ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 422 - 15/11/2001

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Congo-Brazzaville
Voies de communication et développement


TRANSPORTS

De nombreux projets sont en cours, mais beaucoup reste à réaliser

Après les guerres civiles de 1997, ‘98 et ‘99, qui ont endeuillé bon nombre de familles (plus de 20.000 morts) et endommagé de nombreuses infrastructures, publiques et privées, le pouvoir semble avoir opté pour un slogan: parler peu et travailler concrètement à la réalisation de grands projets.

En témoignent, les cérémonies accélérées d’inaugurations et de poses de premières pierres pour la construction de ports, d’aéroports et de routes. De grands chantiers, financés sur fonds propres de l’Etat ou sur des crédits et dons de société privées (Escom, Socofran, SGE et autres), sont ouverts. Et l’on en perçoit déjà l’impact dans le retour à une vie quasiment normale, laissant libre voie au développement socio-économique du pays.

Par exemple, dans les régions nord du pays fortement forestières, ce sont les sociétés d’exploitation du bois qui financent certaines réalisations. Car, pour le moment, le Congo bénéficie très peu de financements des bailleurs de fonds multilatéraux pour sa reconstruction.

S.O.S. aux routes congolaises

Le gouvernement vient d’amorcer un programme très ambitieux de réfection des infrastructures routières et aéroportuaires. Les moyens financiers étant insuffisants, il invite les bailleurs de fonds nationaux et étrangers à soutenir ses efforts.

Mais ceux-ci hésitent encore à reprendre leurs décaissements, et attendent que le programme transitoire d’urgence, approuvé en novembre 2000 par le FMI, soit un succès et permette au Congo-Brazza de bénéficier de l’Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE). Brazzaville ne bénéficie pas encore de cette initiative, faute de programme de réduction de la pauvreté exigé par les bailleurs de fonds.

«La reconstruction n’est pas un simple slogan nourri aux relents propagandistes et électoralistes», souligne le ministre des Travaux publics et de l’Equipement, Florent Ntsiba. «Tout en excluant la moindre prétention d’aller hausser gratuitement notre ambition à la vitrine de la coopération internationale, nous réitérons notre appel aux bailleurs de fonds du secteur des transports au Congo». Il leur a demandé de reprendre leurs projets routiers au Congo, car la principale condition politique qu’ils posaient, la tenue du dialogue national, a été remplie par le pouvoir de Brazzaville.

Nombre d’infrastructures ont été endommagées par les guerres. Les ponts et les routes n’y ont pas échappé, notamment six ponts entre Brazzaville et Pointe-Noire, dont la réhabilitation a coûté la bagatelle de 6 milliards de FCFA. Même chose pour les routes. Au sud: il faudrait reconstruire en priorité la route Brazzaville-Kinkala-Matoumbou (78 km) ainsi que les tronçons Ganga Lingolo-Lirizolo et Kinkala-Mindouli-Loutété. Et au nord: les tronçons Obouya-Boundji-Ewo et Obouya-Owando. Ces travaux d’urgence visent, dans l’ensemble, à prévenir la dégradation définitive du réseau routier congolais. Actuellement, on utilise des véhicules tout terrain 4x4. Un parcours qui demandait 1 ou 2h de temps, en exige maintenant de 4 à 10.

Les travaux de réhabilitation dans la région du Pool sont évalués à quelque 3,7 milliards de FCFA. «Ces travaux consistent en un traitement définitif des ravins qui menacent dangereusement les routes, la mise en oeuvre des couches sur les sections dégradées et la réhabilitation des ouvrages d’assainissement. La reconstruction proprement dite devrait être réalisée par l’Union européenne lorsqu’elle aura repris ses projets routiers», explique un ouvrier qualifié de la compagnie Escom.

Le gouvernement continue de matérialiser sa volonté de reconstruction. En décembre 2000, le président Nguesso a inauguré la route Pointe-Noire-Diosso, totalement bitumée grâce au financement de la société Agip Recherches Congo, pour un coût global de 5,74 milliards de FCFA. En mai 2001, les travaux ont commencé à Lékéty (région de la Cuvette ouest) et à Obouya (Cuvette centrale, au Nord Congo) pour la construction de la route bitumée de Lékéty à Okoyo (Congo-Brazza) et Léconi (Gabon). Pendant ce temps, d’autres tronçons intègrent la reconstruction et l’élargissement de la route nationale n.2, au nord du pays, allant de Brazzaville à Ouesso, via Owando, longue de 848 km.

