger le fardeau des médecins».

Mme Bridget Kastriku, secrétaire exécutive de la commission du Ghana pour le sida, apprécie l’accueil fait au programme de prévention du sida. «Cela montre, dit-elle, que le gouvernement s’occupe sérieusement à combattre cette terrible maladie, qui petit à petit décime la main-d’œuvre du pays».

La sonnette d’alarme a retenti et la plupart des Ghanéens ne peuvent plus ignorer ce danger. Ils doivent maintenant se résigner à la réalité de la situation. A tout bout de champ, on leur serine le message. La campagne anti-sida au Ghana est en bonne voie.


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