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Afrique du Sud |
ECOLOGIE
L’écologique et l’environnement inquiètent de plus en plus les pays africains, et aussi des privés
Les yeux tristes et globuleux, et une gueule grassouillette et protubérante donnent au “Rocheux du Cap oriental” un aspect lugubre. Et pour de bonnes raisons, car ce poisson gris est menacé de disparition.
Le “Rocheux du Cap oriental” (Sandelia bainsii) est un poisson d’eau douce d’une espèce unique. Il appartient à la famille des Anabantidae, comme la perche grimpeuse de l’Afrique et de l’Asie. L’invasion de son habitat par la fougère des eaux rouges de l’Amérique du Sud et par d’autres espèces étrangères de plantes et de poissons, les constructions de barrages, les changements climatiques et la pollution contribuent tous à sa disparition. Un ichtyologue sud-africain, Mr Jim Cambray, veut le sauver.
Revenu en Afrique du Sud après une absence de vingt ans, le Dr Jim Cambray, conservateur au musée Albany, à Grahamstown, a été abasourdi d’apprendre que ce poisson avait presque complètement disparu. Déjà l’Union pour la conservation mondiale, dans son livre rouge, l’avait mis au rang des espèces «en grave danger de disparition». Cambray a alors lancé la campagne “Sauvez le Sandelia bainsii”, une croisade à l’échelle mondiale dont il se sert pour mettre en lumière ce qui se passe dans l’écosystème mondial de l’eau douce.
La campagne souligne le rituel d’accouplement de ce poisson, unique en son genre, qui, a lui tout seul, justifierait les efforts pour sa conservation. Le Dr Cambray, qui a aussi étudié son comportement spécial lors de la ponte, en a fait une vidéo.
Le poisson prépare d’abord une place autour du nid; puis, il souffle des bulles pour attirer la femelle sur son terrain de reproduction. Après plusieurs poursuites, le couple s’enlace et la femelle lâche les œufs. Ce rituel est répété à plusieurs reprises. Ensuite, le mâle chasse la femelle et tout ce qui est à proximité, et il garde seul les œufs. Monde Mayekiso, un chercheur sud-africain qui étudie l’écologie de ce poisson dans la rivière Tyume, a constaté que la reproduction a lieu entre octobre et février. Contrairement à d’autres espèces, il préfère un habitat tranquille où il peut s’enfoncer entre les rochers ou les troncs d’arbres submergés et attendre qu’une proie flotte ou nage à proximité.
Le Sandelia bainsii, qui se nourrit d’invertébrés, de crabes et de petits poissons, a une vessie allongée qui s’étend du pédoncule caudal jusqu’à la tête. Il atteint les 32,5 cm, mais contrairement aux autres poissons de la même famille, il a des organes accessoires de respiration labyrinthiques et très réduits. Il peut pondre jusqu’à 7.000 œufs. Lors de l’éclosion, les alevins ne font que 3 mm de long.
Son nom générique — Sandelia bainsii — vient du chef Sandile (1820-1878), fils du fameux chef xhosa du 19ième siècle, et d’André Geddes Bain (1797-1864), constructeur de routes, explorateur, commerçant, soldat, écrivain et généralement considéré comme le père de la géologie en Afrique du Sud. Son nom commun, Rocheux du Cap oriental, vient du fait qu’on ne le trouve que dans la province orientale du Cap. De nos jours, on ne le trouve que dans de petites parties de six rivières de la région: Kowie, Koonap, les affluents de la Kat, Keiskamma et Nahoon.
On trouve d’autres poissons du groupe des Anabantidae plus au nord en Afrique. La perche grimpeuse se trouve en Afrique orientale, tandis que les Anabas testudineus vivent en Asie.
Une belle histoire
Parmi les sponsors de la campagne “Sauvez le Sandelia bainsii”, on compte le Fond mondial pour la nature, l’association Ubuntu Welfare and Development Trust, et Flora and Fauna International. L’association Nature Conservation remplit les réservoirs de poissons et de muges — une espèce de petits poissons qui avaient l’habitude de remonter les rivières du Cap oriental avant la construction des barrages. Plusieurs particuliers collaborent également.
La campagne comprend des programmes de formation de sauvegarde de la nature et, dans les hautes régions de captage où le Sandelia bainsii est élevé, on fait une étude rigoureuse sur leur vie et leur habitat. En vue de sensibiliser la population locale, les coordinateurs ont impliqué des écoles, des fermiers et des groupes écologiques, et donnent des conférences. Depuis peu, ils distribuent aussi des diplômes honorifiques. Le poisson est exposé au musée Albany, dans la Blue Planet Galery.
«C’est une de nos histoires à succès pour le contrôle biologique», dit le Dr Cambray, qui se dit lui-même le champion de ces poissons pas très beaux à voir.
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