ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 422 - 15/11/2001

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Zambie
Les problèmes de la presse privée


MEDIAS

Alors que la Zambie se prépare à ses 3èmes élections générales multipartites,
les médias privés sont de plus en plus en butte aux attaques du gouvernement

Le Mouvement pour une démocratie multipartite (MMD) devra faire face à la plus forte opposition depuis son arrivée au pouvoir en 1991. Il y a dix ans, le MMD enregistrait une victoire écrasante, grâce au ressentiment populaire contre le parti socialiste (UNIP), de Kenneth Kaunda, premier président de la Zambie. Aux élections de 1996, le MMD gagnait pour la seconde fois; mais cette fois-ci, c’était parce que les partis de l’opposition avaient boycotté les élections, alléguant des irrégularités commises par le MMD avant le scrutin.

Cette année-ci, les élections seront très difficiles pour le MMD. Non seulement ce parti est devenu trèsimpopulaire parmi les électeurs, mais en plus il se trouve mêlé à des luttes internes, si bien que beaucoup de membres influents ont quitté le parti. Les partis d’opposition sont devenus plus nombreux, et avec un grand nombre de partisans, ce qui constitue une menace sérieuse pour le MMD.

Bien sûr, le MMD essaye de réaffirmer son autorité et de garder les rênes du gouvernement. C’est ici que commencent les problèmes des médias indépendants. Pour préparer les élections, le gouvernement s’est embarqué dans une campagne vicieuse, bien qu’impopulaire, en vue de réduire au silence les radios et les journalistes des médias privés qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent. Pourtant, le gouvernement proclame bien haut qu’il respectera la Constitution qui garantit la liberté de la presse.

«En général, les relations entre les médias et le gouvernement ne sont pas bonnes, et cette hostilité est surtout dirigée contre les médias privés», fait observer Fackson Banda, directeur régional de PANOS (Afrique du Sud), une ONG internationale qui s’occupe de la promotion et de la diffusion d’informations pour le développement.

Difficultés des médias privés

Le 19 août, le ministère de l’Information a retiré à Phœnix, une radio privée, son permis d’exploitation, sous prétexte qu’elle n’avait pas encore payé sa redevance statutaire mensuelle. Ce qui a mis la puce à l’oreille, c’est que le gouvernement ne lui avait pas envoyé un rappel ou un premier avertissement. Par la suite, on apprend que la station radio de l’Etat, elle non plus n’avait pas payé plusieurs de ses redevances, et pourtant, elle n’a pas subi le même sort que radio Phœnix. Suite à cette révélation, le public accusa le gouvernement de discrimination et de vouloir supprimer les médias indépendants.

Il faut mentionner ici que Phœnix est la seule radio qui couvre convenablement les partis de l’opposition et des critiques à l’encontre du gouvernement. La radiodiffusion nationale zambienne est clairement en faveur du MMD, et couvre rarement l’opposition de manière impartiale.

Radio Phœnix (à qui la licence a été rendue un mois après) est devenue maintenant la «voix du peuple» et invite le citoyen ordinaire à prendre part à ses émissions et à exprimer librement ses opinions sur les problèmes nationaux. Apparemment, ce sont ces programmes qui irritent le gouvernement, parce qu’ils critiquent beaucoup le MMD. Déjà avant de suspendre sa licence, le ministre de l’Information avait exprimé son mécontentement sur la façon dont radio Phœnix fonctionnait.

Sanctions financières

Pour punir les médias privés “déviants”, le gouvernement se sert aussi de la “strangulation financière”. Aucun ministère ou département de l’Etat n’a la permission de faire de la publicité dans ces médias privés. Ces sanctions visent à enlever aux médias privés des ressources importantes, les empêchant ainsi de fonctionner. Plusieurs journaux privés ont été dû cesser leur publication. Un ministre avait prévenu les médias privés que le gouvernement les frapperait là où ça fait le plus de mal, leur porte-monnaie, et que certains disparaîtraient. Malheureusement, c’est ce qui est arrivé.

Matsautso Phiri, éditeur de Today, un hebdomadaire privé, reconnaît: «Le gouvernement a trouvé le moyen de punir financièrement les médias privés en leur refusant toute publicité venant de ses départements». The Post, le seul quotidien indépendant du pays, est pro-bablement le plus visé. Depuis son lancement en 1990, il a dû faire face à toute une série de procès de la part du gouvernement. Il en a gagné certains. Au moment où nous écrivons, le rédacteur en chef du Post, Fred Mmembe, et le journaliste Bivan Saluseki sont accusés d’avoir diffamé le président Frederick Chiluba. Les deux sont inculpés, avec deux membres de l’opposition, d’avoir publié un article mêlant personnellement Chiluba à la disparition inexplicable, en 1994, de 4 millions $US destinés à acheter du maïs au Canada.

L’hostilité du gouvernement à l’égard des médias privés donne de la Zambie une image plutôt mauvaise. Les lois sur la presse sont extrêmement dures. Le code pénal donne au président beaucoup de pouvoirs pour interdire toute publication qu’il estime être un danger pour l’intérêt public. Mais le code ne spécifie pas ce qu’est “l’intérêt public”. La loi pour la sécurité de l’Etat, elle non plus, ne définit pas les “affaires de sécurité d’Etat” qui permettraient de poursuivre des journalistes qui les révèlent. C’est au procureur d’interpréter cette imprécision dans le code — et cette interprétation est souvent basée sur des préjugés.

Il y a danger qu’on abuse de ces pouvoirs discrétionnaires. Déjà en 1996, le droit du public à l’information a été bafoué. Le président Chiluba avait alors interdit la publication du numéro 404 du Post, qui annonçait la tenue d’un référendum national pour changer la Constitution de la République. A plusieurs reprises le gouvernement a rejeté des demandes de supprimer ces lois répressives, héritées de la période coloniale. De toute évidence, il se sert de ces lois pour intimider les médias et supprimer des informations d’importance publique. Maintenant que les élections approchent, le gouvernement tolérera de moins en moins les journalistes indépendants.


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