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Kenya |
VIE SOCIALE
L’informatique semble de plus en plus prendre le dessus dans toutes nos
occupations.
Mais il y a encore des exceptions... L’auteur décrit ses expériences
au Kenya
Aujourd’hui, un écrivain ne peut pas faire son chemin s’il compte uniquement sur sa vieille machine à écrire. J’ai donc aussi essayé de me lancer comme tout le monde.
Jusqu’ici, j’ai utilisé les services de courrier électronique commerciaux mis à la disposition du public. Mais l’incompétence des fournisseurs d’accès m’a causé pas mal de déboires. Bon nombre d’articles que je pensais avoir été envoyés (après avoir payé!), ne sont jamais arrivés à destination. Parfois ils ne sont même pas partis du tout ou, s’ils sont partis, ils sont pleins de fautes. Car, souvent, c’est le service du fournisseur d’accès lui-même qui saisit les articles à l’ordinateur et, bien sûr, il se fait très bien payer.
J’en ai fait l’expérience quand je me suis décidé à attendre qu’un article soit saisi en ma présence. Cela a pris des heures, avant que je puisse le lire et corriger les nombreuses fautes de frappe. Puisque j’habite loin d’un service équipé de e-mail, je m’étais mis en route très tôt le matin. Pourtant, l’article n’a été envoyé que vers six heures du soir. J’ai même failli rater le dernier transport pour rentrer chez moi, où je suis arrivé après 20 heures. Mais l’article était enfin parti!
La réponse est arrivée assez vite et l’article n’a pas tardé à être publié. J’en ai profité pour vérifier la liste des articles envoyés à l’éditeur: plusieurs n’étaient jamais arrivés... parce qu’ils n’avaient jamais été expédiés! Je me décidai alors d’acheter un ordinateur. Ainsi je pourrais saisir moi-même mes articles, les corriger et les porter pour être expédiés par e-mail. Mais tout ce que j’avais gagné avec mes articles, a disparu dans les frais payés au service e-mail, ruinant ainsi tous les efforts que j’avais consenti pour m’acheter un PC , même de “troisième main”!
J’ai alors essayé de me servir d’un ordinateur donné par un parlementaire de la région à une école secondaire des environs. Mais, comme notre région n’est pas encore électrifiée, j’ai dû chercher un groupe électrogène. A ce moment, je m’aperçois qu’il manque certaines pièces à l’ordinateur. Me voilà donc forcé d’en trouver. Hélas! l’ordinateur est infecté par un virus et je n’ai pas de disquette pour initialiser le système.
Une journée gâchée
Je me rends donc à la ville la plus proche dans des magasins d’informatique. Je rencontre un ami qui accepte de m’accompagner avec ses disquettes pour faire marcher l’ordinateur et installer une imprimante que j’avais trouvée. Tout ce que je devais faire, c’était de payer l’essence de sa moto et, je vous l’assure, ce n’était pas peu. Donc en route...
Mais nous ne sommes pas arrivés car, à 5 km de chez nous, nous avons eu un accident.
Il était à peu près 12h 30. Quelques femmes traversaient la route pour attraper un «matatu» (minibus public). La dernière femme du groupe commence à traverser la route; mais, en nous voyant, elle s’arrête, comme si elle voulait revenir en arrière. Les autres femmes l’encouragent à traverser. Alors, elle recommence à traverser. Mon ami freine brutalement, et me voilà précipité contre son dos. Tous trois, mon ami, moi et la femme, nous tombons sur le macadam avec un grand fracas. La femme, blessée, ne pouvait plus se redresser, et les arachides qu’elle emportait étaient éparpillées un peu partout. On a dû la conduire à l’hôpital, où la police a fait le procès verbal.
Mon ami et moi avons accompagné la police sur les lieux de l’accident, et puis au bureau de police pour faire notre déposition. Cela nous a porté à 6 heures du soir, et là, nous nous sommes séparés, retournant chacun chez soi. Le lendemain j’ai dû retourner au commissariat. En attendant le policier de garde, j’ai pu m’intéresser à ce qui se passait autour de moi. Un coup d’œil furtif dans la prison de détention préventive me fait trembler: les prisonniers sont assis par terre, enchaînés... Je me suis demandé si moi aussi j’allais atterrir là.
Et bien, pas pour le moment, Dieu merci. Mais ma quête pour un insaisissable “dot com” [.com] n’a pas encore porté de fruits, et j’ai donc repris mes voyages chez le fournisseur d’accès.
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