ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 424 - 15/12/2001

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Congo-Brazza
Inquiétudes sur la consommation de drogue


DROGUE

Les guerres civiles que nous avons connues ont considérablement contribué à accroître la consommation de la drogue. Et la situation se détériore.

Les enquêtes menées en 1997 dans ce pays par des chercheurs de plusieurs pays africains (notamment Congo-Brazza, Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin et Madagascar) ont montré que parmi la population carcérale l’usage de la drogue est essentiellement l’affaire des hommes: 88,98% d’hommes se droguent – contre 11,02% de femmes. Le premier contact avec la drogue s’effectuerait dès l’âge de 8 à 15 ans; 47,4% de jeunes de 15 à 24 ans touchent à la drogue, contre 27,97% parmi ceux de 23 à 34 ans.

Parmi les éléments qui favorisent l’augmentation du taux de consommation de drogue figurent: la déscolarisation, les séparations familiales, les conflits armés, le chômage, la précarité familiale et les rejets de toutes sortes: «65,56% de jeunes qui se droguent sont des célibataires et sont pour la plupart mal logés», assure un des chercheurs.

Au Congo-Brazza, on trouve plusieurs drogues: cocaïne, héroïne, crack, cannabis... Le cannabis, ou chanvre indien, est le plus cultivé, et donc le plus consommé: il représente un pourcentage de 76,26%. Les substances psychotropes ne représentent que 1,70%, la cocaïne 1,70% et l’héroïne 0,85%. Le chanvre indien est surtout cultivé dans les régions du Pool (sud du pays) et des Plateaux (nord Congo), indiquent les chercheurs du Centre congolais d’études sur les ressources végétales.

Pays de transit?

«Le Congo n’a pas assez de moyens efficaces pour freiner l’importation des stupéfiants et autres drogues nuisibles à la santé», explique un douanier d’un air désabusé. «La cocaïne prend de plus en plus d’ampleur dans notre pays. Elle provient des pays voisins, à savoir la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Cameroun et le Tchad. Nous ne disposons pas d’équipements fiables pour lutter contre le trafic des stupéfiants, surtout dans nos ports et aéroports».

Cette situation pousse certains observateurs à dire que le Congo-Brazza est un des “pays de transit” des stupéfiants, en particulier des drogues qui ne sont pas cultivées sur place. «Les trafiquants profitent du manque de matériel spécialisé dans nos aéroports et sur nos frontières fluviales et terrestres pour y faire passer des substances destinées au commerce international», se plaint un officier des Forces armées congolaises.

A ce trafic s’ajoute celui du cannabis, produit dans les régions des Plateaux et du Pool pour être ensuite évacué sur Brazzaville et Pointe-Noire, les deux plus grandes villes du pays, avant d’être exporté ailleurs.

«Il arrive souvent que la police congolaise arrête des gens en possession de drogues. Mais, chose curieuse, ces mêmes personnes sont vite relâchées à cause de la complicité de certains agents de l’ordre qui ne résistent pas à l’argent», révèle un commerçant. «En 1997 par exemple, 500 kg d’héroïne, 70 kg de cocaïne et 7,3 tonnes de cannabis ont été saisis à Brazzaville. Cependant, les responsables de ces actes courent toujours les rues de la capitale», raconte un expert.

Ces substances, une fois saisies, sont analysées au laboratoire du comité technique interministériel pour en déterminer l’origine. Ce comité a d’ailleurs mis en oeuvre, en l’an 2000, un projet de lutte contre la drogue en milieu scolaire, avec le soutien de l’UNESCO. Le gouvernement congolais envisage d’introduire dans les programmes scolaires une information et une conscientisation au sujet de la drogue, notamment dans les classes de première des lycées et des collèges congolais d’enseignement tant général que technique.

Difficultés

Alors que le gouvernement entend consentir de réels efforts pour lutter contre la drogue, il est confronté à des difficultés, surtout d’ordre juridique, qui ne permettent pas de bénéficier de l’aide des organismes internationaux. «Le Congo-Brazzaville n’a pas ratifié les conventions internationales sur les stupéfiants et sur les substances psychotropes de 1961, 1971 et 1988», explique un juriste. La loi française, qui régit encore la lutte contre la drogue au Congo, paraît obsolète, vu les enjeux, mutations et contextes dictés par le développement de la lutte contre la drogue ainsi que les formes nouvelles de trafic international.

Selon de nombreux organismes internationaux, l’absence de textes juridiques actualisés constitue un frein à tout soutien à la lutte contre la drogue. De plus, l’office central des stupéfiants et le laboratoire du projet de lutte contre la drogue ne disposent pas de moyens matériels suffisants pour barrer la voie aux trafiquants.

Ces deux structures ont été, faut-il le rappeler, pillées pendant les guerres civiles qu’a connues le pays en 1993-94, en 1997 et en 1998-99. Les besoins du laboratoire du projet de lutte contre la drogue sont estimés à 100 millions de FCFA. Il en est de même pour l’Office central des stupéfiants, pour lequel aucun financement formel n’a encore été trouvé.

Cependant, le PNUCID, une organisation des Nations unies qui s’occupe du problème, entend apporter son aide pour le renouvellement du matériel et des équipements de ces deux structures d’importance certaine. Signe que la lutte contre la drogue préoccupe réellement. «Que les autorités du pays en prennent bonne note pour tenter de pallier cette situation», fait remarquer un enseignant.


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