ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 428 - 15/02/2002

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Swaziland
L’énergie solaire dans une communauté rurale


DEVELOPPEMENT

Une communauté rurale isolée se raccorde à l’énergie solaire

Même dans ses rêves les plus fous, Busi Lukhele n’aurait jamais pu imaginer que son école communautaire de Mphaphathi, isolée de tout, dans la basse région broussailleuse baignée par la rivière Usuthu, pourrait un jour avoir accès au dernier cri des panneaux solaires, produisant assez de courrant pour l’éclairage, un téléviseur, un projecteur, une radio et une pompe à eau.

Avant l’installation de ces panneaux solaires dans cette pauvre école communautaire, on n’avait jamais entendu parler de l’énergie solaire; l’électricité et les appareils électriques étaient un luxe. Il était aussi très difficile, si pas impossible, d’obtenir des enseignants qualifiés, qui fuyaient cette école, et les élèves ne recevaient qu’une éducation de moindre qualité, donnée par des enseignants non diplômés.

«Les enseignants évitaient cette école parce qu’il n’y avait pas d’équipements de base comme l’électricité, l’eau et les moyens audio-visuels pour les aider dans leur enseignement. Autrefois, nous avons eu une enseignante diplômée. Mais elle n’a pas tardé à plier bagage», se rappelle Lukhele, directeur de l’école, qui est à Mphaphathi depuis 1980.

L’éducation

En juillet 1998, la Commission nationale du Swaziland pour l’UNESCO avait approuvé le financement pour l’installation d’un «village solaire» à Mphaphathi. Le but était de donner toute l’électricité de base dont la communauté rurale avait besoin, car il n’y avait aucun espoir qu’elle puisse être raccordée au réseau électrique dans un avenir prévisible.

Selon Lukhele, le système de panneaux solaires a facilté la vie des enseignants. En classe, ils se servent de l’électricité, qui leur permet d’utiliser un rétroprojecteur, la radio, la télévision (en blanc et noir) et des vidéos. «Au lieu de nous contenter du tableau, nous projetons aussi des diapositives ou nous montrons des vidéos sur le téléviseur», raconte Lukhele, plein d’enthousiasme. «Ainsi, pour enseigner l’histoire du roi Shaka Zulu, nous avons emprunté une vidéo à la boutique de vidéos de Manzini».

Cette communauté rurale a profité énormément de l’installation des panneaux solaires. Ils répondent entièrement aux besoins en électricité des enseignants, qui ont maintenant l’éclairage électrique dans leurs maisons et assez de courant pour leurs différents appareils électriques. Maintenant, tous les enseignants de son école sont des diplômés, et ils semblent satisfaits de leurs conditions de travail, même si l’école a toujours du mal à joindre les deux bouts.

Les élèves travaillent mieux et sont au même niveau que ceux des écoles urbaines. Le téléviseur est aussi une source de divertissement pour les résidents locaux. Les week-ends, ils s’entassent dans une classe pour regarder un match de football national ou international. Pour y assister, les villageois doivent payer un lilangeli, les élèves ne payent que 50 cents. Cet argent sert à acheter les batteries, la location des vidéos et les frais de transport. Les parents des élèves y contribuent aussi à raison de 15 emalangeni par an. Un comité communautaire indépendant a été mis sur pied pour prendre en charge ce projet solaire.

On a demandé au ministre des Ressources naturelles, Mr Jonathan Curren, qui est aussi coordinateur du projet de l’énergie, pourquoi il avait choisi cette école. Il a expliqué que ses services cherchaient une communauté active, avec un passé apprécié de développement communautaire. «Par exemple, la communauté a construit l’école primaire et les maisons des instituteurs. Nous avons aussi pris en considération l’enthousiasme avec lequel ils accueillent le projet et s’engagent à veiller sur sa sécurité et à l’entretien du système solaire».

L’agriculture

Le ministère des Ressources naturelles et de l’Energie a aussi installé un générateur fonctionnant à l’énergie solaire dans un jardin maraîcher d’un village éloigné de tout. Un groupe de 18 femmes, connu sous le nom de l’Association de Sukumami Bomake, peut ainsi pomper de l’eau de la rivière et arroser les cultures. La secrétaire de l’association, Esellinah Makhanya, nous explique les bienfaits que leur a apporté cette pompe pour remédier aux problèmes financiers de l’achat d’essence pour la pompe.

«Certains membres refusaient de donner de l’argent et de coopérer à l’achat de l’essence pour faire marcher la pompe. Il s’en fallut de peu que notre projet ne s’arrête là. Heureusement, maintenant que nous avons l’énergie solaire, cela est du passé. Les mesures de sécurité pour la batterie ne sont pas un problème, puisqu’elle est facile à transporter. Un membre la porte au jardin pour faire fonctionner la pompe et la remporte par après».

Les produits du jardin sont vendus pour avoir un revenu et approvisionner constamment la population en légumes frais. Une petite boutique, le magasin général de Mphaphathi, bénéficie aussi de l’installation de l’énergie solaire: la nuit, le courant solaire alimente un réverbère à l’extérieur de la boutique, tient ainsi les voleurs à distance.

Pour Mr Curren, le projet solaire est indubitablement un succès et il faudrait installer des panneaux solaires pour les maisons en torchis. Mais, le grand problème c’est où trouver les fonds pour ce projet. «Un panneau solaire revient à 4.000 emalangeni, ce qui est beaucoup trop pour les Swazis moyens des communautés rurales. Nous essayons maintenant de recevoir des fonds de la Banque mondiale, et aussi de nous renseigner comment les ONG pourraient aider les communautés locales à acquérir des fonds pour en acheter», dit-il. Le ministère des Ressources naturelles et de l’Energie s’intéresse surtout aux institutions communautaires, telles que les écoles. Son but principal est de promouvoir des technologies renouvelables pour alléger la pauvreté dans les communautés rurales.


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