ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 427 - 01/02/2002

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Ouganda
Les journalistes veulent un Conseil indépendant


MEDIAS

Les journalistes et les financiers des médias ont décidé d’établir un Conseil des médias, autorégulateur et complètement indépendant du contrôle gouvernemental

La décision de créer un Conseil des médias non statutaire et indépendant a été très influencée par l’expérience tanzanienne et le courant mondial. S’adressant, le 4 octobre dernier, à des journalistes et à des financiers des médias, lors d’une réunion consultative à Kampala pour la réforme de la loi sur les médias, Anthony Ngaiza, secrétaire exécutif du Conseil non statutaire indépendant des médias en Tanzanie et président de l’Institut des médias de l’Afrique de l’Est (EAMI) pour la branche tanzanienne, a insisté auprès des journalistes pour qu’ils étudient la création d’un tel conseil. «Vous avez absolument besoin d’un conseil indépendant non statutaire, contrôlé par les journalistes eux-mêmes, comme l’ont fait les journalistes en Tanzanie et en d’autres pays. Les journalistes du Kenya y travaillent aussi», a dit Ngaiza.

En visite pour faire connaître l’expérience tanzanienne à ses collègues ougandais, Ngaiza a expliqué que le début n’avait pas été facile. Le gouvernement était sceptique et voulait instituer un conseil statutaire. «Rédigez une constitution, et convoquez une convention nationale pour élire démocratiquement des membres crédibles du conseil d’administration de ce nouveau conseil des médias. Gérer un conseil non statutaire n’est pas chose facile», mais c’est possible, même en Ouganda, a-t-il ajouté.

La législation ougandaise

En 1999, on avait créé un comité pour étudier la révision des lois sur les médias en Ouganda. Sous la direction de Kenneth Kakuru, un avocat de Kampala, le comité avait fait remarquer que le Statut de la presse et des journalistes de 1995, établissant le Conseil des médias, donne au ministre de l’Information de larges pouvoirs discrétionnaires pour intervenir dans les affaires des médias. Ainsi, la loi lui donne le droit de nommer les membres du Conseil. Cependant, selon le comité, «le contrôle du gouvernement est un obstacle à la liberté de la presse. La garantie de cette liberté veut avant tout protéger la presse contre les ingérences du gouvernement. Le Conseil des médias possède de vastes pouvoirs de contrôle de la presse; or, ses membres ne peuvent pas être considérés comme indépendants du gouvernement, car les conditions pour leur nomination, leur rémunération et pour une nouvelle affectation dépendent du bon vouloir du ministre».

Selon Ngaiza, l’institution d’un Conseil des médias, contrôlé par l’Etat, a compromis les chances de l’Ouganda de faire partie de l’Association des conseils de la presse mondiale.

Au lieu d’avoir un Conseil des médias avec les pouvoirs quasi judiciaires que lui donne le Statut des journalistes de 1995, il faudrait que ce soit une «cour d’honneur» respectée par tous, indépendamment de leurs positions.

Mais, dit-il, le succès de cette «cour d’honneur» dépendra en grande mesure de ceux qui en sont membres et de ce qu’en pense le grand public, car il est très important que le Conseil des médias soit fort et respecté par tous.

Le Conseil ougandais des médias

Depuis sa création en 1995, le Conseil des médias n’a pas encore reçu de plaintes venant du public, et surtout pas du gouvernement. La seule exception est une plainte déposée par un privé contre le journal The New Vision. Evité par les journalistes et par l’industrie de l’information, ce conseil n’a pratiquement pas encore démarré. De plus, le gouvernement, qui l’a créé, non seulement ne lui a pas encore octroyé un sou, mais il a préféré recourir aux tribunaux, surtout en cas de sédition (diffamation criminelle) et de publication de fausses nouvelles contre The Monitor.

En octobre 2001, sur ordre du ministre chargé de la morale et de la probité au bureau du président, la police a arrêté le rédacteur et les employés du tabloïde Red Pepper, les accusant de publication de matériel pornographique. Si le gouvernement avait eu confiance dans le Conseil des médias, qui a tous les pouvoirs de s’occuper de telles choses, il aurait dû lui confier ce cas particulier.

Et voilà que, à la grande surprise de tout le monde, le ministre de l’information, Basoga Nsadhu, déclarait être partisan de la création d’un tel Conseil des médias. Au début, les journalistes ne croyaient pas à cette affirmation. Mais, lors d’une rencontre avec Ngaiza, le 5 octobre à Kampala, le ministre déclarait qu’il voyait d’un bon œil la décision des journalistes de créer un conseil non statutaire, et qu’il y avait beaucoup à apprendre de l’expérience tanzanienne.

Maintenant, les journalistes ougandais attendent donc la décision finale du gouvernement.


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