Transports urbains

A Brazzaville et Pointe-Noire, où vit la moitié de la population du pays, le parc automobile est en nette augmentation. Mais les routes sont peu praticables, à l’exception de quelques avenues qui viennent d’être réhabilitées il y a deux ans. Conséquences: embouteillages et accidents. Ainsi, à Brazzaville de janvier à mai 2001, on a compté un total de 406 accidents avec 24 tués. La mauvaise qualité des routes dans les deux plus grandes villes du pays freine la circulation des personnes et des biens. De plus, la branche des transports urbains compte peu d’entreprises fiables, au grand dam des passagers. Devant ce tableau, le gouvernement s’est fixé comme objectifs, depuis 1999, d’assurer le transport de personnes et de biens à un coût réduit, et d’améliorer l’efficacité du secteur pour contribuer à l’épanouissement de l’activité économique.

Si le réseau routier est peu praticable en milieu urbain, la situation n’est guère meilleure au niveau de l’hinterland. Ce qui pose de sérieux problèmes aux fermiers, éleveurs et autres agriculteurs, qui assistent continuellement au pourrissement de leurs produits.

Les autorités congolaises viennent de marquer leur ferme volonté de répondre aux doléances de la population. Parmi les projets en cours à Brazzaville: bitumer l’avenue Marien Ngouabi, où 37 parcelles ont été expropriées pour un montant global de 535 millions de FCFA. Autre projet onéreux: la réfection de l’avenue de France, dont les travaux sont évalués à 800 millions de FCFA. Ces travaux devraient être financés par la mairie de Brazzaville, maître d’ouvrage, et les communautés ouest-africaine et libanaise vivant à Brazza (qui ont déjà versé 160 millions de FCFA). Mais beaucoup reste encore à faire, malgré la réhabilitation complète des avenues Orsy et Fulbert Youlou.

Infrastructures portuaires

De par sa position géographique, le Congo-Brazza est appelé à être un pays de transit. Pour y répondre, le gouvernement de transition a entamé, depuis 1999, un vaste programme de désensablement du port de Pointe-Noire, une opération évaluée à plus de 9 milliards de FCFA. Notons d’ailleurs que les activités de ce port n’ont pas fondamentalement changé depuis 1998. Malgré les guerres, le volume du trafic y a plutôt connu une augmentation.

Pour favoriser les échanges inter-pays, le gouvernement a décidé aussi de construire un port fluvial à Lékéty (Cuvette ouest). Après ces travaux, qui dureront de 18 à 24 mois, Lékéty pourra devenir un véritable pôle de développement dans le nord du pays, comme point de transit entre la route Franceville (Gabon)-Lékéty (Congo-Brazza) et le réseau fluvial. «Ce projet du port de Lékéty a été envisagé, explique un cadre des chemins de fer et de voies navigables, pour la simple raison qu’il s’intègre dans un contexte sous-régional permettant, à partir du port de Libreville, de recevoir ou d’exporter des marchandises qui prendront la voie ferrée Libreville-Lékéty (via Franceville) et de là, on pourra prendre le bateau sur l’affluent Alima, navigable toute l’année, pour atteindre le fleuve Congo et descendre à Brazzaville»

Aéroports

Outre la réhabilitation de l’aéroport international Agostino Néto de Pointe-Noire, le gouvernement accentue ses efforts pour favoriser les transports aériens. Un aéroport international, dont les travaux sont évalués à 37 milliards de FCFA, est en train de se construire à Ollombo, dans la région des plateaux, à 400 km, au nord de Brazzaville. «L’aéroport d’Ollombo est destiné à désenclaver la région des plateaux, et permettra la communication entre les régions de la partie nord du Congo, en même temps qu’il facilitera les échanges entre les Etats de la sous-région... L’aéroport d’Ollombo et celui de Dolisie vont servir de point d’approvisionnement et d’escale en soutien aux aéroports de Brazzaville et de Pointe-Noire», déclare le ministre des Transports, Isidore Mvouba.

Toutefois, la construction de cet aéroport ne fait pas l’unanimité parmi les Congolais. D’aucuns pensent que, dans un pays sortant des guerres ravageuses, il est inopportun de construire des infrastructures de ce genre. Ce qui s’avère nécessaire aujourd’hui, disent-ils, c’est de reconstruire les édifices détruits et de s’occuper des besoins sociaux du peuple. D’autres estiment cependant que l’opération est importante pour désenclaver l’arrière-pays. “D’une manière ou d’une autre, la construction d’aéroports modernes constitue un palliatif au fléau qui frappe au plus haut niveau les jeunes: le chômage. Car qui dit construction de nouveaux édifices, dit création d’emplois...”, confie un jeune étudiant.


SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2001 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement