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ELECTIONS
Aux dernières élections, les listes électorales ont été gonflées avec des noms fantômes, des mineurs d’âge et des électeurs enregistrés à plusieurs endroits -– un problème qui continue à embrouiller le processus électoral.
Les Ougandais n’ont pas encore réussi à avoir un registre exact et épuré, qui permettrait aux électeurs d’élire les gouvernements locaux dans des élections transparentes, qui s’étaleront de novembre 2001 jusqu’en avril 2002. Il semble cependant qu’on puisse enfin espérer que ce problème appartiendra bientôt au passé.
Le président Yoweri Museveni n’était pas très satisfait du dernier enregistrement national des électeurs. Aussi, le gouvernement, les politiciens de l’opposition, la société civile, le judiciaire, le grand public ainsi que les bailleurs de fonds occidentaux et la Commission électorale (CE), ont conjugué leurs efforts pour introduire un registre électronique qui comprendra les photographies et les empreintes du pouce des électeurs enregistrés.
En préparant les élections dans le passé, la CE avait présenté les listes électorales à tous les centres de vote du pays pendant 21 jours, pour que les électeurs puissent vérifier leur nom dans le registre et recommander de supprimer les noms des morts, des étrangers, des mineurs d’âge et de ceux qui se sont fait enregistrer à plusieurs endroits. En 1993, le nombre des électeurs enregistrés pour les élections législatives avait été de 7,2 millions. Il atteignait les 11 millions lors de l’enregistrement pour les présidentielles du 12 mars 2001. Depuis longtemps, le nombre des électeurs enregistrés à été très contesté. Beaucoup prétendent que le registre a été fortement gonflé pour faciliter un trucage systématique.
Le 10 mars 2001, la CE a supprimé 300.000 noms du registre, mais comme il ne restait plus que 36 heures avant les élections présidentielles, elle n’a pas pu finir ce travail, ni donner le nombre exact des électeurs restant inscrits. La veille des élections, le président de la CE, Hajji Aziz Kasujja, annonça que 10.674.000 personnes étaient enregistrées après l’exercice d’épuration. Mais ce chiffre a de nouveau changé le jour des élections, quand il annonça 10.775.836 personnes enregistrées.
Résultats des élections contestés
En annonçant les résultats, la CE indiqua que, sur les 10.775.836 d’électeurs, 7.576.144 s’étaient présentés aux bureaux de vote. Mais comme les chiffres ont varié jusqu’à la dernière minute, ce nombre aussi fut très contesté. La CE fut accusée d’avoir gardé 2,5 millions d’électeurs fantômes, soit plus de 25% du total national.
Le Dr Besigye, principal challenger du président Museveni dans les élections présidentielles, a demandé à la Cour suprême d’annuler les résultats des élections. Selon lui, le processus électoral avait été entaché de vices de forme et les électeurs n’avaient pas pu se faire enregistrer correctement. Parmi les principaux chefs d’accusations contre Museveni (premier défendeur) et la CE (second défendeur), il y avait la carence de cette dernière pour dresser, maintenir et mettre à jour correctement le registre des électeurs dans chaque circonscription électorale et pour chaque bureau de vote. Ensuite, de n’avoir mis le registre à la disposition des électeurs que pendant cinq jours seulement. La CE était accusée aussi de ne pas avoir présenté une copie de la liste des électeurs dans chaque commune et pendant 21 jours, comme prescrit par la loi.
Dans son jugement, la Cour suprême reconnut que pendant les élections présidentielles de 2001, la CE n’avait pas observé les clauses de la loi de l’an 2000, section 22(5), concernant les élections présidentielles, en manquant de donner au pétitionnaire des copies officielles du registre des électeurs, employé le jour des élections. Toutefois, la Cour suprême décida, avec 3 voix contre 2, de ne pas annuler les élections. Malgré cela, ce jugement était une mise en question sérieuse de l’intégrité et de la crédibilité de la CE et montrait bien qu’il était grand temps que la commission fasse quelque chose pour y remédier.
Le projet PVRIS
Du 10 août au 10 septembre 2001, la CE a lancé un nouvel enregistrement national des électeurs, le «Système national d’identification et d’enregistrement photographique des électeurs» (PVRIS). Ce projet coûtera $7 millions et donnera aux électeurs une carte de vote photographique personnalisée. Ce nouvel enregistrement se déroule dans les 5.000 communes du pays, sauf à Kampala.
En janvier 2001, la CE avait procuré des caméras digitales, des ordinateurs, des scanners et d’autres équipements pour ce projet qui aurait dû préparer les élections présidentielles, mais qui fut abandonné faute de temps. Charles Owiny, membre de la CE et coordinateur du projet, disait après les élections présidentielles en mars dernier, que la CE avait mené une étude pilote pour le PVRIS, avec de très bons résultats, et qu’elle pouvait maintenant la mettre en pratique dans tout le pays.
Lors de l’enregistrement, toutes les informations pertinentes sur chaque électeur seront recueillies, en plus de sa photo, et enregistrées électroniquement. La CE ne délivrera la carte munie de la photo qu’après s’être assurée que l’électeur n’est pas enregistré ailleurs, et que la carte est conforme au registre portant la même photo, au bureau de la commune où s’est fait l’enregistrement. Ces cartes seront valides pour au moins dix ans
Précédemment, l’enregistrement des électeurs avait été fait uniquement par la CE. A partir de maintenant, chaque bureau d’enregistrement sera composé de neuf personnes, y compris le responsable communal qui sera le surveillant de l’exercice et de chaque bureau d’enregistrement de sa commune. Le tribunal du village, composé du responsable communal, de trois membres du conseil local et d’un ancien, siégera au bureau d’enregistrement; c’est à lui de poser les questions pour établir si la personne peut être enregistrée et voter. S’il est satisfait, le tribunal fait connaître son approbation pour que le processus d’enregistrement suive son cours, en donnant un formulaire à remplir.
Avant de délivrer la carte d’électeur, la CE exposera le registre national des électeurs avec les photos, pour que le public puisse le vérifier et y indiquer éventuellement les corrections à faire.
La question se pose: la CE peut-elle tenir parole? Certains Ougandais en doutent. Ils disent qu’il n’y a pas assez de temps pour que tout soit prêt. Ils demandent aussi pourquoi toute cette hâte, maintenant que l’élection la plus importante est passée. Et puis, ils se demandent si des Ougandais ordinaires sont capables de se servir de ces caméras digitales d’une manière efficace. Enfin, beaucoup sont sceptiques quant au succès du PVRIS, étant donné que les gens sont peu informés du projet et de sa nécessité.
Flora Nkurukenda, présidente-adjointe de la CE, estime cependant que le PVRIS est un important projet national, et que s’il est bien exécuté, il sera un jalon dans la démocratisation de l’Ouganda.
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