ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 423 - 01/12/2001

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Afrique
La biotechnologie en Afrique


DEVELOPPEMENT


En plus de la pauvreté, la faim et la malnutrition menacent 750 millions d’Africains. 
Quelque 25 à 30 millions d’enfants du continent souffrent de malnutrition.

 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 54% des mortalités infantiles dans les pays africains sont dus à la malnutrition: «Un tiers des enfants de l’Afrique subsaharienne sont chétifs à cause de leur alimentation mal équilibrée, et chaque jour des milliers de personnes meurent de faim». A cause de cela, des millions d’Africains sont obligés de vivre en dessous de leurs pleines capacités, parce qu’ils n’ont pas assez d’énergie et de santé pour travailler à plein rendement.

La production agricole

Bien que l’agriculture soit toujours l’activité la plus importante sur le continent, les résultats sont encore les plus bas du monde. Des recherches indiquent qu’on importe plus de 25% des besoins en céréales et les dommages après la récolte peuvent en détruire encore jusqu’à 40%. D’où la nécessité de produire de la nourriture en quantité suffisante. Pour cela, il faut des méthodes agricoles plus sûres, des mesures anti-parasitaires plus efficaces et une production de meilleure qualité dans toutes les régions pauvres du continent.

Selon des scientifiques, la biotechnologie est une nouvelle technologie qui peut jouer un rôle important pour améliorer la production agricole et en diminuer le gaspillage. La production de produits agricoles plus résistants aux maladies et aux parasites contribuera directement à une meilleure production alimentaire, à l’allégement de la pauvreté et à la conservation de l’environnement.

AfricaBio est une association qui offre un forum pour des débats sur des problèmes de biotechnologie en Afrique. Elle affirme que cette nouvelle science peut beaucoup aider l’agriculture avec des semences. Sans danger pour le consommateur, elle est dans la ligne des habitudes agricoles africaines, dit AfricaBio, et elle s’apprend plus facilement que les méthodes nécessitant des techniques compliquées ou des machines.

Citant le vice-président de la Banque mondiale, Ismail Seragelding, AfricaBio dit que la biotechnologie est un des nombreux outils de recherche et de développement qui pourrait contribuer à une nourriture sécurisée, en aidant à promouvoir une agriculture viable, centrée sur les petits fermiers dans les pays en développement.

Améliorer la production

La technique génétique -— modification sélective des gènes dans un organisme -— est une des méthodes qui, à en croire les scientifiques, peuvent améliorer la production dans des régions privées de ressources, fournir une nourriture de bonne qualité et réduire les frais d’exploitation, pour ne citer que quelques-uns des avantages.

En 1994, une tomate lente à mûrir fut cultivée et consommée dans un pays industrialisé, créant ainsi le premier produit agricole génétiquement modifié (GM). Depuis lors, les produits agricoles GM se sont multipliés partout dans le monde. En 1996, ils couvraient 1,7 million d’hectares; en 2000, ils avaient atteint les 43 millions d’hectares. Selon une étude du Centre de recherche sur la biotechnologie aux Philippines, les pays qui ont adopté la culture des produits GM sont l’Argentine, l’Australie, la Bulgarie, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, le Mexique, la Roumanie, l’Espagne, l’Afrique du Sud, l’Ukraine et les Etats-Unis.

Des inquiétudes grandissantes

Toutefois, on se pose de plus en plus de questions. La nourriture provenant de ces organismes génétiquement modifiés (OGM) n’est-elle pas dangereuse pour la santé? Des personnes allergiques à certains aliments ont aussi exprimé leurs inquiétudes. Ces OGM pourraient causer de nouvelles allergies inconnues jusqu’ici.

Il n’y a pas que la nourriture et l’alimentation dont on s’inquiète. On se demande aussi si ces modifications dans les produits agricoles ne présentent pas des dangers pour l’écologie, l’économie et le domaine social?

Au point de vue de l’écologie, ces OGM pourraient réduire le besoin d’alterner les cultures et causer une importante perte dans la biodiversité agricole. De plus, si des gênes se communiquaient aux mauvaises herbes, les fermiers pourraient être incapables de les contrôler.

Economiquement, le développement et le brevet des OGM pourraient mettre l’agriculture sous le contrôle des multinationales, de sorte que les petits fermiers perdent le contrôle de leur entreprise et la possibilité de produire leurs propres semences. Les rapides progrès de la mondialisation et le partage inégal des profits qui en résulte, ne feraient qu’aggraver la situation.

Sur le plan social, on souligne que si on est éthiquement opposé à toute manipulation génétique, le consommateur n’est pas assez informé: peut-il les employer ou non? Cela requiert des mesures, telles que des étiquettes, qui garantissent que les droits des consommateurs soient respectés.

La Southern African Regional Biotechnology (SARB) est un programme lancé en 2000 en Afrique du Sud pour juger si les OGM ne présentent pas de dangers et si on peut ainsi, consciemment, en accepter ou non l’usage. Bien qu’aucune découverte scientifique ne soit jamais sans risque, note un rapport du SARB, aucun incident dangereux n’a été rapporté jusqu’ici à propos des produits GM cultivés et consommés ces cinq dernières années par 1,3 million de personnes, un peu partout dans le monde.

Pendant ces quinze dernières années, affirme Muffy Koch, une coordonnatrice du SARB, les gens ont employé des ingrédients et des médicaments provenant des OGM. Mais l’introduction des OGM est étroitement liée aux produits alimentaires. D’où toutes ces préoccupations. «La technologie, dit-elle, est fiable et elle a des moyens sûrs pour contrôler la sécurité humaine et de l’environnement dans tous les pays qui adoptent ces produits agricoles».

Bien que SARB s’occupe de toute l’Afrique australe — Ile Maurice, Mozambique, Malawi, Namibie et Zimbabwe —, c’est en Afrique du Sud, le géant de la région, que les modifications génétiques prennent le plus d’importance.

Afrique du Sud

D’après les statistiques, en Afrique du Sud 55 sociétés sont engagées dans la biotechnologie, et 500 projets de recherche sont en cours dans plusieurs domaines: nourriture, boissons, médicaments, produits pharmaceutiques, agriculture, environnement, chimie et biosécurité.

A la fin de l’année 2000, l’Afrique du Sud, qui réglemente les OGM par une loi promulguée en 1997, a approuvé le coton GM et le maïs résistants aux insectes et un coton résistant aux herbicides. Le maïs blanc GM aurait dû être sur le marché en septembre 2001. Mais les médias ont annoncé que les OGM ont été mis en attente en Europe, et qu’ils subissent des attaques aux Etats-Unis et au Canada, les principaux bailleurs de fonds de la plupart des pays africains de l’Afrique australe. Les pays occidentaux craignent que la modification génétique des produits ne soit un danger pour la santé et l’environnement.

Toutefois, un rapport de l’organisme des Nations unies pour le développement humain, publié en juillet 2001, indique que le débat en cours en Europe et aux Etats-Unis sur les OGM ne tient pas compte des pays en développement. Ce rapport déclare en effet que «les OGM pourraient être la réponse à la malnutrition dans les pays pauvres… et produire un meilleur rendement dans les pays dont la terre est pauvre et où la population a désespérément besoin de nourriture».


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