ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 428 - 15/02/2002

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 Afrique
Le SIDA et le défi économique


SIDA

Le sida n’est pas seulement un problème de santé, mais aussi
un énorme défi au développement économique des nations africaines

«Le VIH-sida menace toutes les parties du monde, mais l’Afrique subsaharienne y est particulièrement vulnérable car sa population est déjà affaiblie par d’autres maladies et ne dispose que de maigres infrastructures de santé». C’est en résumé, le message que Malik Patel, économiste et analyste des affaires mondiales, a adressé à une réunion de l’Organisation des associés pour la recherche et le développement (ORDA), une ONG basée au Cap, qui se spécialise dans les solutions à apporter aux problèmes du continent dans les secteurs publics et privés.

Patel rappelait que «l’Afrique subsaharienne est la région la plus vulnérable aux maladies telles que la tuberculose et la malaria et totalise à elle seule la moitié des décès causés dans le monde par ces maladies, alors qu’elle ne représente que 10% de la population mondiale». Le VIH-sida fait des ravages en Afrique, bien plus que dans les autres parties du monde. Environ 80% des décès causés par le VIH/sida se situent en Afrique subsaharienne. Le Conseil de sécurité des Nations unies a déclaré que le VIH-sida constitue la catastrophe la plus grave depuis la peste bubonique. «A ce jour, ajouta encore Platel, environ 25 millions d’Africains au sud du Sahara sont atteints du VIH-sida et dans sept pays de l’Afrique australe environ 20% de la population adulte en sont infectés. L’espérance de vie a été écourtée de 20 ans dans des pays tels que le Botswana et la Zambie, et entre 35 à 40 millions d’enfants sont devenus orphelins. L’Afrique australe connaît le taux de développement de l’épidémie le plus élevé du monde».

Défis au développement économique

«Le sida n’est pas qu’un problème de santé», a dit Patel à son audience, mais il constitue un “défi énorme” pour le développement économique des nations africaines. Il est difficile d’estimer l’impact économique du sida, mais selon une étude récente faite par la Banque mondiale, l’USAID (l’Agence américaine pour le développement international) et d’autres organisations, si dans un pays le taux de propagation de l’infection dépasse les 5%, cela a un très fort impact macro-économique. Pour les pays les plus atteints, il peut réduire annuellement leur PNB de 1% ou même de 1,5%. Pour une année ce n’est sans doute pas important, mais sur un total de 10 ou 15 ans cet impact devient plus qu’inquiétant.

Patel constate que le sida frappe particulièrement la classe professionnelle -– une classe cruciale pour la renaissance de la société civile, la croissance économique et le maintien de la stabilité sociale. La maladie a aussi ébranlé les investissements en Afrique. Patel se souvient que, lors d’une rencontre avec un groupe d’investisseurs occidentaux faisant un tour en Afrique du Sud, pas un seul d’entre eux ne s’intéressa au climat économique de l’Afrique du Sud; mais ce dont ces représentants de firmes américaines voulaient parler c’était du VIH-sida: ce qu’ils devaient en penser, ce que le gouvernement faisait pour réagir au problème. «J’en fus tout à fait déconcerté!», dit-il.

Patel soulignait qu’en ce qui concerne la sécurité, le sida se développe dans une atmosphère d’instabilité, d’incertitude et de guerre, rendant très difficiles les transitions économiques et démocratiques. Faisant allusion aux succès remportés au Sénégal et en Ouganda contre la maladie, il ajouta: «Je ne suis pas pessimiste quant à l’avenir de l’Afrique. L’histoire et l’expérience montrent que des maladies comme le sida peuvent être arrêtées».

Trois leçons importantes

Dans la lutte contre l’épidémie, dit Patel, nous avons appris trois leçons:

Pour illustrer comment la maladie se propage, le Dr Salim Abdool-Karim du Conseil de recherche médicale à Durban, dit qu’en 1991, 0,6% de la population de l’Afrique du Sud était séropositif; en 2000, ce taux s’était élevé à 22% de la population sexuellement active. Selon Abdool-Karim, l’épidémie du VIH en Afrique du Sud a atteint des proportions alarmantes à cause du taux élevé de jeunes femmes qui attrapent l’infection, surtout dans le groupe d’âge entre 15 et 25 ans.

Pourtant, bien que ce soient surtout les femmes qui ont fait l’objet des efforts de préservation du sida, les médecins et les assistants médicaux commencent à réaliser qu’on ne peut mettre le blâme seulement sur les femmes. «Bien sûr, tant les femmes que les hommes sont impliqués dans la propagation de la maladie en Afrique, mais des études ont montré qu’en moyenne, les hommes ont plus de partenaires sexuels que les femmes», dit Laurice Soal, économiste de la santé, «et beaucoup d’hommes sont peu disposés à se protéger du VIH».

En guise de conclusion, il est intéressant de noter l’expérience d’un groupe de jeunes à Lusaka en Zambie, qui ont lancé il y a quelques années l’"Organisation des jeunes activistes". Ils ont compris qu’il était important, dans leur campagne pour la prévention du sida, de se concentrer sur les hommes. Le fondateur de l’organisation, Holo Hachonda, dit: «Nous avons réalisé que les hommes étaient ignorés dans les messages concernant la santé et la sexualité, et pourtant leur comportement est crucial. Le gros de notre travail est de faire comprendre aux pères et à leurs fils leur responsabilité dans la prévention de la pandémie».


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